Écho du RAAMM du 1 mai 2023

25 avril 2023
maquette tactile

L’infolettre des membres et alliés du RAAMM.

Découvrez les dernières nouvelles du RAAMM, des activités enrichissantes auxquelles vous êtes invités à participer, des occasions de vous impliquer, l’actualité sur la déficience visuelle dans les médias, et plus encore!


Sommaire

1. Collaboration à la conception d’un atelier sur le toucher avec le MEM – Centre des mémoires montréalaises

Faire découvrir Montréal par le sens du toucher ? C’est le défi que le MEM – Centre des mémoires montréalaises souhaitait relever avec le projet Montréal en 5 sens. Pour y parvenir, l’institution muséale a fait appel au RAAMM.

Cette riche collaboration a donné naissance à un atelier immersif proposant une découverte à l’aveugle de la ville de Montréal. L’exploration passe par des textures et des formes d’objets typiquement montréalais. Les objets proposés sont variés : une carte tactile de Montréal, des formes en carton reproduisant l’île de Montréal, des objets muséaux et quatre maquettes architecturales. Ces maquettes tactiles conçues par le Service AIMS de l’INLB représentent la Place-Ville-Marie, l’Oratoire Saint-Joseph, le Collège de Montréal et le Stade olympique. 

À l’origine, l’atelier était destiné avant tout à un public voyant, dans une optique de sensibilisation. Il a rapidement été adapté pour les personnes ayant une déficience visuelle, qui vivent généralement un manque d’exposition aux objets culturels. Cette seconde version vise plutôt à leur faire découvrir l’histoire de Montréal. Le public aveugle et malvoyant a notamment l’opportunité d’explorer des cartes tactiles en braille de différentes époques (18e siècle, début du 20e siècle et aujourd’hui). Un bas-relief du premier Institut Nazareth, autrefois une école spécialisée, lui permet même d’entrer en contact avec sa propre histoire ! 

L’évolution du concept s’est faite en grande partie grâce à Anne Jarry, la membre du RAAMM qui a été mandatée par le RAAMM pour contribuer à la création de l’atelier. Elle a joué un grand rôle dans l’idéation, le choix des méthodes, des outils et du matériel, puis l’animation des représentations. 

L’atelier est un véritable succès. Six ateliers ont eu lieu, et deux sont à venir. Ils ont été offerts notamment à la Bibliothèque Bourassa, au CLÉ Montréal, à Info-femmes, à des étudiants en langue de l’UQAM et au CARI St-Laurent ainsi qu’à des membres du RAAMM.

« Rendre Montréal accessible, c’est un défi en soi, et le faire à travers un atelier sur le toucher, c’est une expérience extrêmement enrichissante et créative. On espère que l’atelier pourra être intégré à l’offre régulière du MEM à son ouverture en 2023 ! » – Anne Jarry, RAAMM.

« Une des collaborations professionnelles les plus enrichissantes que j’ai eues ces dernières années. Merci, Anne, de m’avoir autant challengée ! Merci le RAAMM ! » – Laure Barrachina, MEM – Centre des mémoires montréalaises

« Nous avons beaucoup apprécié d’en apprendre plus sur le vécu d’Anne » – Une participante.

L’atelier en chiffres

  • 4 maquettes tactiles.
  • 8 représentations au total, dont 3 aux membres du RAAMM.
  • Plus de 50 participants et participantes.

maquette tactile

2. Travaux importants dans les environs du RAAMM 

D’importants travaux sont présentement en cours et bloquent une partie du trottoir est de la rue Berri, entre les rues Laurier et Boucher. Il est donc préférable d’emprunter un trajet qui évite cette zone lorsque vous souhaitez venir à pied au RAAMM. Ainsi, à partir de la station de métro Laurier, nous vous suggérons d’emprunter le cheminement suivant :

  • Sortir de la station de métro en empruntant les portes qui mènent sur la rue Laurier.
  • Tourner à droite et marcher vers l’ouest. Vous traverserez l’intersection Laurier et Rivard. Notez qu’il est possible que vous ne détectiez pas l’intersection car il n’y a pas de différence entre la chaussée et le trottoir.
  • Continuer de marcher vers l’ouest jusqu’à la prochaine intersection, soit Laurier et Saint-Denis.
  • Tourner à droite et marcher vers le nord jusqu’à l’intersection suivante, soit Saint-Denis et Boucher.
  • Tourner à droite et marcher vers l’est. Attention, certains balcons sont en surplomb dans ce secteur.
  • Traverser les deux intersections que vous rencontrerez. Une fois la deuxième intersection traversée, vous serez du côté est de la rue Berri.
  • Tourner à droite et marcher vers le sud. Les locaux du RAAMM sont un peu plus loin, sur votre gauche.

Pour vous rendre à la station Laurier, à partir des locaux du RAAMM, nous vous suggérons le cheminement suivant :

  • Une fois sur le trottoir de la rue Berri, à la sortie des locaux du RAAMM, tourner à droite et marcher vers le nord jusqu’à la prochaine intersection, soit Berri et Boucher.
  • Tourner à gauche et traverser la rue Berri.
  • Marcher vers l’ouest. Vous croiserez deux intersections, soient Boucher et Rivard ainsi que Boucher/Saint-Denis. Attention, certains balcons sont en surplomb dans le secteur.
  • À la rue Saint-Denis, tourner à gauche et marcher vers le sud jusqu’à la prochaine intersection, soit Saint-Denis et Laurier.
  • Tourner à gauche et marcher vers l’est.
  • Traverser la prochaine intersection, soit Laurier et Rivard. Notez que vous aurez peut-être du mal à détecter l’intersection puisqu’il n’y a pas de différence entre le trottoir et la chaussée.
  • Poursuivre votre chemin vers l’est. Les portes de la station de métro se trouvent un peu plus loin, sur votre gauche.

Pour tout éclaircissement ou renseignement supplémentaire, vous pouvez comuniquer avec Josée Boyer. Vous pouvez la joindre au 514 277-4401, poste 116, ou par courriel, à l’adresse [email protected].

3. Vers un Jardin botanique plus inclusif

Si vous souhaitez contribuer à rendre plus accessibles les aménagements et activités d’Espace pour la vie, le Jardin botanique de Montréal vous invite à participer à une grande consultation sur les questions d’accessibilité.

Ces consultations s’adressent à tout le monde, que vous soyez une personne habituée du Jardin ou que vous n’y soyez jamais allé.

Pour ses consultations, le Jardin souhaite présentement rejoindre des organismes représentant des personnes vivant avec un handicap ou des limitations, ainsi que des parents d’enfants, d’adolescent-es, des adultes, et des aîné-es vivant avec :

  • un trouble du spectre de l’autisme;
  • une limitation intellectuelle;
  • une limitation motrice ou visuelle.

Les personnes qui participeront à de futurs ateliers de consultations pourront bénéficier d’un accès gratuit d’une journée au Jardin Botanique : deux billets seront donnés par personne!

Tous les détails ici :

https://tinyurl.com/ynwxjya9

 

4. La Divine Illusion à l’Espace la risée

La troupe de théâtre L’ArTboretum, qui inclus des personnes non-voyantes, présente la pièce, La divine illusion de l’auteur Québécois, Michel-Marc Bouchard, du 25 au 28 mai prochain. Prenez note que la pièce sera présentée avec audiodescription le vendredi, 26 mai à 19 h 30 et le dimanche, 28 mai à 14 h 30.  À L’Espace La Risée, 1258 rue Bélanger, Montréal.

De plus, pour les personnes non voyantes ou malvoyantes, qui ont besoin d’aide, des bénévoles seront présents pour vous aider à vous guider jusqu’à votre siège, ainsi que vous accompagner pour la toilette et le bar.

Enfin, pour ceux et celles qui souhaiteront utiliser le système d’audiodescription de Connec T, des gens seront aussi présents à l’entrée du théâtre, pour vous vous aider à vous connecter à l’application avec votre iPhone.  Les personnes qui n’en ont pas pourront en avoir un, prêté pour le temps de la représentation.

Résumé de la pièce.

Décembre 1905. Sarah Bernhardt, l’actrice parisienne à la sulfureuse réputation, la diva adulée et mondialement connue débarque à Québec pour se produire sur scène. Illusion ou réalité? Sa seule présence suffit à ébranler et commence à fissurer l’édifice si solide et compact du pouvoir clérical exercé sur cette ville.

Dans le dortoir du séminaire de Québec, deux jeunes séminaristes, opposés en tout point, vont se lier d’amitié. Michaud est riche, fils de ministre, enthousiaste car passionné par la littérature et le théâtre. Talbot, issu du monde ouvrier, est pauvre, ténébreux et bagarreur; il représente l’espoir de sa famille de se sortir de la misère. Chacun a ses raisons d’être là, mais aucun ne ressent de réelle vocation religieuse. Et chacun d’eux devront faire un choix.

Il s’agit d’un drame qui aborde les thèmes du pouvoir, de l’exploitation et de l’espoir des-uns et des-autres. Tous des thèmes présents hier et aujourd’hui.

Les billets sont en ventes au coût de 20. $. Pour vous les procurer, vous appelez Pierre Vromet au 514- 945-9453 ou 514-388-9453.

Au plaisir de vous voir au théâtre!

Pierre Vromet, pour

L’ArTboretum

5. Danse-Cité : Prochain spectacle avec audiodescription en direct

La représentation du 8 juin de Encantado de la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues est offerte avec audiodescription en direct à destination des personnes aveugles et semi-voyantes.

Le jeudi 8 juin 2023, de 17 h 30 à 21 h.

Audiodescription en français par Enora Rivière.

Lieu : Usine C

Réservation par téléphone avant le 24 mai 2023 en appelant Maud à Danse-Cité au 514 525-3595.

Une collaboration entre Danse-Cité et le FTA – Festival TransAmériques.

Description de Encantado

Encantado. Au Brésil, ce mot signifie l’enchantement, l’émerveillement, voire un sortilège de réparation du monde. En un souffle d’une heure, l’immense Lia Rodrigues chorégraphie un manifeste collectif à l’intention d’une nouvelle cosmogonie. Sur scène, d’envoûtants paysages accompagnent les rythmes protecteurs du peuple Guarani Mbya. Un déferlement de beauté et d’émotions.

Biographie de Lia Rodrigues

Figure majeure de la scène chorégraphique internationale des 40 dernières années, la Brésilienne Lia Rodrigues a toujours fait de la collectivité sa priorité dans son travail artistique. Les pièces de Lia Rodrigues, accueillies dans les plus grands théâtres et festivals du monde, sont toujours présentées dans le quartier populaire qui les voit naître. L’entièreté de son œuvre est ainsi traversée par des utopies de l’être-ensemble qui s’incarnent très concrètement dans son engagement social.

INFORMATIONS PRATIQUES

Prix du billet

Tarif unique de 20 $ pour personnes non-voyantes et semi-voyantes seulement.
Gratuit pour les accompagnateurs. Danse-Cité est membre du CAL.

Accompagnateur guide disponible au besoin.

Réservation de votre billet
La jauge étant limitée, merci de réserver votre place avant le 24 mai 2023 en contactant Maud à Danse-Cité au 514 525-3595 ou par courriel : [email protected]

Adresse

Usine C
1345 Ave. Lalonde, Montréal, QC, H2L 5A9

Déroulement de l’événement

17 h 30 — Accueil des spectateurs et soutien technologique

18 h — Atelier de présentation

19 h — Spectacle Encantado de Lia Rodrigues

20 h 15 — Rencontre avec les artistes et l’audiodescriptrice

21 h — Fin de l’événement

Matériel requis

Vous aurez besoin d’un téléphone intelligent et d’une paire d’écouteurs.

Danse-Cité et Connec-T pourront fournir des téléphones intelligents aux personnes qui n’en n’auront pas.

Pour téléchargez l’application Sennheiser avant votre venue https://www.connectau.ca/lapplication.html

Merci à nos partenaires
FTA – Festival TransAmériques, Connec-T, Lia Rodrigues / Lia Rodrigues Companhia de danças, Conseil des arts du Canada, Conseil des arts et des lettres du Québec, Conseil des arts de Montréal, Fondation Cypihot-Ouellette, Caisse de la Culture – Desjardins, Regroupement des Aveugles et Amblyopes du Montréal Métropolitain, Fondation INCA, CAL

Au plaisir de vous compter parmi nous!

Source et contact:

Maud Mazo-Rothenbühler — Danse-Cité
Directrice du développement et des communications
[email protected] — 514 525-3595

6. STM : Nouveau : Gratuité 65+ en vigueur dès le 1er juillet.

Le nouveau titre Gratuité, Tous modes A, entrera en vigueur le 1er juillet 2023.

Il permettra aux résidents Montréalais (île de Montréal) de 65 ans et plus, de se déplacer gratuitement en transport collectif en zone A.

Ceci en bus, en métro, en train de banlieue ou avec le REM (lorsqu’il sera en service) ou en transport adapté, dans la zone A (agglomération de Montréal).

Les résidents de l’agglomération de Montréal âgés de 65 ans et plus sont invités à procéder dès maintenant au chargement du titre Gratuité 65+, Tous modes A

Voici comment obtenir la gratuité pour les Montréalais admissibles de 65 ans et plus. 

Dès aujourd’hui, la clientèle admissible pourra procéder au chargement du titre Gratuité 65+, Tous modes A sur leur carte OPUS avec photo, de façon à s’en servir dès le 1er juillet.

Le titre aura une durée de 24 mois, variable selon la date d’expiration de la carte OPUS avec photo.

Étapes à suivre :

Si vous détenez une carte OPUS avec photo valide : 

  • Présentez-vous :
    • À un agent dans une station de métro en zone A. 
    • Au Terminus Fairview Pointe-Claire.
    • À une billetterie métropolitaine en zone A. 
  •  Pour charger le titre Gratuité 65+ Tous modes A sur votre carte OPUS avec photo.
     
  • Assurez-vous d’avoir en main une preuve de résidence de l’agglomération de Montréal valide et datée de moins d’un an.

Preuves de résidence acceptées : 

Permis de conduire, carte Accès Montréal, compte de taxes municipales ou scolaires, avis d’imposition fédéral ou provincial, tout autre document officiel du gouvernement, facture d’une compagnie de téléphone, d’électricité, de câblodistribution ou d’internet, document émis par une institution bancaire ou de nature gouvernementale, certificat d’assurance automobile ou d’habitation, lettre d’acceptation au Transport adapté, attestation d’identité et de résidence émise par la ville. 

Si vous ne détenez pas de carte OPUS avec photo :   

Remplissez le formulaire d’obtention d’une carte OPUS avec photo et présentez-vous à l’un des endroits suivants : 

  • À un agent dans une station de métro en zone A. 
  • Au Terminus Fairview Pointe-Claire.
  • À une billetterie métropolitaine en zone A. 
  • Au Studio photo de la STM (sur rendez-vous seulement).  
  • Ou envoyez le formulaire par la poste. Dans ce cas, une fois la carte OPUS avec photo reçue, vous devrez vous présenter dans l’un des endroits cités ci-dessus, pour y charger le titre Gratuité 65+, Tous modes A.

Assurez-vous d’apporter une preuve d’âge et de résidence (datée de moins d’un an) dans l’agglomération de Montréal valides. 

Si vous êtes client du Transport adapté :

Vous n’avez aucune action à prendre si vous utilisez exclusivement le transport adapté.

  • Lors de la réservation du déplacement en zone A, l’information contenue dans votre dossier client (âge et lieu de résidence) sera utilisée pour valider votre admissibilité à la gratuité.
  • La carte d’identité du Transport adapté sur OPUS doit obligatoirement être présentée avant l’embarquement pour chaque déplacement.

Si vous souhaitez aussi utiliser gratuitement le métro, le bus, le train de banlieue ou le REM (lorsqu’il sera en service), vous devez charger le titre Gratuité 65+, Tous modes A sur votre carte OPUS avec photo. Pour cela, présentez-vous:

  • À un agent dans une station de métro en zone A. 
  • Au Terminus Fairview Pointe-Claire.
  • À une billetterie métropolitaine en zone A. 

Si vous êtes abonné à OPUS à l’année, votre abonnement sera automatiquement annulé le 30 juin.

Si vous avez plus de 65 ans mais : 

  • Vous voyagez entre la zone A et la zone B : 

Procurez-vous un titre Tous modes AB au tarif réduit 65 ans et + en vigueur. 

  • Vous n’êtes pas résidents de l’agglomération de Montréal : 

Vous pouvez vous prévaloir d’un titre Tous modes A au tarif réduit 65 ans et + en vigueur. 

Notez qu’il vous faudra une carte OPUS avec photo pour y charger vos titres. Présentez-vous à un agent dans la station du métro en zone A (agglomération de Montréal) de votre choix, ou visitez la section OPUS tarif réduit – 65 ans et plus de notre site Web pour savoir comment vous procurer une carte OPUS avec photo ou connaître les titres disponibles au tarif réduit. 

Les modalités détaillées sont disponibles au : www.stm.info/gratuite65 .

* La zone A correspond à l’agglomération de Montréal.

Zone A: Montréal Zone B: Laval et Longueuil Zone C: Couronnes nord et sud Zone D Hors territoire de l'ARTM

7. Au théâtre avec une personne non voyante

Pour la troisième fois de sa saison, le Théâtre du Rideau Vert a accueilli des spectateurs non voyants à qui on a offert une visite tactile des décors et des costumes, ainsi qu’une représentation en théâtrodescription. La Presse était sur place.

Par Stéphanie Morin, La Presse

Depuis son tout jeune âge, Nicole Trudeau vit avec une déficience visuelle. Atteinte de rétinite pigmentaire, une maladie dégénérative congénitale, elle a perdu graduellement la vue jusqu’à ce que les silhouettes et les couleurs qu’elle distinguait vaguement disparaissent tout à fait.

Ce qui n’a jamais disparu, toutefois, c’est l’insatiable curiosité de cette octogénaire, avide lectrice passionnée de concerts et de théâtre. C’est donc avec une joie non feinte qu’elle a accueilli les nouvelles initiatives du Théâtre du Rideau Vert, en particulier les visites tactiles et la théâtrodescription destinées aux personnes non voyantes.

À la fin de mars, plus de trois heures avant le début de la représentation de Pif-Luisant, une dizaine de personnes avec des limitations visuelles sont réunies dans la salle du théâtre de la rue Saint-Denis. C’est la troisième fois que Nicole Trudeau participe à l’activité, et elle savoure chaque instant.

Lorsque des employés du Rideau Vert lui présentent les costumes des différents personnages de la pièce campée au XIXe siècle, elle explore chaque fibre du bout des doigts. Elle découvre ainsi les rayures satinées qui ornent un manteau, s’extasie devant les boutons texturés d’un gilet de brocart, pèse avec perplexité la lourdeur du costume de l’intendante… « Ça ne devait pas être très pratique pour faire la cuisine ! »

La couleur des tissus l’intrigue chaque fois. Elle a connu le jaune, le vert, le bleu dans son enfance et veut garder vivants leur souvenir dans sa mémoire.

« Il y a des gens qui pensent qu’on ne peut pas se faire une image mentale parce qu’on ne voit pas ! Mais moi, je suis habitée par un univers visuel qui m’est propre. »

J’ai un espace intérieur que j’ai besoin d’habiter. Je ne vis pas dans le noir ou dans un univers sans images. Recréer dans ma tête les expériences sensorielles que je vis me stimule et m’emballe. Je ne me sens pas en prison dans ma cécité !

Nicole Trudeau, passionnée de théâtre qui vit avec une déficience visuelle

Se situer dans l’espace

Pour recréer dans sa tête le décor de Pif-Luisant, elle a parcouru de long en large la scène, touché les lourds rideaux, senti les fils électriques qui courent sur le mur et soupesé les faux fromages de polystyrène. Elle a posé plusieurs questions sur la couleur des tapis et des murs ainsi que sur l’angle précis de l’escalier qui occupe le coin de la scène. Mais Nicole Trudeau n’était pas tout à fait satisfaite.

« J’ai besoin de m’installer au centre du décor, dos à la salle, pour mieux me latéraliser. Je veux savoir exactement où se trouve chaque meuble, savoir ce qui est côté cour et côté jardin. » Le chef machiniste, Michel Eudore Desrosiers, lui a donc servi d’yeux pour un instant, lui expliquant avec soin où se situait chaque élément.

Ainsi, lorsqu’est venu le temps de la représentation, Nicole Trudeau pouvait situer chaque acteur sur la scène qu’elle avait créée dans sa tête. La provenance de la projection de voix des interprètes faisait le reste.

Elle a aussi pu syntoniser la théâtrodescription directement à partir de son téléphone intelligent. Pendant toute la pièce, une voix en direct a ainsi mis des mots sur ce que les spectateurs non voyants ne pouvaient pas voir. Une tête basse de dépit, une main sur une épaule en signe de réconfort, les entrées et les sorties des divers personnages…

« C’est le bonheur, lance Nicole Trudeau après la pièce. Je fréquente le théâtre depuis mon enfance, mais certains détails m’ont toujours échappé. C’est encore plus vrai ces derniers temps, avec les mises en scène qui font beaucoup de place aux nouvelles technologies, comme les projections vidéo. »

Pour cette femme d’action, qui a longtemps travaillé comme professeure de musique en plus de participer à diverses recherches sur la normalisation du braille dans l’édition, l’ouverture des théâtres aux clientèles non voyantes est un pas qui devait se faire.

« J’ai le droit d’avoir des services qui rendent certaines choses accessibles. J’en ai déjà parlé à des directeurs de théâtre. J’ai même écrit à Robert Lepage pour le sensibiliser. Ma lettre est restée sans réponse… Maintenant, j’espère que ça va continuer et que les initiatives du Rideau Vert vont se répandre dans les autres théâtres. »

Ouverture (enfin)

Pourquoi a-t-il fallu autant de temps aux théâtres pour se pencher sur la problématique de l’accessibilité des personnes non voyantes ? « C’est une vaste question. Dans la société, la déficience visuelle est perçue très négativement. Certains pensent que sans la vue, on ne peut rien faire. Et surtout pas aller au théâtre ! »

Ça me peine toujours d’être perçue comme quelqu’un qui est moins que les autres, quelqu’un qui n’a pas besoin de ça, la culture.

Nicole Trudeau, passionnée de théâtre qui vit avec une déficience visuelle

« C’est difficile à vivre, mais ça me rend plus combative ! », lance celle qui assiste à plus d’une vingtaine de concerts et de pièces de théâtre chaque année.

Grâce au programme proposé depuis septembre par le Rideau Vert, elle a l’impression qu’une porte s’ouvre. Nicole Trudeau est toutefois consciente que pour que ces services s’implantent pour de bon, les personnes avec des limitations visuelles (ou auditives) doivent « faire l’effort de se déplacer pour fréquenter le plus possible les beaux textes et la culture ». « Parce que ça nourrit la vie », dit-elle.

« Il faut aussi que les théâtres élaborent des stratégies avec nous et ne décident pas à notre place de ce qui pourrait nous intéresser ou non. Il faut qu’il y ait un partage. Je veux qu’on soit compris et qu’on ne nous considère pas comme des gens qui doivent être exclus de certains univers. »

Elle ajoute : « Moi, j’ai beaucoup de mal à dire que quelque chose n’est pas pour moi ! »

Consultez le site du Théâtre du Rideau Vert, onglet Public aveugle ou malvoyant

Source :  https://www.lapresse.ca/arts/theatre/2023-04-22/au-theatre-avec-une-personne-non-voyante.php

Un spectateur aveugle se fait expliquer le décor

8. Accueil des personnes avec des limitations visuelles et auditives Le lent réveil des arts vivants

Trop souvent, les portes des théâtres sont fermées aux personnes avec des limitations auditives ou visuelles. Les services offerts pour favoriser leur accès à l’art vivant sont rarissimes. Mais la donne est en train de changer.

Par STÉPHANIE MORIN LA PRESSE

Plusieurs initiatives commencent à faire leur apparition dans les institutions montréalaises, en particulier au Théâtre du Rideau Vert, qui s’est positionné comme chef de file dans le dossier de l’accessibilité universelle.

Depuis septembre dernier, le théâtre de la rue Saint-Denis offre des services adaptés aux besoins des personnes non voyantes, sourdes ou malentendantes : théâtrodescription en direct, traduction en langue des signes du Québec (LSQ) et surtitrage en français codé, une technologie que les amateurs d’opéra connaissent déjà. Pour chacun de ces services précis, une représentation par pièce présentée est offerte cette saison.

Erika Malot, coordonnatrice du développement artistique et responsable du projet d’accessibilité universelle au Rideau Vert, explique : « Le Québec était en retard au chapitre de l’inclusion en culture, notamment par rapport aux États-Unis et à l’Europe, en particulier par rapport au Royaume-Uni. À Montréal, le milieu anglophone est aussi en avance sur le nôtre. Or, avec la pandémie, on a assisté à un développement de nouvelles technologies et on a davantage pris conscience des publics qui ne viennent pas au théâtre. On a réalisé qu’il y avait des adaptations possibles. »

On estime que 30 % de la population canadienne vit avec une limitation fonctionnelle. Au Québec, seulement 4 % de la population va au théâtre. On se prive de beaucoup de monde en n’ouvrant pas davantage nos salles. C’est le moment pour la culture de se réveiller.

Erika Malot, coordonnatrice du Théâtre du Rideau Vert

 

Érika Malot a aussi mis sur pied une communauté de pratique qui rassemble plusieurs théâtres de Montréal et de Québec, des organismes de soutien et des personnes qui doivent composer avec des limitations. « C’est un lieu d’échange pour mettre en commun nos idées, nos solutions. Il y a quelque chose qui se passe. L’initiative commence à faire des petits. »

Dans la foulée de cette communauté de pratique, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (CTd’A) a décidé d’offrir, le 18 avril dernier, une représentation avec surtitres en français codé de la pièce Les filles du Saint-Laurent. Une représentation avec audiodescription de Clandestines a aussi été présentée en février.

L’an prochain, cette offre va augmenter, promet Marion Guillaume, coordonnatrice aux communications et à la médiation au CTd’A. « Quatre spectacles surtitrés sont prévus au programme, ainsi qu’une représentation avec audiodescription. »

« On est au tout début du projet, mais plus on en fera, plus ça se saura, plus l’offre sera récurrente, estime Marion Guillaume. On aimerait aussi bâtir un calendrier avec les autres théâtres pour proposer une offre diversifiée qui soit étalée tout au long de la saison. »

Des chorégraphies mises en mots

Le milieu de la danse aussi commence à se tourner vers cette clientèle à besoins particuliers. Depuis octobre 2021, Danse-Cité, compagnie montréalaise vouée à la production ainsi qu’à la diffusion de la danse et de la création contemporaine, offre un service d’audiodescription des œuvres chorégraphiées. Neuf spectacles ont ainsi été décrits en direct, minute par minute. Le 10e sera Encantado, de la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues, présenté dans le cadre du Festival TransAmériques.

Comment peut-on décrire en mots des œuvres dansées à des personnes non voyantes pour qui des mots comme arabesque ne signifient rien ? « L’écriture de l’audiodescription est adaptée », explique Maud Mazo-Rothenbühler, directrice du développement et des communications chez Dance-Cité. « C’est un entre-deux entre l’imaginaire du spectateur et l’esthétique particulière de chaque chorégraphe. »

« On a un bassin de spectateurs fidèles d’environ 50 personnes. Lors des représentations avec audiodescription, on offre aussi un accompagnement humain, un guide pour chaque personne non voyante. L’accompagnateur peut assister au spectacle gratuitement et les billets pour les personnes avec des limitations visuelles sont à un tarif très préférentiel, soit 20 $. On sait que plusieurs d’entre elles vivent dans une situation de grande précarité. On veut que l’offre soit adaptée sous toutes les facettes possibles. »

Les échos sont extrêmement positifs. Les enjeux étaient énormes : briser l’isolement et donner accès à la culture à un plus grand nombre.

Maud Mazo-Rothenbühler, de Danse-Cité

Et qu’en est-il du milieu du cirque ? Danse-Cité espère étendre son service aux arts circassiens dès l’an prochain.

Un long travail en amont

Ajouter des services comme la traduction en langue des signes québécoise (LSQ) a un prix. Et il est élevé, notamment parce que les interprètes en langue des signes doivent travailler une trentaine d’heures en amont de la représentation. De plus, au Rideau Vert, chaque interprète LSQ porte les répliques d’un ou de deux personnages, à condition que ces deux-là ne soient pas sur scène en même temps. Pour la pièce Le fils, ils étaient cinq à signer le texte de Florian Zeller.

« Les interprètes LSQ doivent s’approprier leur personnage, adapter leurs tics, traduire les émotions qui sont perceptibles dans la voix, indique Erika Malot. C’est tout leur corps qui bouge, du haut de la tête à la taille. Le visage est très actif. » Pour bien traduire la colère de l’un ou la tristesse de l’autre, les interprètes vont répéter avec les acteurs pour se familiariser avec le style et la rythmie de chacun.

Tout cela demande du temps et de l’argent. « Le financement est vraiment le nerf de la guerre pour la pérennité de tous ces projets, indique Maud Mazo-Rothenbühler. À Danse-Cité, le financement est assuré pour la saison prochaine. Mais il faut penser à l’avenir… »

Consultez le site de Danse-Cité pour la représentation d’Encantado

9. Des maillages sont possibles pour les entreprises et les personnes handicapées

Par Lisianne Tremblay 12:50 PM – 21 avril

Pour une troisième édition, le gouvernement du Québec met en place l’événement Duo Emploi. Ce programme permet de créer un maillage entre les entreprises et les personnes vivant avec un handicap

Duo emploi est proposé en partenariat avec le Conseil du patronat du Québec et le Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées. Pendant une journée, l’événement permet à une personne handicapée d’être mise en contact avec une entreprise qui offre une expérience de stage exploratoire d’un jour lui permettant de vivre une journée dans un milieu de travail.

Les entrepreneurs charlevoisiens et les personnes handicapées qui souhaitent s’inscrire doivent le faire d’ici le 5 mai sur le site Internet de Services Québec ou communiquer avec les intervenants des Services de main-d’oeuvre l’Appui pour être accompagnées dans le processus.

Source : https://www.lecharlevoisien.com/2023/04/21/des-maillages-sont-possibles-pour-les-entreprises-et-les-personnes-handicapees/

10. Rétinopathie : Un médicament pour préserver la vision des prématurés

PaJoséphine Argence

Des chercheurs américains ont développé un médicament qui pourrait protéger les nouveau-nés de la rétinopathie du prématuré, une maladie de l’œil responsable d’un développement anormal des vaisseaux de la rétine.

Un médicament bloquant le développement anormal des vaisseaux sanguins de la rétine

Dans une récente étude publiée dans le Journal of Neuroinflammation, des chercheurs du Medical College of Georgia (États-Unis) ont créé un nouveau médicament permettant de bloquer le développement de vaisseaux sanguins obstructifs de la rétine. 

Lors de cette recherche, les scientifiques ont découvert qu’une petite molécule appelée K604, parvient à arrêter la production de vaisseaux obstructifs et fuyants dans la rétine, à réduire l’inflammation et à favoriser une croissance normale des vaisseaux de la rétine. Selon les auteurs de l’étude, cette molécule permet donc d’améliorer la vision de bébés prématurés. 

Rétinopathie du prématuré : un essai clinique prochainement mené sur des bébés 

Les chercheurs ont constaté que la molécule K604 bloque l’acyl-Coenzyme A (ACAT1), une enzyme, qui convertit le cholestérol libre et les acides gras à longue chaîne en esters de cholestérol, c’est-à-dire des morceaux de cholestérol plus petits facilement éliminés par le foie. “Chez les bébés prématurés, l’hypoxie [ndlr le manque d’oxygène] que peut subir leur rétine peut entraîner la formation de vaisseaux sanguins dysfonctionnels dans l’œil et conduire à une accumulation de lipides, de graisses et de ces esters de cholestérol”, a expliqué Modesto A. Rojas, biologiste vasculaire au département de pharmacologie et de toxicologie du Medical College of Georgia.

Une fois l’enzyme ACAT1 bloquée par la molécule K604, les scientifiques ont constaté une réduction des vaisseaux sanguins anormaux, ce qui indique le rôle-clé du cholestérol dans la rétinopathie du nourrisson.  “Les prochaines étapes devraient inclure un essai clinique sur des bébés avec le K604, dont on sait qu’il est sûr chez l’homme et qui aide à dissoudre les vaisseaux sanguins obstructifs qui fuient, ouvrant la voie à des vaisseaux normaux (…) Ce médicament est très sûr”, a noté Modesto A. Rojas.

Source : https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/43029-Un-medicament-preserver-vision-prematures

11. Gannat : Les collégiens initiés au Cecifoot

Publié le 22/04/2023

Sport de loisirs ou de compétition en effectif réduit, le cécifoot est pratiqué par les non-voyants (catégorie B1) et par les malvoyants (catégorie B2/B3) aussi bien dans les clubs handisports que dans des sections intégrées à des clubs valides.

Dans le cadre des actions Terre de Jeux 2024, Dilane et Paul, joueurs du Cécifoot de Clermont-Ferrand, viennent d’animer une séance d’initiation pour les minimes et benjamins de la section foot du collège Joseph Hennequin : les élèves ont écouté avec attention les explications des deux intervenants avant de réaliser des exercices spécifiques avec un casque sur les yeux.

A tour de rôle, les collégiens ont conduit la balle équipée de grelots : les sonneries du ballon et les conseils des intervenants et collégiens ont permis d’orienter et de corriger leurs touches de balle successives :

« Il est difficile de se repérer pour faire progresser le ballon. Notre maladresse initiale s’est un peu estompée au fil des exercices, même si nos gestes techniques sont restés approximatifs », reconnaissait Noah.

Rodolphe résumait ainsi son impression sur la séance de coups de pied arrêtés : « Avant de mettre le bandeau et de tirer, j’ai mis mon pied d’appui à côté du ballon et mémorisé le placement du but et du gardien : après plusieurs tentatives infructueuse, j’ ai compris que j’ avais marqué un but, car les copains ont crié « Bien Joué » ! »

Et Clémence de conclure : « On s’est mis en situation de déficients visuels : ces manques ont stimulé nos autres sens, notamment l’ouïe, pour compenser notre perte de vue. C’était une expérience très enrichissante à vivre ».

Source : https://www.lamontagne.fr/gannat-03800/actualites/les-collegiens-inities-au-cecifoot_14298433/

12. Héloïse Landry, militante pour les droits et libertés du personnel enseignant

Héloïse Landry est membre du RAAMM depuis 3 ans et demi. Enseignante de profession, elle est profondément engagée dans la défense de droits. Elle nous fait part de son expérience.

« Je travaillais comme enseignante quand j’ai eu une perte de vision. Mon employeur a essayé de m’invalider de 2016 à 2020. J’ai subi des conditions de travail injustes, de la discrimination et un congédiement déguisé, en raison de mon handicap. 

Cette situation d’injustice m’a amené à fonder un collectif en 2021, le CEDH (Collectif Éducation et Droits Humains). Tout a commencé quand j’ai fait une vidéo sur Facebook pour m’exprimer. Ç’a eu l’effet d’une traînée de poudre. D’autres militants m’ont contactée. Ça m’a fait prendre conscience que beaucoup d’enseignants souffraient. 

De fil en aiguille, j’ai rencontré un ancien juge qui m’a énormément appris au sujet du droit du travail en général, et plus particulièrement pour les personnes handicapées. J’ai commencé à plaider pour moi-même et à déposer des requêtes introductives. Mes connaissances m’ont ensuite permis d’aider d’autres personnes. J’étais devenue comme une parajuriste et j’aidais les gens à connaître les lois du Québec. 

Le CEDH mène actuellement un recours collectif contre le gouvernement du Québec en raison de la violence systémique faite aux enseignants au Québec. Le recours a été fait d’abord en cour supérieure, puis à la cour d’appel du Québec, et maintenant nous avons déposé un mémoire à la Cour suprême du Canada. Moi j’ai un handicap visuel, mais ce collectif comprend des centaines d’enseignants qui ont le cancer, qui n’ont pas encore leur permanence, qui sont de jeunes mères, etc. 

En bref, je suis devenue défenseure des droits et libertés des travailleurs dans mon domaine. Le but est de rompre l’omertà, le silence. Beaucoup d’enseignants ont peur de dénoncer et de subir des répercussions par la suite. Je suis une lanceuse d’alertes, c’est-à-dire que j’ose dénoncer des situations de discrimination dans le milieu de l’éducation. Mon militantisme m’a amenée à collaborer avec des députés de différents partis et dans les paliers municipal, provincial et fédéral. 

Ce que ça prend pour faire de la défense de droits

La défense de droit, ce n’est pas une question de quotient intellectuel, de capacité physique, de niveau de scolarité ; ce que ça prend, c’est un trait de caractère. 

Quand j’étais petite, il y avait un petit gars dans ma classe qui avait de l’eczéma sévère. Toute sa peau était une gale. Comme sa main était rugueuse et galleuse, personne ne voulait lui toucher la main. Mais j’étais tellement sensible que je ressentais son exclusion, donc je lui ai tenu la main. Je préférais avoir moi-même mal au cœur plutôt qu’il se sente rejeté. Je cherchais toujours à intégrer ceux qui étaient isolés. 

On pourrait appeler ce trait de caractère de la compassion. La compassion commence par une sensibilité aux blessures des autres : l’injustice, le rejet, l’humiliation, la trahison, l’abandon. Mais ça ne s’arrête pas là. La compassion, c’est agir sans rien attendre en retour. C’est le cœur en action. Cela requiert un véritable engagement. La défense de droits c’est d’abord et avant tout d’écouter l’autre, de lui redonner du pouvoir en écoutant sa souffrance. 

Des hauts et des bas

Un de mes plus grands succès dans mes démarches, c’est lorsque des gens m’ont dit “On ne sait pas ce qu’on aurait fait si tu ne nous avais pas aidés”. C’est valorisant de voir que j’ai pu faire une différence en aidant des gens avec leurs dossiers légaux. Je vis aussi des moments décourageants. Par exemple, ma demande de transport adapté à Laval vient d’être refusée pour la deuxième fois. J’ai aussi beaucoup de difficulté à obtenir le crédit d’impôt pour personnes handicapées, car mon dossier est trop complexe. 

C’est aussi un défi financier. Pour être bien entourée, je dois payer autant le médical que le juridique. Moi je ne charge rien quand j’aide des personnes avec leurs dossiers légaux — je le fais bénévolement — mais quand j’ai besoin d’aide, je dois m’entourer de professionnels ou débourser d’importantes sommes d’argent.

Par où commencer ?

Ce que je dirais à toute personne qui aimerait s’impliquer dans la défense de droits, c’est de d’abord prendre soin de soi. Premièrement, défendez-vous, luttez pour vos propres droits, ayez assez de compassion envers vous-même pour faire respecter vos droits. Si vous ne savez pas comment vous y prendre, allez chercher l’aide et les ressources dont vous avez besoin. Et ensuite, si ça se passe bien, vous penserez à aider les autres. Je dirais aussi qu’on ne peut pas se comparer les uns les autres. Chacun remplit sa propre mission de vie. » 

Visionnez la vidéo produite par le CEDH : https://youtu.be/YqHMeZa5kpg