Écho du RAAMM du 1er août 2023

31 juillet 2023

L’infolettre des membres et alliés du RAAMM.

Découvrez les dernières nouvelles du RAAMM, des activités enrichissantes auxquelles vous êtes invités à participer, des occasions de vous impliquer, l’actualité sur la déficience visuelle dans les médias, et plus encore!

Sommaire

1. Apprendre à travailler au RAAMM, par Henri Boisvert

Travailler au RAAMM signifie d’être dans une position demandant de considérer attentivement les besoins et défis des personnes aveugles et malvoyantes.  Vous êtes probablement d’accord avec moi jusqu’ici.

Bien franchement, ma perspective sur la réalité des personnes vivant avec une déficience visuelle était limitée avant que je ne me joigne à l’organisme. Je connaissais quelques dispositifs qui leur sont destinés, comme les logiciels de synthèse vocale et les feux sonores. Par contre, je n’avais jamais côtoyé une personne vivant avec la cécité. J’avais lu sur la condition et regardé des films où les personnes aveugles étaient représentées, mais je dois avouer que je n’avais pas véritablement pris le temps de considérer la façon dont les gens composent avec leur déficience visuelle avant mon arrivée au RAAMM.

Dans le cadre de mon entrée en fonction, j’ai suivi la formation du RAAMM donnée aux personnes qui souhaitent devenir accompagnateurs bénévoles pour nos membres aveugles ou malvoyants. On y apprend comment utiliser son bras pour guider, comment circuler dans différents types d’espaces et, plus généralement, comment mettre la personne que l’on accompagne en confiance.

Des paires sont formées pour que tous soient tour à tour accompagnateurs et « accompagnés ». Pour rendre l’expérience immersive, on bande les yeux à l’accompagné.

L’expérience est d’autant plus marquante que la dernière partie de la formation se déroule à l’extérieur, en public. Les formateurs mènent la marche des locaux du RAAMM jusqu’au métro Laurier, qui est à quelques centaines de mètres.

Perdre le sens par lequel on s’oriente normalement comme voyant et devoir s’en remettre subitement à une autre personne pour se déplacer est poignant. Je me souviens de me sentir particulièrement vulnérable en arrivant au métro. La station devenait drôlement étrangère, vide et sonore. Chaque surface, chaque objet que je touchais (dans lesquels je fonçais, plutôt) étaient surprenants précisément parce qu’ils étaient imprévisibles et que je devais les deviner. Et n’allez pas penser que c’était la faute de mon accompagnateur, qui était par ailleurs de la première qualité.

L’orientation des choses autour de moi (les marches, les tourniquets, les rampes) ne collait pas à ce que je m’imaginais… Tout semblait désaxé.  Possible que mon sens de l’orientation était à blâmer, mais dans tous les cas, je ne pouvais plus me fier à mes réflexes et mes automatismes : je devais prendre le temps de toucher les choses qui m’entouraient et de poser des questions.

Je me doute que les personnes qui composent avec une déficience visuelle depuis un certain temps ne vivent plus ce choc quotidiennement et qu’elles développent des raccourcis. Il demeure que la plupart des tâches leur demandent plus de temps à compléter qu’aux personnes voyantes. Ma collègue Josée, qui est aveugle, m’expliquait récemment comment elle navigue sur son téléphone portable. Elle me montrait comment elle balaie l’écran pour exécuter des commandes de bases et, surtout, comment elle se sert des applications sur son téléphone.  Les applications les plus difficiles à utiliser sont celles qui sont partiellement accessibles, c’est-à-dire que seulement une partie de leurs fonctionnalités sont adaptées pour les non-voyants. Lorsqu’une application est inaccessible, elle est inaccessible et lorsqu’elle est accessible, elle est accessible… surprenant, j’en conviens.

Quand une poignée de commandes est accessible, mais que le reste ne l’est pas, les utilisateurs aveugles ou malvoyants doivent découvrir par essai erreur ce qui fonctionne ou non. Ça demande beaucoup de patience que de passer sur les options une à une et de réessayer à chaque cul-de-sac… Je dois dire que ça force l’estime pour quelqu’un qui peut tenir la simplicité de ces gestes pour acquise.

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La responsabilité de l’accompagnateur est sérieuse : il doit, dans un même mouvement, s’assurer de la sécurité de celui ou celle qu’il accompagne et créer un climat de confiance. Sans cette assurance, l’expérience peut rapidement devenir pénible pour la personne accompagnée. L’accompagnateur doit être capable de prévoir les prochains pas et les obstacles éventuels.  Son attention est constamment sollicitée pour anticiper à la place de la personne qu’il accompagne. L’accompagnateur doit lui-même être en pleine possession de ses moyens pour mettre l’autre en confiance. Un rien peut faire sentir à l’autre de l’hésitation – ou un sens de l’orientation douteux, par exemple.

J’ai fait mon premier accompagnement la semaine suivant la formation. Je crois avoir bien rempli mon rôle pour la durée de l’événement auquel nous assistions. Les choses se sont toutefois compliquées au moment de quitter. La salle où nous étions se trouvait dans un complexe à plusieurs étages avec plusieurs sorties. Le transport de la dame que j’accompagnais l’attendait à une sortie particulière, qu’il fallait donc rejoindre. Je n’arrivais pas à la trouver. J’essayais une direction, changeais d’avis, montais des marches, les redescendais. J’ai finalement ralenti le rythme lorsque j’ai repéré les portes en question.  Mon agitation s’était évidemment communiquée à la dame et j’ai compris que je l’avais un peu ébranlée. L’objectif de trouver la sortie a eu le dessus sur mon rôle d’accompagnateur pendant un instant – mais notre quête s’est bien terminée … Nous nous sommes rendus à la voiture sans blessure grave.

À tous les futurs accompagnateurs, donc : tenez-vous loin de toute forme de sortie, le transport peut attendre.

2. Dévoilement prochain du calendrier culturel du RAAMM

Le RAAMM lancera le mois prochain son calendrier culturel! Toutes les représentations de théâtre, de danse ainsi que les expositions accessibles du Montréal métropolitain y seront listées. Vous serez d’ailleurs invités à nous avertir si nous en oublions, vous êtes priés de rester sur vos gardes.

Le RAAMM travaille présentement de concert avec plusieurs partenaires en culture pour vous présenter l’offre la plus variée.

Comme le disent les Portugais, stay tuned! Nous sommes impatients de vous présenter ce nouveau pan de notre action en culture.

3. Entrevue radio avec Enora Rivière, audiodescriptrice chez Danse-cité

Entretien enrichissant sur les rouages de l’audiodescription avec Enora Rivière, qui travaille chez notre cher partenaire Danse-cité.

À l’adresse suivante: canalm.vuesetvoix.com/app/uploads/2023/07/20230705_enorariviere_entrevueaq.mp3

EXTRA: Entrevue avec Valérie Crispin, intervenante auprès de personnes atteintes de surdicécité

Déniché encore une fois par notre chef de la veille médiatique, un bel entretien radio.

Texte de Radio-Canada:

La situation des personnes sourdes aveugles est au centre de la 18e Conférence internationale des personnes sourdes-aveugles qui se tient à Ottawa du 22 au 28 juillet, un événement qui a lieu tous les quatre ans. Valérie Crispin fournit des services aux personnes ayant ce double handicap à Sudbury. Elle décrit comment elle accompagne des personnes atteintes de surdicécité.

Lien vers l’entrevue: Qui sont ces personnes qui facilitent la vie des personnes atteintes de surdicécité? (radio-canada.ca)