Écho du RAAMM du 6 mars 2023

6 mars 2023
Photo de Michelle Brûlé se tenant debout devant une grotte.

L’infolettre des membres et alliés du RAAMM.

Découvrez les dernières nouvelles du RAAMM, des activités enrichissantes auxquelles vous êtes invités à participer, des occasions de vous impliquer, l’actualité sur la déficience visuelle dans les médias, et plus encore!

 

Sommaire

 

1. Le RAAMM est maintenant un organisme formateur agréé du Québec!

L’une des priorités du RAAMM est de contribuer à rendre le Web accessible aux personnes aveugles ou malvoyantes. Pour ce faire, la formation des professionnels du Web et autres acteurs au sein des entreprises demeure l’un des moyens efficaces et privilégiés. Cette approche a déjà fait ses preuves, entre autres avec la conférence l’ABC de l’accessibilité du Web et la formation sur les documents Word accessibles, et elle présente beaucoup de potentiel pour l’avenir.

Afin de nous positionner comme organisme de formation crédible et d’ouvrir notre marché, nous avons entrepris des démarches pour acquérir le titre d’organisme formateur agréé du Québec. C’est donc avec enthousiasme que nous vous annonçons la bonne nouvelle que le RAAMM l’a obtenu! Jean-Marie D’Amour et Émilie Viau sont nos principaux formateurs.

Ce titre permet aux grands employeurs de comptabiliser nos formations comme dépenses admissibles selon la Loi qui favorise le développement et la reconnaissance des compétences des employés. En effet, les employeurs dont la masse salariale excède les 2 millions de dollars par année sont tenus de consacrer 1% de cette masse salariale à des dépenses de formation admissibles. Cela rendra nos formations plus attrayantes pour les grandes entreprises ayant des seuils de formation minimum à respecter.

 

2. Pourquoi s’impliquer au RAAMM ?

Voici 4 raisons pour lesquelles il vaut la peine de vous investir au RAAMM. De belles réalisations pourraient découler de votre implication !

  1. Parce que votre présence compte

Sans participation des membres, il n’y a pas de communauté. « Assister à une activité, c’est déjà une façon de s’impliquer », avance Danielle Fouquereau, membre depuis près de 7 ans. Quand vous faites acte de présence aux différents événements du RAAMM, vous contribuez à la création d’une communauté dynamique et tissée serrée. C’est aussi une manière d’être solidaires avec ceux et celles dont la perte de vision est plus récente. « Je m’implique pour aider les gens, leur donner des trucs et les connaissances que j’ai acquises, parce que ce n’est pas facile de perdre la vue, surtout au début », explique Daniel Roy, membre depuis 25 ans. En entrant en relation avec d’autres personnes aveugles ou amblyopes, vous aurez inévitablement des occasions de dispenser des conseils, de redonner aux autres, et en fin de compte, de participer concrètement au mieux-être de votre collectivité.

  1. Parce que votre apport est important

Puisque les membres sont au cœur de notre organisme depuis sa fondation, nous avons formé différents comités auxquels vous êtes invités. Durant les rencontres, vous pourrez vous exprimer sur les dossiers et les enjeux qui vous tiennent à cœur. Nous voulons entendre vos idées, vos réflexions et vos expériences, car nous sommes convaincus que votre apport est essentiel au succès de notre mission. Venez mettre vos compétences et votre savoir-faire à profit, et proposer des actions concrètes qui auront un impact sur la qualité de vie des personnes ayant une limitation visuelle.

  1. Parce que vous pouvez faire changer les choses

Pour faire appliquer les principes de l’accessibilité universelle dans nos municipalités et l’espace numérique, l’action individuelle ne suffit pas. C’est seulement lorsque le plus grand nombre s’allie que nous pouvons exercer une réelle influence sur les pouvoirs publics. Le RAAMM s’associe également à d’autres organismes de personnes en situation de handicap afin d’avoir plus de poids dans ses revendications. Parmi nos réalisations, on compte les annonces verbales dans le métro, l’installation de plaques podotactiles près des rails de métro et l’implantation de centaines de feux sonores. Ferez-vous partie de la grande équipe derrière les prochains accomplissements du RAAMM ? Imaginez la fierté de savoir que vous avez contribué à apporter des changements sociétaux qui améliorent le quotidien de milliers de personnes ! Ne sous-estimez pas l’impact que vous pouvez avoir, en tant qu’individu, quand vous vous joignez à tous les autres qui militent pour la défense des droits.

  1. Pour votre développement personnel

À travers votre implication, vous grandirez à coup sûr sur le plan personnel. En plus d’acquérir des connaissances, vous développerez de nouvelles compétences. Vous apprendrez à formuler vos idées, à prendre la parole avec plus d’aisance, à vous tailler une place au sein d’un groupe et peut-être même à animer des rencontres. Votre confiance en vous-même et votre leadership s’en trouveront affermis. Chemin faisant, vous rencontrerez des personnes inspirantes et engagées… comme vous !

 

3. Appel de participants – Projet IMAGE

Je m’appelle Sabrina Knappe et je suis chercheuse à l’Université McGill. Je travaille sur le projet IMAGE (Multimodal Access to Internet Graphics Exploration). Nous construisons un système qui rend les graphiques Internet accessibles en les transformant en rendus audio et haptiques.

À l’automne, nous avons commencé à tester ce système avec des personnes aveugles et malvoyantes du RAAMM. Nous avons toujours besoin de participants pour notre étude, et recherchons des personnes sans aucune difficulté auditive qui sont disponibles en mars. Les participants seront rémunérés à un taux de 20 $ par heure, avec une compensation pouvant aller jusqu’à 10 $ pour les frais de déplacement.

Si cela vous intéresse, veuillez nous contacter à [email protected] pour plus d’informations, ou laissez un message vocal au 514 592-9196 et nous vous rappellerons. La date limite pour vous inscrire est le 15 mars 2023.

 

4. Invitation à l’exposition d’arts plastiques des élèves de l’école Marguerite-De Lajemmerais

Je me nomme Noémie Juneau et j’ai donné dans le passé des ateliers d’arts plastiques au RAAMM. J’ai adoré m’immiscer dans le monde intriguant des personnes non voyantes et c’est pourquoi j’ai voulu que mes élèves de quatrième secondaire (15-16 ans) s’imprègnent de votre réalité.

J’ai décidé de lancer le défi à mes élèves de créer des œuvres à 3 dimensions sensoriellement intéressantes spécialement pour vous. Pour une des rares fois, vous aurez le droit de toucher à des œuvres d’art. Dans ce cas-ci, nous pouvons plutôt appeler cela des projets d’arts puisqu’ils sont apprentis.

Les élèves ont eu la chance de recevoir deux membres du RAAMM pour discuter et mieux comprendre les enjeux quotidiens de la non-voyance. Puis, ils ont fait des recherches pour s’inspirer, surtout pour ce qui est des matériaux. Ils ont créé des œuvres en se demandant ce que vous pourriez aimer toucher comme art et ce qu’eux-mêmes aimeraient pouvoir toucher comme œuvre s’ils étaient dans votre situation. Les élèves ont également ajouté un élément sonore à leurs œuvres. Si vous avez des écouteurs personnels vous pouvez les apporter, sinon une paire vous sera prêtée sur place pour que vous puissiez apprécier cet ajout sensoriel.

Vous êtes cordialement invités à venir toucher et apprécier les projets des élèves le 22 mars dès 12h45. Les élèves seront disponibles jusqu’à 14h pour vous guider à travers l’exposition. Après cette heure, ils ne seront plus disponibles, car ils devront se rendre à leur dernier cours de la journée. Il faut prévoir de 30 à 40 minutes pour vivre l’exposition guidée.

L’école Marguerite-De Lajemmerais se situe au 5555 rue Sherbrooke est, à Montréal.

Une fois sur place, il suffit de prendre l’entrée principale et vous arriverez directement à la réception. À la réception, un élève sera jumelé à vous pour vous conduire à la salle d’exposition et vous donner votre badge de visiteur. Cette même personne sera disponible tout au long de votre visite pour répondre à vos questions et partager le moment. Cette personne vous accompagnera de nouveau à la réception lorsque vous serez prêt à quitter.

J’espère que vous serez présent, car c’est une activité, je crois, intéressante pour vous et très enrichissante pour développer l’ouverture d’esprit des jeunes.

L’école me demande le nombre de personnes attendues alors je vous prierais de m’aviser de votre venue avant le vendredi 17 mars, soit par courriel au [email protected] ou en joignant Josée Boyer au 514-277-4401 poste 116 ou par courriel à [email protected].

Merci et au plaisir de vous rencontrer le 22 mars!

Noémie Juneau

Enseignante en arts plastiques de l’école Marguerite-De Lajemmerais

 

5. Sondage sur la mobilité des femmes en situation de handicap à Montréal

Nous vous invitons à assister au lancement de notre sondage pour une mobilité durable, inclusive et sécuritaire à Montréal.

Le sondage est l’un des moyens que nous employons pour documenter la mobilité des femmes en situation de handicap. Ces témoignages nous amèneront à identifier des changements concrets pour mettre fin aux barrières et sources d’insécurité afin que tout le monde puisse se déplacer de façon écologique à Montréal. Le sondage s’adresse aux personnes qui s’identifient comme une femme vivant avec des limitations (motrices, visuelles, auditives, intellectuelles, cognitives, liées aux douleurs chroniques, à la santé mentale, etc.) et qui se déplacent régulièrement à Montréal.

Le lancement prend la forme d’un midi-causerie virtuelle le jeudi 30 mars de 12 h à 13 h 30 via la plateforme Zoom. Nous enverrons le lien de connexion aux personnes inscrites quelques jours avant le lancement.

Pour s’inscrire, contactez Marie-Ève Desroches à [email protected] ou au 514-381-3288 poste 2 ou complétez le questionnaire suivant : https://urlz.fr/kYrz

Dès midi le 30 mars, nous vous présenterons le sondage ainsi que les outils pour le promouvoir autour de vous, puis un panel d’organisations qui mettent à profit leur expertise pour rendre la mobilité plus inclusive et sécuritaire à Montréal :

  • Selma Kouidri, directrice générale de l’Institut National pour l’Équité, l’Égalité et l’Inclusion des personnes en situation de handicap (INÉÉI–PSH)
  • Francine Leduc, présidente du Regroupement des activités pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ)
  • Marie Turcotte, directrice générale d’Ex aequo

Nous serions très heureuses de vous avoir parmi nous le 30 mars prochain.

Cordialement,

Marie-Eve Desroches (elle)

 

6. Un chauffeur de taxi suspendu pour avoir refusé une cliente aveugle et sa chienne

Radio-Canada | Un chauffeur de taxi de Calgary a reçu une contravention et a été suspendu temporairement pour avoir refusé de transporter une femme aveugle et sa chienne-guide.

Kim Kilpatrick, une conteuse originaire d’Ottawa, parle de ce qu’elle vit sur des scènes de théâtre à travers le pays. Elle est en représentation jusqu’au 19 février au Théâtre Lunchbox.

Après sa représentation de dimanche après-midi, elle a commandé un taxi avec l’application de la compagnie. À son arrivée, le chauffeur a refusé que la chienne monte dans son véhicule, car il craignait qu’elle y laisse des poils.

Quand Kim Kilpatrick lui a expliqué que son refus était illégal, il a proposé de mettre la chienne dans le coffre.

C’était très choquant, dit l’artiste, qui a annulé sa réservation. Elle a cependant pu réserver un autre taxi, qui n’a eu aucun problème à accepter la présence de la chienne-guide, appelée Ginger, dans sa voiture.

Kim Kilpatrick n’a pas non plus été satisfaisante lorsqu’elle a appelé la compagnie de taxi pour se plaindre. Un employé lui a suggéré, à l’avenir, de demander un taxi qui accepte les animaux.

« Comme si c’était de ma faute! » — Une citation de Kim Kilpatrick, conteuse

Cependant, refusant d’abandonner, elle a contacté le service municipal qui supervise les compagnies de taxi, qui a ouvert une enquête.

Rajeev Gopinah, porte-parole de la compagnie de taxi Calgary United Cabs, affirme que le chauffeur a été suspendu : Personne ne devrait subir ce genre d’incident.

Le chauffeur de taxi a également reçu une amende de la Ville de 700 $, comme le stipule le règlement municipal qui protège les droits des personnes aveugles et de leurs chiens-guides.

Il devra aussi suivre une formation obligatoire à la fin de sa suspension, qui prend fin jeudi.

Selon l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA), cette histoire est loin d’être isolée. Toutes les semaines, il reçoit des plaintes de personnes aveugles dont le chien-guide a été refusé à bord d’un taxi, mais aussi dans un restaurant ou un magasin.

« C’est toujours embarrassant. C’est toujours perturbant. On a toujours l’impression d’être inférieur à ceux qui nous entourent, car on ne peut pas aller du point A au point B [sans aide]. » — Une citation de Larissa Proctor, Institut national canadien pour les aveugles

La présence des chiens-guides est protégée par deux lois, celle sur les droits des personnes aveugles et celle sur l’utilisation d’un chien de service. Nul ne peut discriminer ou refuser un logement, des services ou des installations où le public est admis ou en faire payer l’utilisation, parce que la personne est une personne aveugle accompagnée d’un chien-guide, stipulent-elles.

Kim Kilpatrick espère que son histoire servira de leçon aux compagnies de taxi de Calgary. Une leçon qui semble porter fruit, puisque Calgary United Cabs a menacé ses chauffeurs de congédiement s’ils refusaient un chien-guide à l’avenir.

Avec des informations de Colleen Underwood

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1956974/chien-de-service-guide-cecite-inca-calgary-united-cabs-non-voyant

 

7. Un boîtier à quatre boutons et une paire d’écouteurs Bluetooth… Deux petits produits qui font des miracles pour les personnes aveugles et déficientes visuelles

Créée en 2015 à Lyon, la société GoSense a développé une technologie brevetée qui utilise le son 3D pour aider les personnes aveugles à retrouver de l’autonomie dans leurs déplacements.

Pour cela, 2 produits connectés au smartphone de l’utilisateur par une application existent. D’un côté Rango, un boîtier à fixer sur une canne blanche qui signale les obstacles par un retour sonore en 3 dimensions. Et de l’autre, les Noor, des écouteurs Bluetooth externes aux oreilles qui permettent d’entendre les alertes sonores de Rango.

Une technologie unique au monde qui permet à l’utilisateur de localiser le son et donc l’obstacle dans l’environnement, tout en le laissant en contact avec les bruits ambiants, très importants pour une personne aveugle.

“La canne blanche peut louper des obstacles”, explique Hugues de Chaumont, co-fondateur et président de la société GoSense.

C’était pourtant la solution la plus accessible pour les personnes déficientes visuelles jusqu’à la création de Rango. Maintenant la canne blanche est améliorée, elle peut donner à l’utilisateur sa localisation, l’avertir des carrefours et intersections ou encore le connecter à ses transports en commun.

GoSense : une révolution pour la mobilité des personnes aveugles

“Beaucoup de nos utilisateurs nous font part d’une meilleure santé mentale, ils reprennent confiance en eux et se remettent à se déplacer et à rencontrer du monde,” raconte Hugues de Chaumont.

GoSense est une “Entreprise Sociale et Solidaire”. Et pour cause, Rango est fabriqué dans le Rhône et l’entreprise a mis les utilisateurs au centre de la conception de son produit.

Hugues de Chaumont est devenu bénévole dans des associations de personnes déficientes visuelles, comme Valentin Hauy. Objectif : voir quels étaient leurs besoins. Il pratique encore aujourd’hui une à deux heures de marche à l’aveugle par semaine avec Rango.

Une communauté de Rangonautes pour faire évoluer le produit

C’est un produit évolutif que GoSense propose à ses utilisateurs. Régulièrement, la société appelle ses “Rangonautes” pour qu’ils fassent un retour sur les améliorations possibles.

Elles sont ensuite prises en compte. Régulièrement des mises à jour sont disponibles gratuitement pour permettre à tous les utilisateurs de profiter des nouvelles fonctionnalités.

La solution GoSense coûte 2 000 euros mais elle est considérée comme un dispositif médical et est remboursée à hauteur de 75 % à 100% grâce à neuf aides publiques.

GoSense : une campagne de levée de fonds pour améliorer Rango

Pour continuer de se développer et d’améliorer Rango, GoSense a lancé une campagne de levée de fonds sur la plateforme Lita. Il s’agit d’une plateforme d’investissements connue pour son caractère social.

L’entreprise espère toucher des investisseurs militants qui veulent soutenir un projet qui a du sens.

Source : https://www.lyondemain.fr/gosense-rango-aveugles-innovation/

 

8. Recommandations pour sécuriser les cheminements piétons aux abords des chantiers et voies de contournement

Le CAWaB a rédigé un nouveau guide pour faciliter l’accès de tous les piétons à l’espace public lorsque celui-ci est en chantier.

Les conséquences d’un chantier mal balisé et non sécurisé sont extrêmement importantes sur la mobilité et l’autonomie des publics représentés par le CAWaB. Nous avons donc réalisé ce travail de collecte d’information auprès d’experts du vécu et des experts techniques en accessibilité et l’avons confronté à des responsables de chantiers.

Ce guide propose des recommandations sur différents aspects : l’information sur le chantier en cours, la signalétique, les cheminements piétons sans obstacles, la sécurité et le stationnement. Une check-list est proposée en fin de document et a pour but d’outiller et guider les gestionnaires dans l’application de nos recommandations.

Règlementation régionale actuelle

Fin 2020, le Gouvernement wallon a adopté un arrêté relatif à la signalisation des chantiers et des obstacles sur la voie publique. Ce dernier est bien trop lacunaire concernant les exigences en matière de sécurité des piétons aux abords des chantiers.

En novembre 2022, la Région wallonne a réalisé une fiche sur la gestion des piétons lors des chantiers. Cette fiche est disponible sur le site de la Sécurothèque, plateforme qui rassemble de la documentation sur les moyens à mettre en œuvre pour sécuriser les aménagements routiers existants ou en projet. A nouveau, cette fiche ne porte que sur les dispositions de signalisation des chantiers, qui n’est qu’un aspect de la problématique.

La norme wallonne devrait être améliorée et nous espérons que ce guide pourra servir de référence en vue de son adaptation.

Par ailleurs, au-delà du volet législatif, des moyens de contrôles et sanctions des normes en vigueur devraient être davantage mis en œuvre.

Guide disponible au lien suivant : https://vu.fr/IxSb

Source : https://cawab.be/Recommandations-pour-securiser-les-cheminements-pietons-aux-abords-des

 

9. Michelle Brulé : une grande passionnée d’écriture

Michelle Brulé est membre du RAAMM depuis plusieurs années et elle s’implique activement au sein de l’organisme. Elle nous raconte d’où lui vient son talent et son intérêt pour l’écriture.

« Écrire fait partie de moi. Sitôt l’alphabet et les principaux signes de ponctuation maîtrisés, je me suis mise à écrire des histoires. Idem pour la musique. À huit ans, il n’était pas rare qu’on me trouve en train de composer, assise sur un banc dans la cour de récréation, concentrée sur ma tablette et mon poinçon.

Naturellement, je dévorais le moindre livre qui me passait sous les doigts. J’ai toujours été une lectrice insatiable. À l’adolescence, les livres d’aventure étaient mes préférés, notamment Jules Verne. Plus tard m’est venue la poésie, à un âge où on en a bien besoin, et j’ai même commis quelques quatrains.

En 1956, au moment d’entrer au pensionnat, ma mère m’avait dit, toute fière: “Tu vas apprendre à lire et à écrire!” Pas “Tu vas apprendre le braille!” Elle avait raison. Comme tous les enfants de première année, on apprenait à reconnaître et à reproduire lettres et chiffres, à assembler syllabes, mots et phrases, et il se trouve que ça se faisait en braille. Comme tous les enfants de première année, on avait des profs qui utilisaient eux-mêmes au quotidien le système d’écriture qu’ils enseignaient. Les modèles, les mentors, on les côtoyait tous les jours. Ainsi, il était tout aussi normal pour un enfant aveugle d’écrire au poinçon que pour un jeune voyant de le faire au crayon. Au lieu de perfectionner notre calligraphie, nous apprenions à éviter les points de trop. Ça vous dégourdit la motricité fine, je vous le garantis, et ça cultive la concentration! C’est en huitième année seulement que mon groupe est passé au “brailler”.

La concentration est un élément essentiel pour tout travail d’écriture. Afin d’augmenter nos chances d’accéder aux études supérieures et à l’emploi, nous avons appris la dactylographie. Pour nous, le clavier de l’ordinateur ne poserait plus tard aucun problème. Mais comme nous n’avions la possibilité ni de nous relire ni de corriger nos erreurs, à la moindre faute, on devait tout recommencer! Encore une fois, mieux valait bien se concentrer si on voulait échapper à pareille frustration.

Le monde à cette époque n’était pas encore “sonore”. Au fur et à mesure qu’il l’est devenu, la plupart des personnes qui, comme moi, ont eu la chance d’étudier sous “l’ancien régime” ont réussi à conserver leurs acquis. Nous ne pouvions que profiter davantage des progrès technologiques. Le braille reste le braille, qu’on le pratique sur papier ou sur un afficheur, et l’audio devient un complément très utile.

Imaginons mon parcours si j’avais été élève, disons, au début des années 2000 :

L’inclusion? Mais avec “plan d’intervention” pour “besoins spéciaux”. Le braille? Mais en isolement pendant que mes amis voyants font du sport ou vont à la bibliothèque. Pas trop motivant! Les travaux d’équipe? Bof, c’est pas moi qui écrit! L’Université? Cool, j’ai droit à quelqu’un pour prendre mes notes à ma place. Je pourrai peut-être même passer des examens oraux.

On aura compris que tout ça n’est qu’imagination de ma part. La réalité, c’est que dès qu’il s’agit de rédiger un écrit le moindrement conséquent, d’utiliser un traitement de texte, de peaufiner une présentation, de relire et de corriger son travail, le braille est nettement avantageux. Il existe encore sur le marché de l’emploi des postes requérant ce genre d’habileté. Ça me fait mal de penser que tant de non-voyants vont désormais grossir les tristes statistiques québécoises sur l’analphabétisme fonctionnel! Ça me fait mal de constater chez mes pairs, même au sein du mouvement associatif, une abdication fataliste devant la relégation de ce merveilleux outil qu’est le braille, décrit par Harari comme “système complet d’écriture”, au statut de dépanneur juste bon à identifier des cartes à jouer! »

Photo de Michelle Brûlé se tenant debout devant une grotte.