Daniel Roy : le ski de fond pour se sentir libre
Daniel Roy est membre du RAAMM depuis 25 ans. Il nous parle de sa passion pour le sport, plus précisément pour le ski de fond.
« J’ai toujours aimé le sport depuis que je suis très jeune. J’ai grandi à la campagne et on s’amusait avec les voisins et les amis. On faisait de la raquette, du patin à glace et de la traîne sauvage. Mon père faisait une patinoire en arrière de chez nous et il y avait aussi une côte pour glisser.
Quand j’ai perdu la vue subitement, le sport et l’activité physique m’ont aidé à rester à la surface. C’est là que j’ai découvert le ski de fond. J’ai commencé à en faire autour de 1988-1990 avec l’ASAMM.
Pour pratiquer ce sport, je suis toujours accompagné d’un guide. Habituellement, les sillons sont tracés en double, donc mon guide est à ma gauche et il m’indique au fur et à mesure ce qui s’en vient dans notre parcours. Il doit me donner des indications assez précises des dénivellations et des tournants. On utilise une échelle de 1 à 5 pour mesurer le niveau de difficulté des côtes et l’horloge pour indiquer le degré d’une courbe.
Au moment de descendre une côte, on s’arrête en haut et il me dit si les sillons sont bien tracés. Quand c’est le cas, je garde un ski dans le sillon et l’autre est en chasse-neige.
Lorsque je dois descendre une côte complètement en chasse-neige parce qu’il n’y a pas de sillons, mon guide va en avant de moi, et il dit “bla bla bla” tout au long de sa descente afin que je puisse me diriger au son de sa voix. Je le suis de très près. À tout moment, s’il dit “stop”, il faut arrêter immédiatement. Bref, les consignes sont très importantes.
On va un peu partout, dans différents centres de ski. On en a fait plusieurs dans le coin de Montréal et ailleurs au Québec ; on est allé au camp Mercier, à Lac-Mégantic et en Gaspésie. Personnellement, je suis rendu au niveau intermédiaire avancé, mais je respecte toujours le niveau de mon guide. S’il ne se sent pas à l’aise, on fera des pistes moins avancées et ça me va très bien comme ça. Souvent, on part tôt le matin, on apporte un lunch et on revient vers 16h. Ça fait vraiment des belles journées !
Mon défi cette année, c’est de me remettre en forme. En 2018, je m’étais blessé à la hanche, donc j’ai perdu du cardio et de la souplesse. Je me suis rééquipé à neuf cette année, et j’en ai fait juste une fois cet hiver. Mais je remonte la pente tranquillement.
Le ski de fond c’est un sport très facile quand on a la technique, ce sont surtout les jambes qui travaillent et le cardio. Le but n’est pas de trop se pousser, mais de s’amuser. On va à notre rythme et c’est toujours agréable.
Perdre la vue d’un coup sec, ce n’est pas évident. Mais la vie ne s’arrête pas là. Quand je fais du sport, je me sens libre. Je n’ai aucune crainte, je ne pense pas à mes responsabilités. Ça permet d’oublier les problèmes du quotidien, de mettre les bobos de côté et de ne pas être absorbé par ça.
Je trouve ça toujours encourageant de voir des personnes non voyantes qui font des activités. On peut commencer par des exercices à l’intérieur pour retrouver une certaine forme, par exemple le Gym tonique ou les ateliers de Pilates du RAAMM. Et ensuite, l’ASAMM est un beau milieu pour se mettre au sport extérieur ; ils sont bien formés et peuvent rassurer ceux qui ont certaines craintes. Tout se fait de manière sécuritaire et graduelle. En ski, par exemple, on commence par des trajets faciles. Petit train va loin ! »