Écho du RAAMM du 15 octobre 2024

15 octobre 2024

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Sommaire

1. Le 15 octobre, Journée internationale de la canne blanche

Le 15 octobre célèbre la Journée internationale de la canne blanche, symbole de l’autonomie des personnes ayant une déficience visuelle. À cette occasion, nous publions un texte qui relate le processus d’acceptation de cet outil par une personne malvoyante.

Risquer sa vie pour ne pas passer pour un aveugle: la pratique d’un étrange sport extrême

Risquer sa vie pour ne pas passer pour un aveugle lorsque l’on est malvoyant, n’est-ce pas pratiquer un sport extrême?
Bien sûr, il est cependant beaucoup plus glorieux de risquer sa vie en tant que coureur automobile, navigateur autour du globe, ou grimpeur des plus hauts glaciers du monde.

Cependant, qui d’entre nous n’a pas déjà risqué sa vie en traversant une rue alors qu’il ne parvenait plus trop bien à voir les feux de circulation, qu’il n’arrivait plus à bien évaluer la vitesse du vélo, de la moto, de la voiture, du camion ou de l’autobus qui se dirigeait directement vers lui et ce, que se soit en plein jour, en fin de journée ou en pleine nuit.

S’agissait-il vraiment d’une simple question de vision ou d’inattention? Ne pourrait-il pas s’agir d’une manifestation extrême de notre incapacité d’admettre non seulement notre perte progressive de vision mais surtout la peur et même la honte toxique des conséquences au plan personnel et social qui en découlent.

Ne pourrions-nous pas être minés, hantés, terrorisés par l’éventualité de paraître moins autonome, moins adroit, moins élégant, moins séduisant, moins désirable, moins intelligent que la plupart des autres de notre entourage? Ne serait-ce pas aussi pour cela que nous développons une foule d’astuces pour ne pas être perçu comme étant mal voyant.

C’est sans doute à cause de cela que nous pratiquons souvent une sorte de tauromachie urbaine, du trapèze sans filet ou des cascades sans jamais complètement maîtriser les règles de l’art. Inévitablement, la pratique d’un tel sport peut entraîner des blessures graves et parfois même la mort.

Heureusement pour nous, jusqu’à maintenant nous avons été épargnés : prévenus par un klaxon, par le grincement des pneus, par les paroles courtoises ou exaspérées d’un automobiliste, par l’intervention physique ou verbale d’un autre piéton, par le grognement d’un moteur ou la perception soudaine des phares. Dans ce contexte, notre condition visuelle et émotive nous empêche de prendre des risques bien calculés.

Bien sûr, mettre sa vie en danger pour défendre sa patrie, pour faire respecter la justice, pour protéger un enfant, pour secourir une personne malade, blessée ou menacée, pour faire progresser la science, la connaissance, une croyance ou un idéal, c’est noble, c’est chevaleresque, c’est héroïque. Mais mettre en péril sa vie en raison de son incapacité à prévenir les autres de ses limitations visuelles, c’est déconcertant, c’est absurde, c’est navrant mais néanmoins c’est un comportement assez courant.

Maintenant qu’un brouillard de plus en plus dense a progressivement fait place à ma malvoyance, je suis maintenant plus à même de comprendre pourquoi j’ai pratiqué un tel sport extrême pendant plus de trente ans. En fait, ne s’agit-il pas d’une manifestation malheureuse mais inévitable de ce long processus de perte de vision et de mon ajustement progressif à l’égard de ces nouvelles conditions?

À ce titre, n’est-il pas préférable de nier cette limitation pendant des années puis progressivement de trouver les moyens de s’ajuster plutôt que de bêtement s’immobiliser, démissionner ou encore pire, empoisonner son entourage en adoptant un rôle de victime.

Ce n’est véritablement qu’après une détérioration plus importante de ma vision et avoir vécu quelques expériences traumatisantes que j’ai commencé à réviser mes façons de faire. Ce n’est qu’après avoir été bousculé à quelques reprises sur les trottoirs par des coursiers à vélo que j’ai commencé à avoir peur émotivement et physiquement, à réaliser que j’étais de plus en plus menacé, à craindre le pire, à imaginer l’intensité des douleurs corporelles et les souffrances morales que je pourrais éventuellement avoir à supporter.

Ce qui est véritablement venu à bout de mon amour-propre c’est le jour où j’ai, non pas réalisé mais bien davantage ressenti que je n’avais plus le choix d’afficher ma déficience. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à reconnaître ma vulnérabilité, à chercher des moyens de me protéger, à accepter de signaler ma déficience, en définitive à lever le drapeau blanc, à brandir le drapeau rouge.

J’ai tout d’abord commencé à m’identifier timidement en agrafant une toute petite canne à ma boutonnière, à transporter une canne dans ma mallette, à circuler avec une canne pliée dans ma main, et enfin à commencer à utiliser cette canne lorsque je me trouvais loin de mon milieu habituel de travail.

Ce n’est qu’après avoir dominé ma honte, mon humiliation que j’ai pu commencer à apprécier les possibilités d’un tel outil qui peut tantôt servir à effectuer des montées tel un hockeyeur qui d’un bras drible la rondelle avec son bâton, à repérer les obstacles tel un démineur qui balaie le sol avec sa soucoupe, ou à se protéger en réduisant au minimum les zones de contacts aux pieds, aux genoux, aux hanches tel un escrimeur qui réduit au minimum ses zones de touches en maîtrisant parfaitement la projection de son corps, l’extension de son bras, la flexibilité de son poignet avec son fleuret.

Petit à petit cette canne autrefois honnie, est devenue pour moi un compagnon rassurant, protecteur tout comme ceux qui ne peuvent pas se déplacer dans le noir sans utiliser une lampe de poche.

En effet, cette fameuse baguette permet non seulement de mieux être repéré par les piétons, les cyclistes ou les automobilistes, elle permet aussi de pouvoir solliciter plus facilement une assistance au besoin. De plus, lorsque bien utilisée, cette canne permet tantôt de servir de pare-chocs, de repérer une foule d’objets sur la voie publique, dans le métro ou dans les bâtiments : le mobilier urbain tels lampadaires, bornes fontaine, bancs publics, cabines téléphoniques; dans le métro pour repérer les tourniquets, le mouvement montant ou descendant des escaliers mécaniques, pour localiser la bordure des quais, pour distinguer entre les portières et les espaces vides entre les voitures; dans les bâtiments publics pour se protéger des portes tournantes, battantes ou coulissantes, des colonnes ou du mobilier disposé dans les aires de circulation.

Maintenant que je suis pratiquement aveugle, je réalise que cette canne est devenue pour moi un symbole d’affirmation personnel, affirmation de ma capacité de pouvoir encore me déplacer, de participer, d’être actif dans la communauté.

Cet article m’a été inspiré il y a plus de deux ans alors que j’écoutais le récit d’un compagnon de vélo tandem qui me faisait part que la veille, il avait failli se faire tuer en traversant une rue en fin de soirée. Cette expérience traumatisante semblait l’avoir fait cheminer quant à l’utilité d’utiliser une canne pour mieux être repéré. Tout en l’écoutant, ce témoignage m’a fait revivre en flash back une foule d’expériences du même genre que j’ai vécues sans jamais me convaincre d’utiliser une canne, avant de perdre presque complètement la vue.

Maintenant que je ne suis plus en mesure de vous donner le mauvais exemple, j’en profite pour vous faire part de mes souvenirs d’un sport, sport le plus dangereux que j’ai pratiqué.

Serge Trudeau

2. Projections pour public aveugle et malvoyant au FICAM

Le 19 octobre au Festival international du cinéma adapté, six films sont présentés en audiodescription.

De 19h00 à 22h00

À l’Institut national de l’image et du son (INIS), 301 boul. de Maisonneuve E, Montréal

Pour consulter la programmation détaillée et le résumé des films projetés :

https://www.ficamontreal.ca/films-public-aveugles

3. Découvrir les services de l’Audiothèque

Vous aimeriez avoir accès à vos horaires télé, vos magazines ou vos journaux, mais vous vivez une situation qui vous empêche de lire? Saviez-vous que depuis 41 ans, Audiothèque offre un service de lecture audio? À coût minime, vous pouvez avoir accès par internet ou téléphone à une multitude de publications :

  • des journaux
  • des circulaires
  • des horaires télé
  • des revues et des magazines
  • et beaucoup plus!

Titre de la formation : Venez découvrir les services de Audiothèque!

Lieu de la formation : Le Webinaire aura lieu sur la plateforme Zoom. Vous pouvez vous connecter avec un ordinateur, une tablette, un téléphone intelligent ou un téléphone régulier.

Date : 24 octobre 2024, de 12h00 à 12h55.
Pour qui : Les gens qui ont de la difficulté à accéder à de l’information écrite ainsi que des intervenantes et des intervenants en réadaptation qui veulent mieux comprendre les services de Audiothèque

Pour y participer : simplement vous connecter de la manière qui vous convient à la date et l’heure prévues!
Lien pour ordinateur ou application : https://us02web.zoom.us/j/83822119137
Par téléphone :
Numéro de Montréal : 1 438 809 7799
Numéro de réunion : 838 2211 9137
Une seule touche sur l’appareil mobile :
Numéro de Montréal : +14388097799,83822119137

Malheureusement nous ne sommes pas en mesure d’offrir un numéro sans frais pour cet événement. Si vous n’êtes pas dans la région du Grand-Montréal, assurez-vous que votre forfait téléphonique inclut les longues distances pour éviter des frais supplémentaires.

4. Une avancée dans la recherche sur la dégénérescence maculaire

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une maladie qui affecte la rétine et peut entraîner une perte de vision chez les personnes de plus de 50 ans. Actuellement, les traitements ne font que ralentir la progression de la maladie. Une nouvelle découverte pourrait aider à la prévention : un biomarqueur sanguin permet désormais d’évaluer le risque de développer la DMLA en lien avec la quantité d’acides gras oméga-3 dans la rétine.

Les oméga-3, que l’on trouve principalement dans le poisson, sont essentiels pour la santé des yeux. Ils aident les cellules de la rétine à bien fonctionner et ont des propriétés anti-inflammatoires. En cas de déficit en oméga-3, le risque de développer la DMLA augmente. Le problème, c’est qu’il était difficile de mesurer la concentration d’oméga-3 dans la rétine. Grâce à cette découverte, on peut désormais le faire à travers une simple analyse sanguine.

Ce biomarqueur permettra d’identifier plus tôt les personnes à risque, avant même qu’elles ne présentent de symptômes, et ainsi les accompagner avec des conseils nutritionnels adaptés, comme une alimentation riche en oméga-3. Cette avancée pourrait ouvrir la voie à une meilleure prévention de la DMLA, en ajustant l’alimentation pour protéger la vue.

https://www.inrae.fr/actualites/malvoyance-causee-dmla-decouverte-dun-biomarqueur-sanguin-evaluer-risque-lie-lalimentation

5. Centre d’accès équitable aux bibliothèques

Le Centre d’accès équitable aux bibliothèques (CAÉB) mène actuellement un projet de recherche financé par Normes d’accessibilité Canada, appelé Projet de livres audio commerciaux accessibles.

Ce projet a pour objet de fournir des recommandations aux producteurs et aux éditeurs de livres audio commerciaux ainsi qu’aux autres parties prenantes, afin d’améliorer l’accessibilité des livres audio pour les personnes incapables de lire les imprimés.

Le CAÉB est sur le point de recruter des personnes en situation ou non de déficience de lecture des imprimés et souhaitant participer à l’étape d’essai du projet, en tenant compte de ce qu’elles ont appris grâce à notre examen de la situation.

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez souhaitez participer à l’étude, consultez la page bibliocaeb.ca/projet-livres-audio pour en savoir un peu plus et remplissez le sondage de recrutement des participants.

6. Le congrès Points de connexion de l’INCA

Le congrès Points de connexion francophone en personne est de retour mercredi 16 octobre 2024, à la Tour KPMG de Montréal (au 600 boulevard Maisonneuve Ouest, à deux pas du métro McGill).

Le Congrès Points de connexion est la plus grande vitrine de technologies et de services dédiés aux personnes ayant une limitation visuelle et ceux qui souhaitent leur ouvrir leurs portes, ainsi qu’une importante expérience d’apprentissage et de perfectionnement professionnel.

Une programmation éclairante

Au programme: une vingtaine d’exposants et de présentations afin de bien vous outiller!

Pour découvrir la programmation détaillée :

https://www.inca.ca/fr/programmation?region=qc