Écho du RAAMM du 11 septembre 2023

11 septembre 2023

L’infolettre des membres et alliés du RAAMM.

Découvrez les dernières nouvelles du RAAMM, des activités enrichissantes auxquelles vous êtes invités à participer, des occasions de vous impliquer, l’actualité sur la déficience visuelle dans les médias, et plus encore!

Sommaire

1. Comment et pourquoi s’impliquer en politique municipale, par Sandrine Bastarache

La conseillère en affaires publiques du RAAMM a préparé un dossier sur les raisons de s’impliquer dans le processus décisionnel de votre municipalité – et sur les mécanismes à actionner! Sandrine s’est également penchée sur les particularités de l’implication citoyenne à Montréal, Laval et Longueuil. L’Écho diffusera un dossier pour chacune des trois villes au courant des trois prochaines semaines… restez à l’affût!

S’impliquer dans la politique municipale : des conseils pour faire entendre sa voix

Lorsqu’il s’agit de notre ville, les élections ne devraient pas être le seul moment pour faire entendre notre voix. En tant que citoyen, vous avez la possibilité de participer activement pour façonner l’avenir de votre municipalité. Ce palier de gouvernement est l’instance la plus proche de nous et il a un impact direct sur votre quotidien. Imaginez un instant pouvoir contribuer pleinement aux prises de décision qui influencent votre environnement urbain, vos services locaux et votre qualité de vie. Votre voix est précieuse, il est donc essentiel de saisir les occasions de la partager.

Dans cette fiche, nous observerons le rôle des municipalités, l’importance de la participation ainsi que quelques conseils pour prendre la parole.

Où agir : les compétences des municipalités

Pour bien se représenter, il faut être préparé. Il faut connaître son public, donc il est essentiel d’être informé sur les prérogatives des municipalités et leurs domaines d’intervention. Comprendre le pouvoir de votre ville vous permettra d’orienter vos questions et vos actions vers des sujets pertinents. Voici une liste générale des pouvoirs attribués aux municipalités : l’aménagement et l’urbanisme, le transport local, le développement communautaire, les loisirs, la culture, l’assainissement, le logement social, la sécurité publique (police et service d’incendie), etc. Cependant, il est toujours intéressant de vérifier les lois et les règlements spécifiques à votre ville.

Il est crucial de bien cibler vos questions et vos préoccupations en fonction des compétences de votre municipalité. Par exemple, bien que la santé et l’éducation soient des enjeux importants, il est probable que votre ville n’ait pas le pouvoir d’agir directement dans ces domaines. En comprenant les limites et les responsabilités de votre municipalité, vous pourrez mieux canaliser vos efforts et obtenir des résultats concrets pour votre communauté.

Pourquoi agir : les avantages de prendre la parole

En tant qu’instance de proximité, participer à la politique locale présente de nombreux avantages et opportunités stimulantes. En voici quelques raisons pour lesquelles il est bénéfique de se manifester :

  1. Vous pouvez avoir une influence sur les décisions qui affectent votre quotidien. En exprimant votre point de vue et en défendant ses intérêts, vous pouvez contribuer à façonner les politiques et les programmes municipaux. Vos réflexions peuvent amener des questionnements et pousser les élus à se pencher sur des aspects qu’ils n’avaient pas considérés, permettant, de cette façon, une meilleure prise en compte de vos besoins et de ceux de la communauté.
  2. Votre participation peut sensibiliser les élus et la communauté aux enjeux liés à l’accessibilité et à l’inclusion. C’est une occasion de partager vos expériences et ainsi mieux conscientiser à votre réalité.
  3. Vous pouvez défendre vos intérêts ainsi que ceux des personnes qui partagent votre réalité. En vous exprimant, vous pouvez demander aux élus de prendre en compte vos besoins et attentes dans la conception ainsi que la mise en œuvre des services municipaux.
  4. Participer à la politique locale vous offre la chance d’élargir votre réseau de contacts. C’est l’occasion de rencontrer d’autres personnes engagées dans la société et de créer des liens qui peuvent se transformer en partenariat.
  5. En bonus, votre engagement peut être une opportunité d’apprentissage personnel. Vous pourrez développer de nouvelles compétences en matière de communication, de prise de parole en public et de défense de vos intérêts. Cela renforce votre confiance en vous et vous permet de grandir sur le plan individuel.

En vous exprimant et en vous impliquant dans la politique municipale, vous pouvez jouer un rôle actif dans la réalisation d’une communauté plus inclusive et équitable pour les personnes aveugles et malvoyantes, tout en bénéficiant des avantages particuliers que ces démarches peuvent apporter.

Comment agir : quelques conseils pour bien représenter

Participer peut sembler être une tâche complexe et peut donner envie de ne rien faire. Cependant, en étant bien préparé, vous pouvez vous se sentir plus à l’aise pour bien vous représenter et ainsi faire entendre votre voix. Voici quelques conseils pour vous aider :

  1. Faire des recherches :

Avant de vous présenter devant une municipalité, il est important de bien connaître les enjeux locaux. Vous ne ferez pas une prise de parole spontanée. Vous avez le temps de faire de la recherche. Il est toujours pertinent d’avoir une idée des questions du moment pour que votre argumentaire soit plus efficace, car c’est le sujet du « jour » dans votre ville. De plus, il est important de vous renseigner sur les politiques et procédures de la municipalité concernant l’instance de représentation auquel vous voulez participer. De plus, il est essentiel de suivre les directives de la municipalité lors de votre présentation. Le non-respect des règles peut vous empêcher de vous faire entendre.

  1. Contactez la municipalité :

Il peut être pertinent de communiquer à l’avance avec votre municipalité pour les informer de votre participation et de vos besoins spécifiques en matière d’accessibilité. Cela vous permet également de vous informer sur les aménagements disponibles.

  1. Préparez vos remarques :

Pour qu’une intervention soit cohérente et concise, il faut être préparé. Votre discours qui fait valoir vos préoccupations et vos suggestions doit être précis afin que les représentants municipaux puissent comprendre et suivre votre raisonnement. C’est la même chose pour une question, l’exactitude et la clarté sont essentielles. Quand vous en avez l’opportunité, évoquer des exemples concrets pour aider les conseillers et le personnel municipal à entendre les obstacles que vous rencontrez au quotidien. Cela donnera de la force à vos arguments. Finalement, vous pouvez demander des recommandations ou du soutien lors de la rédaction de votre intervention. Les rétroactions peuvent servir à améliorer la qualité de votre point.

  1. Lors de la réunion :

Vous pouvez arriver à l’avance pour vous familiariser avec les dispositions et demander de l’aide au personnel municipal si nécessaire. D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à poser des questions si besoin est. Lors de votre intervention, il faut parler avec un volume suffisant et de manière claire. Il est important d’être respectueux et poli avec les conseillers et le personnel de la ville, même si vous êtes préoccupé par un sujet. Garder son calme et sa courtoisie permet d’avoir un échange constructif.

  1. Faites un suivi :

Tout est une question d’impression, prenez le temps de remercier les responsables municipaux qui vous ont aidé lors de vos démarches. Selon votre type de participation, il peut être intéressant de faire un suivi des progressions et de maintenir un dialogue ouvert avec les villes.

Faire entendre votre voix : c’est important

Peu importe les moyens que vous choisissez d’employer, il est essentiel d’exprimer votre opinion et de défendre vos droits. Votre voix compte, et il est crucial que votre ville vous entende afin de comprendre vos besoins et vos aspirations pour l’avenir de votre municipalité. Trop souvent, les élus peuvent ne pas être pleinement conscients des réalités des personnes aveugles et malvoyantes, et ils risquent de négliger vos préoccupations lorsqu’ils prennent des décisions qui vous affectent.

C’est pourquoi il est primordial de participer aux consultations publiques, aux réunions du conseil municipal, et d’utiliser les différents moyens de communication mis à votre disposition pour faire entendre votre voix. En vous impliquant activement, vous aidez vos élus à mieux comprendre vos besoins spécifiques et à agir de manière éclairée pour améliorer votre qualité de vie.

Votre contribution en tant que citoyen est essentielle pour façonner le futur de votre municipalité de manière inclusive et équitable. Ensemble, nous pouvons construire une ville qui prend en compte les intérêts et les droits de tous ses résidents, y compris ceux qui ont des besoins particuliers comme les personnes aveugles et malvoyantes. Alors n’hésitez pas à vous engager, à partager vos idées et à faire entendre votre voix, car c’est ainsi que nous pouvons bâtir un avenir meilleur pour tous.

2. Lancement du calendrier culture du RAAMM!

Le tant attendu calendrier culture du RAAMM est finalement en ligne! Vous pouvez le consulter dès maintenant à l’adresse suivante: https://raamm.org/communaute/calendrier-culture/

Nous y avons répertorié une douzaine d’événements accessibles pour les personnes aveugles et malvoyantes. Avertissement: nous avons choisi de ne pas y inclure les descriptions des événements proposés, par souci de ne pas alourdir la page inutilement. Nous vous invitons donc à vous renseigner auprès des établissements eux-mêmes en cas de besoin d’information. Pour chaque événement, vous trouverez le contact de l’établissement concerné de même qu’un lien menant à la page de la billetterie.

Bien sûr, nous sommes ouverts aux suggestions tant pour des représentations ou expositions que nous aurions omis d’ajouter à la page que pour le fonctionnement de la page elle-même.

Le RAAMM a choisi de mettre sur pied cette page pour permettre à ses membres de se réunir dans de nouveaux contextes et, ultimement, pour favoriser leur accès à la culture qui est souvent mal réfléchi et inutilement ardu.

Un sincère merci à tous les établissements qui présentent du contenu accessible aux personnes aveugles et malvoyantes!

En espérant vous croiser dans un musée, dans un théâtre ou une salle de spectacle.

3. Comment utiliser un lecteur d’écran, par et pour les non-voyants, un article du Courrier du Sud

Un article d’Ali Dostie, du Courrier du Sud

L’Institut Nazareth et Louis-Braille (INLB) a reçu le 25 août la visite du Centre de ressources et d’évaluation des technologies pour les personnes handicapées (CRETH) dans ses locaux de Longueuil. Ensemble, ils ont créé des capsules vidéo visant à expliquer aux personnes vivant avec une déficience visuelle comment utiliser les lecteurs d’écran; un outil indispensable pour utiliser un ordinateur et un téléphone intelligent.

Il est fascinant d’observer Bianka Lussier-Dalpé, spécialiste en réadaptation en déficience visuelle à l’INLB, et Vincent Léone, chargé de formation au CRETH – qui vivent tous deux avec une déficience visuelle –, se préparer au tournage des capsules.

Devant leurs potables, ils discutent des fonctionnalités qu’ils mettront de l’avant et du meilleur moyen pour assurer des explications claires et simples. Ils font des tests, naviguant dans les menus et autres fenêtres, accessibles au moyen de tels et tels raccourcis clavier de plusieurs touches.

À leur discussion se mêle la voix robotique de la synthèse vocale, qui identifie tout élément d’un menu défilant, d’une icône ou encore d’un texte apparaissant à l’écran, et ce, à un débit d’une rapidité ahurissante. Soyons honnêtes, en tant qu’observateurs, nous sommes perdus!

Conceptualiser Internet

Se servir d’une tablette, d’un téléphone intelligent ou d’un ordinateur pour une personne aveugle ou malvoyante implique entre autres de connaître toutes les touches d’un clavier et de mémoriser les nombreux raccourcis clavier nécessaires à l’utilisation d’un ordinateur sans touchpad ou souris.

Au moyen d’une synthèse vocale ou d’une plage braille (un dispositif ajouté sous le clavier), les lecteurs d’écran lisent tout le texte apparaissant à l’écran et en restitue l’interface.

L’emploi du lecteur d’écran «est plutôt intuitif, mais ça demande un peu de temps, reconnaît Vincent Léone. C’est la rigueur qui est la clé de la réussite!»

D’autant plus que toutes les notions associées à un ordinateur (boîte de dialogue, fichier, dossier, interface, etc.), sont très abstraites. «Il faut tout intérioriser. C’est difficile de conceptualiser Internet!, confie le formateur. Mais il y a différentes stratégies d’apprentissage.»

Mme Lussier-Dalpé renchérit. «On utilise des métaphores. Par exemple, pour distinguer les fichiers des dossiers et fenêtres, on dit que c’est comme une maison, puis une pièce dans la maison, puis un meuble…et un tiroir!» illustre-t-elle.

Selon elle, il n’est pas forcément plus aisé de s’adapter à un lecteur d’écran pour une personne qui a déjà vu – et qui connaît donc ces concepts – que pour une personne née aveugle.

Ceux qui ont perdu la vue «sont habitués à aller vite, et c’est un rapport totalement différent à l’espace, relève-t-elle. Ce n’est plus des boutons sur lesquels on clique, comme pour fermer une fenêtre, par exemple.»

Lien vers un vidéo d’explication: https://dai.ly/x8nk3a7

Fracture numérique

Bien que tous les ordinateurs et portables en soient dotés, les lecteurs d’écran ne sont pas forcément employés à leur plein potentiel.  «Ce n’est pas assez utilisé, car il manque d’information de qualité», soutient Vincent Léone.

Ce à quoi pallie le projet Mon lecteur d’écran et moi, initiative du CRETH destinée aux non-voyants, à leur famille et aux professionnels qui les entourent. Les capsules vidéo sont conçues par des personnes aveugles ou malvoyantes de différents pays de la francophonie, qui utilisent au quotidien les lecteurs d’écran.

«L’objectif est de réduire la fracture numérique et de donner cet accès à toute personne qui le désire», précise M. Léone.

La France, la Suisse, des pays d’Afrique et d’autres institutions du Québec y prendront part. «Un projet international comme ça, c’est génial. Comme visibilité, on ne peut pas demander mieux! On élargit la diffusion et on espère que les gens d’un peu partout vont partager», lance Pierre Muraille, éducateur – développeur Tactile au CRETH.

«Ce projet répond directement à notre mission d’offrir des services et de promouvoir la participation sociale» des personnes avec une déficience visuelle, mentionne Catherine Auger, chef de l’accès et des services administratifs en déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme, déficience physique et déficience visuelle à l’INLB.

La vidéo dans laquelle apparaît Bianka Lussier-Dalpé de l’INLB s’ajoutera à celles sur le site monlecteurdecran.be (une version beta d’un site amélioré à venir).

Accessibilité

Bien qu’il existe des modèles payants, les capsules se consacrent à l’utilisation des lecteurs d’écran gratuits.
Selon Vincent Léone, les lecteurs gratuits sont tout aussi efficaces et comportent l’avantage de pouvoir être plus facilement mis à jour.

«Un lecteur d’écran payant sera utile pour les travailleurs, qui doivent performer, fait valoir Bianka Lussier-Dalpé. Mais pour le commun des mortels, les lecteurs gratuits conviennent très bien. Les modèles s’améliorent et l’écart entre ces deux offres s’amenuise de plus en plus.»

Mon lecteur d’écran et moi poursuit ainsi l’objectif de démocratiser l’accès à la technologie.

Car tant en Belgique qu’au Québec, il existe des aides financières pour l’accès à des aides visuelles, mais les critères d’admissibilité sont nombreux : contexte de travail, niveau de déficience visuelle, etc.

«Les outils gratuits sont accessibles à tous, même si tu n’entres pas dans une case!» exprime Vincent Léone.

Vite, très vite

Le débit de la voix de synthèse vocale peut être ajusté, mais ses utilisateurs ont tendance à opter pour un débit très rapide. Pourquoi?

«C’est pour être plus efficace. Quand une personne regarde un écran, elle ne lira pas tout, de gauche à droite. Avec un débit rapide, on arrive à être aussi rapide que tout le monde», explique Bianka Lussier-Dalpé.

Et si les néophytes choisissent une voix plus humaine, les utilisateurs plus aguerris préfèrent une voix davantage robotique, et ce, pour un même souci d’efficacité. «Le robot peut lire efficacement à toute vitesse. C’est plus précis, plus articulé», indique Vincent Léone.