Écho du RAAMM du 15 janvier 2024

14 janvier 2024

L’infolettre des membres et alliés du RAAMM.

Découvrez les dernières nouvelles du RAAMM, des activités enrichissantes auxquelles vous êtes invités à participer, des occasions de vous impliquer, l’actualité sur la déficience visuelle dans les médias, et plus encore!

Sommaire

1. Petit rappel des activités en février au RAAMM

Il est encore temps de vous inscrire aux activités offertes en février 2024 au RAAMM.

Voici la liste des activités que nous vous proposons en février:

Conférence sur l’Andalousie

Parmi les régions de l’Espagne, l’Andalousie se distingue par sa géographie, son histoire, sa culture et son architecture millénaire. Cette conférence nous plonge dans l’Andalousie profonde, celle de l’occupation arabe au VIIIe siècle, de l’arrivée des chrétiens et de l’unification espagnole. Nous verrons les sites d’intérêt et les musées de Grenade, Cordoue, Séville, Cadix et de Malagà. Un voyage magique à la rencontre des mondes musulman et chrétien.
Date : Le mardi 13 février 2024 de 10h à 11h30.
Animateur : Vincent Arseneau
Format : Zoom
Coût : 5$
Date limite d’inscription : Le mardi 6 février à 16h.
Notez que la participation de 10 personnes minimum est requise pour la tenue de cette activité, et que nous acceptons un maximum de 20 personnes.

Formation sur le racisme

La formation sur le racisme est un atelier interactif qui convie l’audience à une réflexion critique sur les enjeux liés au racisme afin de créer un milieu plus égalitaire, inclusif et ouvert à toutes.
Les formateurs•trices proposent des activités interactives pour amener l’audience à reconnaître les formes et les manifestations du racisme, tant sur le plan des idées (stéréotypes, préjugés), des attitudes et des comportements individuels (profilage racial, microagressions, discriminations, crimes haineux) que des normes et des structures sociales (« privilège blanc »).

Les différents exemples évoqués, tirés de l’histoire et de l’actualité, permettent de saisir la mécanique commune à toutes les formes de racisme sans négliger ses spécificités et déclinaisons (antinoir, islamophobie, antisémitisme, antiasiatique…). L’audience est aussi invitée à identifier des solutions anti-racistes, à la fois individuelles et collectives, pour réduire les inégalités entre la majorité et les minorités racisées.
Date : Le mardi 20 février 2024 de 13h30 à 15h.
Animatrice : Cata Ramirez
Format : Hybride
Coût :Gratuit
Date limite d’inscription : Le mardi 13 février à 16h.
Notez que la participation de 10 personnes minimum est requise pour la tenue de cette activité, et que nous acceptons un maximum de 30 personnes.

Conférence sur le REEI

C’est quoi le REEI?
Qui a droit au REEI?
Le REEI est un Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI), un régime d’épargne qui vise à aider les personnes à épargner et assurer une sécurité financière aux personnes admissibles au crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH).
Date : Le jeudi 15 février 2024 de 13h30 à 15h
Animatrice : Myndy Canto
Lieu : Zoom
Coût : 5$
Date limite d’inscription : Le jeudi 8 février à 16h.
Notez que la participation de 10 personnes minimum est requise pour la tenue de cette activité, et que nous acceptons un maximum de 20 personnes.

L’activité doit être payée lors de l’inscription. En cas d’absence ou d’annulation de votre part, le RAAMM ne procédera à aucun remboursement. Vous trouverez les modalités de paiement à la fin de la programmation.

Pour vous inscrire à une activité, contactez Céline Lemaire au 514 277-4401 poste 111, ou par courriel à [email protected].

Pour accéder à la programmation: https://raamm.org/communaute/programmation-des-activites/

2. Réservez sans tarder votre place au théâtre!

Vous avez jusqu’au mardi 16 janvier à 16h, pour réserver votre place pour la pièce Cispersonnages en quête d’auteurice de la Compagnie de théâtre Joe Jack et John. Une visite tactile du décor sera offerte aux personnes non voyantes et semi-voyantes une heure avant le début de ces deux représentations avec audiodescription.

La compagnie de théâtre inclusive Joe Jack et John présentera en mars prochain sa pièce Cispersonnages en quête d’auteurice, un spectacle ludique qui se questionne sur l’appropriation et la liberté d’expression, mettant en lumière le talent d’artistes neurodivergents et vivant avec un handicap. La pièce a été présentée en première mondiale lors du dernier Festival TransAmériques.

Des places à tarif réduit pour les membres du RAAMM sont offertes au prix de 10 $ au lieu de 35$.
Gratuit pour les accompagnateurs.

Vous avez le choix entre le mercredi 20 mars à 18h
ou le jeudi 21 mars 19h.
Visite tactile une heure avant la représentation.

Réservez dès maintenant auprès de Céline au 514 277-4401, poste 111 ou à [email protected]

Lieu : L’Espace Libre : 1945 rue Fullum à Montréal

FAITES VITE, LES PLACES SONT LIMITÉES !

Veuillez noter qu’un téléphone intelligent et une paire d’écouteurs sont requis pour profiter de l’audiodescription pendant le spectacle.
https://joejacketjohn.com/cispersonnages-en-quete-dauteurice/

3. La Journée mondiale du braille sur les ondes de Canal M

Le 4 janvier célébrait la Journée mondiale du braille. Cette journée souligne l’anniversaire de naissance de Louis Braille, l’inventeur de l’alphabet tactile. Cette journée souligne aussi l’importance du braille dans l’accès à l’information pour les personnes aveugles à travers le monde et la réalisation de leurs droits fondamentaux.

À cette occasion, Anne Jarry, responsable du Comité culture au RAAMM, s’est entretenue avec Louis-Martin Chabot au micro de l’émission Aux quotidiens, sur les ondes de Canal M.

Anne Jarry retrace la vie de Louis Braille et explique l’invention du système tactile. Elle explique les défis de l’apprentissage de cet alphabet et relate son expérience personnelle de lectrice du braille.

L’émission est disponible au lien suivant:

https://canalm.vuesetvoix.com/aux-quotidiens-avec-denis-martin-chabot-4-janvier-2024/

4. Invitation spéciale de l’INCA pour lever le masque sur la perte de vision!

Vivez une expérience immersive qui fera exploser vos sens, vendredi 16 février, de 19h à 22h, dans l’ambiance feutrée du Cabaret Lion d’or (1676 Ontario Est, Montréal). Cette soirée bénéfice est la sortie idéale pour célébrer la Saint-Valentin, tout en levant le masque sur la perte de vision!

Les profits de l’événement serviront à livrer les programmes essentiels d’INCA en région avec notre Hub mobile!

Au programme :

  • Performances musicales et visuelles d’artistes aveugles
  • Initiation de danse de bal
  • Numéros de cirque
  • Cocktail dinatoire d’exquises bouchées
  • 1 flûte de vin mousseux et 2 consommations
  • Témoignages
  • Encan et tirages

Avec ces kiosques et ces ateliers gratuits, le Hub mobile d’INCA permet d’offrir aux participants une occasion unique d’entrer en contact avec d’autres personnes qui vivent une perte de vision dans leur région, ainsi que de découvrir les plus récentes technologies adaptées et les services qui faciliteront leur quotidien.

Vivez une soirée masquée mémorable et permettez au plus de personnes aveugles ou ayant une basse vision possible de vivre la vie lumineuse qu’elles méritent!

Cliquez sur le lien suivant pour réserver: https://www.inca.ca/fr/event/bal-masque-benefice?region=qc

5. Recherche de membres au Comité pour l’accessibilité universelle d’Élections Québec

Élections Québec est à la recherche d ’une douzaine de personnes pour former son Comité pour l’accessibilité universelle. Notre institution a notamment pour mission de garantir le plein exercice des droits électoraux de chaque électrice et électeur. C ’est dans cet esprit que nous mettons sur pied ce comité.

L ’accessibilité universelle est une approche inclusive qui a pour but de permettre à toute personne de réaliser des activités de façon autonome et d ’obtenir des résultats équivalents. Les personnes qui feront partie de ce comité conseilleront Élections Québec afin qu’elle améliore l ’accessibilité de ses services, de ses communications, de ses environnements et de ses processus.

L’organisme est notamment à la recherche de personnes aînées ou de gens travaillant avec la population vieillissante qui souhaitent participer à ce comité. Les personnes aînées peuvent rencontrer des obstacles lorsqu’elles votent. Par exemple, les messages qui leur sont transmis, l’aménagement des bureaux de vote et la manière dont le personnel électoral s ’adresse à elles pourraient ne pas leur convenir. L’électorat compte de nombreux aînés et nous tenons à leur offrir des services adaptés à leur réalité. Ainsi, nous souhaitons les entendre, leur donner la chance de nous faire part de leur expérience, de leurs besoins et de leur vision.

Les personnes souhaitant poser leur candidature peuvent faire parvenir un curriculum vitae et une lettre de motivation à l’adresse courriel [email protected] d ’ici le 31 janvier 2024.

6. Qui lit encore le braille?

Source: article de Catherine Lalonde, Le Devoir, 5 janvier 2024

Il n’y aurait à vue de nez que de 50 à 70 personnes en train d’apprendre à lire le braille au Québec actuellement, selon les évaluations respectives du Service québécois du livre adapté et de l’Institut Nazareth et Louis-Braille (INLB). Un déclin certain. « Mais c’est tendancieux de dire ça », rappelle Janie Lachapelle, de l’INLB. « Il y a 40 ans encore, avec une déficience visuelle, même si t’allais jamais développer une cécité, t’allais à l’école spécialisée apprendre le braille. Maintenant, on a plein d’autres moyens technologiques pour lire et écrire. »

Regard sur le braille d’aujourd’hui

« Prends ma patronne : elle a appris le braille quand elle était petite, raconte Janie Lachapelle. Elle ne s’en est jamais servie. Elle a une très bonne basse vision. Elle fonctionne en grossissement de caractères avec ses logiciels. »

Janie, elle, a perdu la vue quand elle était en deuxième année. « À l’âge de huit ans… Attends… Ça fait 37 ans. C’est le meilleur âge : tu es en plein apprentissage et tu as eu le temps d’apprendre à lire les lettres déjà. »

Aujourd’hui, quand elle pense à épeler un mot, elle l’imagine en lettres ou en braille. « Je suis assez unique pour ça », précise-t-elle.

Janie Lachapelle, spécialiste en activités cliniques, oeuvre à transformer les livres, albums, manuels scolaires, examens et factures d’électricité en braille ou en document numérique adapté. Avec son service, elle produit à peu près 90 documents par année.

Sur la table devant elle, des albums jeunesse, en couleurs. Un de la série des Émile, à côté de La morve au nez, d’Orbie. Sur chaque page a été collé un film transparent serti de petits points, pour ajouter la version braille.

« On les appelle les duos-médias. Moi, j’ai deux enfants voyants. C’était le fun quand ils étaient petits. Je leur lisais les histoires, ils regardaient les images, et aussi l’imprimé, pour apprendre à lire. Car pour ça, il faut qu’ils voient les lettres. »

Des pays et des os en braille

Est-ce que les images se font en braille, aussi ? « Oui, mais c’est plus sommaire », répond Mme Lachapelle. Elle sort pourtant un atlas géopolitique, magnifique avec ses petits points frontières blancs sur blanc. Le papier est doux sous les doigts, très épais.

À côté, un livre d’anatomie : main, phalanges, phalangines et phalangettes peuvent se voir du bout des yeux comme du bout des doigts. Certaines informations visuelles, comme celles-là, ne peuvent pas être transformées en texte pour la synthèse vocale. Comme les tableaux et graphiques à bandes ou linéaires des exercices d’un manuel de mathématiques.

Parmi la production, un roman de Dominique Demers, relié dans un cartable blanc. Plus loin, des exemplaires d’un livre d’Éric Chacour et de la biographie de Clémence. Les livres sont énormes. « Grosso modo, de deux fois et demie à trois fois plus gros. »

Janie Lachapelle est une grande lectrice : en vacances, impossible d’apporter quatre ou cinq de ces très épais bouquins. « Le braille papier tend à diminuer parce que la venue des technologies nous permet de lire des formats braille vraiment dédiés, comme celui que tu vois là », dit-elle en montrant l’écran de son ordinateur.

Son clavier possède une rangée supplémentaire, un afficheur braille, tout en bas, où s’alignent des touches de huit points — chaque caractère en braille papier compte trois lignes de deux points, mais la version numérique du système d’écriture en ajoute une quatrième pour transmettre plus d’informations (pour signaler une lettre majuscule, par exemple).

La ligne s’active mécaniquement, et lui permet de lire par les doigts ce que la journaliste lit à l’écran de l’ordinateur. « Louis Braille ne le savait pas, mais son système [créé vers 1825], c’est comme du binaire », c’est très facilement compatible avec le codage, note-t-elle.

Le braille du fakir

Pour apprendre à lire le braille, « on peut commencer par des points plus gros », dit-elle en souriant devant la stupéfaction de la journaliste aux doigts gourds, qui ne sentent nulle différence entre le a et le z. « Toute petite, j’ai commencé en positionnant de petits clous dans une planche à six trous. Parce qu’il faut à la fois reconnaître la combinaison des points et savoir comment c’est bâti, un e. »

« Le plus grand défi, c’est de discriminer les lettres tactilement. Après, pour devenir un lecteur fonctionnel, il faut gagner une certaine vitesse. » Toujours plus basse en braille.

« Un très bon lecteur braille peut lire entre 150 et 200 mots par minute », indique Mme Lachapelle. On a longtemps cru qu’un lecteur d’imprimé adulte lisait jusqu’à 350 mots par minute ; la réalité oscillerait plutôt entre 240 et 260 mots.

Aujourd’hui, explique Janie Lachapelle, « le mot d’ordre, pour les enfants, c’est de faire entrer la synthèse vocale le plus tard possible. Pour qu’ils apprennent à écrire. Pour écrire “bateau” et savoir qu’on doit écrire “eau”, il faut l’avoir lu. S’ils ne passent pas par le braille, ils vont écrire au son. » À l’inverse, si quelqu’un perd la vue à un âge assez avancé, on peut juger que les efforts pour apprendre le braille seront trop lourds.

« L’idéal, c’est le cocktail d’outils différents d’aide à la lecture », affirme Janie. Pouvoir passer de la synthèse vocale au braille ; lire plus ou moins vite selon le genre et les besoins ; et, pour ceux qui ont encore des résidus visuels, jouer avec le grossissement de caractères.

« Quand on prépare un document, si je veux qu’il puisse resservir, on doit penser à tout notre monde. Nos aveugles, atteints de cécité. Nos basses visions — notre police de caractères est plate, c’est Arial… »

« On pense notre alignement, nos paragraphes, nos lignes, nos marges : tout est espacé, pour qu’il y ait de l’air, mais pas trop, parce que si tu grossis, tout grossit : il faut un juste milieu. »

« On en est aux lettres noires sur fond blanc. C’est très conservateur, mais beaucoup de gens qui ont une basse vision veulent une polarité inversée : des lettres blanches sur fond noir, pour éviter les éblouissements », explique la coordonnatrice.

Et le fichier comprend un document en braille, prêt à l’embossage. À l’arrière des bureaux de Longueuil, une embosseuse flambant neuve. « On en a commandé deux l’été dernier, elles viennent d’arriver, on a déballé celle-là il y a 10 minutes… » explique fièrement Marc-André Rémillard, technicien braille, voyant.

Sobre, grise, elle a un peu l’air d’une machine à téléporter de petits objets. Autour, des boîtes et des boîtes de papier braille, une seule sorte. « C’est un papier plus cartonné », explique-t-on au Devoir.

Des stéréotypes d’une autre sorte

« Il faut une certaine densité de papier si tu veux faire du braille recto verso. » Les côtés de ce papier sont perforés, et ses feuilles sont liées les unes aux autres — comme celles destinées aux vieilles imprimantes matricielles. « La traction est si intense pour embosser que sans ça, sous l’impact, la feuille se promène, les lignes deviennent croches, le bas est plus effacé ou deux lignes s’embossent l’une sur l’autre… »

Janie Lachapelle rêve du jour où tous les livres seront aussi disponibles en format numérique accessible. Elle pourra alors dévorer les romans de la Série noire avec son grand, comme elle le fait maintenant, mais tous les romans. La technologie le permet.

« Avant, les livres étaient retapés au poinçon ; après, c’était avec des machines qu’on appelait des stéréotypes [braille]. C’était très automatisé, une machine où on recopiait avec les pieds et les mains. »

« C’étaient des aveugles qui faisaient ça », poursuit-elle. Et demain, l’intelligence artificielle arrivera peut-être à transcrire en voix les tableaux et illustrations que Janie doit encore traduire aujourd’hui en braille sur papier.

Pour lire l’article avec médias: https://www.ledevoir.com/culture/804805/ecriture-culture-braille-effrite-elle