Le RAAMM dénonce les coupures au financement des Contrats d’intégration au travail
Chaque année, la fête du Travail souligne les droits des travailleurs et l’accès à de meilleures conditions de travail. Mais qu’en est-il de l’égalité des chances pour les travailleurs en situation de handicap?
Au Québec, 1,5 million de personnes vivent avec une incapacité, ce qui représente 21 % de la population de 15 ans et plus. Or, ces dernières sont toujours confrontées à des obstacles majeurs qui freinent leur participation à la vie active.
J’ai récemment appris que plusieurs employeurs de notre région ont reçu une lettre de Services Québec leur annonçant sèchement des coupures dans le montant attribué à l’embauche et au maintien en emploi de leur personnel handicapé. La mesure touchée, le Contrat d’intégration au travail (CIT), est une mesure incontournable permettant de rembourser à l’employeur en tout ou en partie les frais d’accommodement des personnes handicapées employées. C’est un coup de massue pour les entreprises et les organismes qui comptent des personnes handicapées dans leur équipe de travail.
D’un côté, Services Québec nous informe que ces coupures permettront d’attribuer des contrats d’intégration au travail à plus de gens. De l’autre, le ministère de l’Emploi et de la solidarité sociale (MESS) nous informe qu’il n’a pas eu le choix de couper dans les CIT puisque le gouvernement canadien a diminué de 16% les transferts fédéraux en main-d’œuvre au Québec.
Peu importe à qui la faute, depuis le 1er août, 5% des dépenses d’accommodement de plus seront à la charge des employeurs. Comme directrice générale représentant les personnes aveugles et malvoyantes du Montréal métropolitain, je suis bien placée pour constater les conséquences désastreuses que ces premières coupures auront : perte d’heure de travail, mise à pied, refus d’embauche et la liste continue…
Les gouvernements Legault et Trudeau s’évertuent depuis des années à mener de coûteuses campagnes afin d’encourager l’embauche des personnes handicapées. C’est même le thème récurrent de la semaine des personnes handicapées portée par l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ). Quelle cohérence y a-t-il à investir des centaines de milliers de dollars dans des campagnes pour encourager les employeurs à engager des personnes handicapées si on coupe une mesure structurelle qui aide concrètement les personnes ayant des besoins d’accommodement à obtenir un emploi ?
Les personnes handicapées rencontrent déjà assez d’embuches lorsqu’elles tentent d’intégrer le marché du travail! Avant même ces coupures, les besoins d’accommodement étaient tellement criants que dans plusieurs régions du Québec, des listes d’attentes sont mises en place pour obtenir un CIT. Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitaine (RAAMM) demande que la ministre Champagne-Jourdain soit cohérente avec les orientations de son gouvernement, qu’elle annonce l’annulation des coupures prévue et le réinvestissement dans cette mesure nécessaire à l’intégration au travail des personnes handicapées. Que son gouvernement fasse preuve de créativité afin de promouvoir l’accès à l’emploi des Québécoises et des Québécois en situation de handicap.
Pascale Dussault, directrice générale du RAAMM
Pour lire l’article paru dans le Courrier du Sud avec médias: https://www.lecourrierdusud.ca/des-organismes-craignent-pour-le-maintien-a-lemploi-de-personnes-handicapees