Écho du RAAMM pour la période du 25 au 31 mai

25 mai 2020

Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 25 au  31 mai 2020.

Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.
Sommaire

1. L’accompagnement des personnes aveugles et malvoyantes, un enjeu majeur et incompris

Voici une lettre cosignée par le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec, l’Association sportive des aveugles du Québec – ASAQ, l’ AQPEHV, la Fondation des Aveugles du Québec et la Fondation INCA qui a été envoyé au docteur Arruda concernant l’accompagnement des personnes ayant des limitations visuelles :

Le 20 mai 2020

Docteur Horacio Arruda
Directeur national de la santé publique et sous-ministre adjoint
Ministère de la Santé et des Services sociaux

Objet : L’accompagnement des personnes aveugles et malvoyantes, un enjeu majeur et incompris.

Monsieur le Directeur national de la santé publique et sous-ministre adjoint,

Le 4 mai dernier, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) a diffusé le communiqué de presse « Pour les personnes aveugles ou malvoyantes, se faire accompagner n’est pas un crime ». Ce communiqué demande entre autres choses que le gouvernement du Québec envoie un message clair et sans équivoque : les personnes ayant des limitations visuelles ont le droit de se faire accompagner et ne peuvent être réprimandées pour cela. La communauté a senti le besoin de faire cette communication parce que la situation actuelle n’est pas claire. Dans les décrets déclarant l’état d’urgence sanitaire, il est indiqué qu’une personne qui reçoit d’une autre personne un service ou son soutien est exclue de l’interdiction de rassemblement extérieur. Pour nos associations, cette affirmation permet clairement l’accompagnement. Cependant, sur la page Web gouvernemental « Questions et réponses sur les événements et les activités touristiques dans le contexte de la COVID-19 », il est possible de lire que les consignes sanitaires permettent l’accompagnement uniquement par une personne habitant sous le même toit. Cette consigne, qui est contraire à ce que l’on peut lire dans les décrets, condamnerait les personnes en situation de handicap visuel qui n’habite pas avec une personne en mesure de les guider à ne pas se faire accompagner.

Tous les jours, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ), l’Association sportive des aveugles du Québec (ASAQ), l’Association québécoise des parents d’enfants handicapées visuelles (AQPEHV), la Fondation des aveugles du Québec (FAQ) et la Fondation INCA reçoivent des appels de personnes aveugles et malvoyantes inquiètent qui se sont fait refuser le droit à un accompagnateur dans un supermarché, qui ne veulent pas sortir marcher par peur de se faire verbaliser par un policier et qui s’isolent. Malheureusement, sur les nombreux corps policiers que nous avons contactés, un seul a été en mesure de nous indiquer que le soutien offert par l’accompagnement était exclu de l’interdiction de rassemblement extérieur.
La reprise des activités sportives individuelles inquiète aussi beaucoup. En effet, les personnes handicapées visuelles, comme les autres, ont le droit de pratiquer le jogging, le vélo ou autre. Cependant, pour le faire, elles doivent être accompagnées. Pensons aussi aux jeunes en situation de handicap visuel qui fréquenteront des camps de jour cet été. Comment penser que ces enfants seront encadrés adéquatement sans un accompagnateur?

Monsieur Arruda, il est primordial qu’à l’instar de la docteure Jennifer Russel, médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick qui a annoncé que les accompagnateurs sont des travailleurs essentiels exclus des protocoles de distanciation sociale, vous clarifiiez la situation au Québec. Il est important que vous annonciez publiquement que l’accompagnement est un travail essentiel exclu des protocoles de distanciations sociales. Plusieurs choses doivent aussi être faites en amont de cette annonce pour s’assurer que l’accompagnement se fasse de façon adéquate :

Les services d’accompagnement bénévole doivent être considérés comme des services essentiels.
• Une procédure présentant les pratiques sécuritaires à adopter pour guider une personne en situation de handicap visuel en période de pandémie doit être élaborée et approuvée par la direction nationale de la Santé publique.
• Des ressources doivent être données aux organismes communautaires offrant de l’accompagnement pour qu’ils puissent se procurer le matériel de protection approprié.

Rappelons que le gouvernement du Québec a la responsabilité de s’assurer que les personnes ayant des limitations visuelles puissent se déplacer de manière sécuritaire. Clarifier la situation pour les personnes ayant besoin d’accompagnement est donc une priorité. Comme c’est un enjeu qui peut être complexe, n’hésitez pas à nous contacter. Nos organisations seront là pour vous offrir du support.

Veuillez agréer, Docteur Arruda, de nos sentiments les plus distingués.

 

Francine David
Présidente
Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ)

Josué Coudé
Président
Association sportive des aveugles du Québec (ASAQ)

Guy Gingras
Président
Association québécoise des parents d’enfants handicapées visuelles (AQPEHV)

Ronald Beauregard
Directeur général
Fondation des Aveugles du Québec

David Demers
Directeur général
INCA Québec

Source : https://raaq.qc.ca/covid-19/accompagnement/

2. Les aveugles, ces grands oubliés de la COVID-19

Article de Jean-François Nadeau publié le 17 mai 20 sur Ici-Radio-Canada

Les mesures sanitaires imposées depuis le début de la pandémie rendent beaucoup plus complexe le quotidien des personnes aveugles ou qui souffrent de déficience visuelle. Elles ont souvent l’impression d’être oubliées par les autorités et rappellent que des accommodements sont parfois nécessaires.

La plupart des commerces ouverts ont ajouté des flèches au plancher, des affiches ou encore de nouveaux murets pour forcer la clientèle à suivre un parcours et respecter la distanciation de deux mètres entre les personnes.

Ces modifications, parfois difficiles à détecter pour les malvoyants, modifient grandement l’environnement dans lequel ils ont l’habitude d’évoluer.

Guides essentiels

Se déplacer en public devient ardu pour les aveugles et un des plus grands défis, selon René Binet, c’est de sensibiliser les gens au fait que plusieurs personnes handicapées visuellement doivent être guidées par un accompagnateur.

La façon d’être guidé, il n’y en a pas 10 000. C’est de prendre le coude de la personne. Dans un contexte de distanciation sociale, la population ne comprend pas toujours qu’on n’a pas le choix de toucher à la personne pour être guidé. Il y a des gens à Montréal qui se sont fait apostropher, raconte le directeur général du Regroupement des personnes handicapées visuelles des régions de Québec et Chaudière-Appalaches.

Oubliés des autorités

René Binet souhaite que le gouvernement Legault et la santé publique en fassent davantage pour sensibiliser les citoyens à cette réalité.

Ce qu’on déplore, c’est que la santé publique, particulièrement lors des points de presse quotidiens, on ne parle vraiment pas des personnes handicapées. On a l’impression que dans tout ce contexte-là, on est laissés pour compte, affirme René Binet.

Les personnes handicapées visuellement doivent également toucher les objets qu’elles veulent acheter. C’est, en quelque sorte, leur façon de les voir. Cela augmente les risques de propagation de la COVID-19, tant pour la personne qui souffre de déficience visuelle, que pour les autres en général.

Dans ce contexte, le lavage des mains et le port du masque deviennent encore plus importants pour les malvoyants.

Comme bien des personnes dans sa situation, René Binet affirme qu’il n’est plus en mesure d’aller faire des achats seul dans bien des commerces de Québec.

Il y a souvent un Plexiglas à la caisse. On ne peut pas faire la transaction entièrement nous-mêmes. Dans certains commerces, on doit scanner nous-mêmes les produits ou présenter le code barre au commis. Juste trouver le code-barre, c’est tout un exploit. On n’est pas capables de faire ça nous-mêmes, illustre-t-il.

Accommodements demandés au RTC

Se déplacer dans le transport en commun est également plus complexe. Depuis le début de la pandémie, le Réseau de transport de la Capitale (RTC) demande aux usagers d’utiliser la porte arrière pour monter et descendre des autobus.

Or, il est beaucoup plus facile pour les personnes qui souffrent d’une déficience visuelle d’utiliser la porte avant.

Lorsqu’on vient pour débarquer, c’est beaucoup plus facile pour nous de débarquer à l’avant que de se faufiler à l’arrière. Généralement, nous utilisons le banc qui est à l’arrière du chauffeur, explique René Binet.

Le Regroupement des personnes handicapées visuelles demande au RTC de permettre aux personnes qu’il représente de continuer d’utiliser la porte avant.

Une rencontre est prévue la semaine prochaine avec le RTC afin d’en discuter.

Retour des bénévoles?

Avec le début du déconfinement, de plus en plus de personnes malvoyantes souhaitent sortir de chez elles.

Le Regroupement des personnes handicapées visuelles profite habituellement des services de 5 ou 6 bénévoles pour faire de l’accompagnement.

Ça va être tout un travail de convaincre les gens qui étaient bénévoles au niveau de notre service de soutien et de raccompagnement de revenir. Nous sommes en train de les contacter. Ce sont des gens qui s’impliquent beaucoup. On devrait être capable de les convaincre, estime René Binet.

À lire aussi :

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1703346/difficile-respecter-mesures-sanitaires-aveugle-coronavirus

3. Les mesures de distanciation physique représentent un défi pour les non-voyants

Article de Michelle McQuigge – La Presse canadienne publié le 17 mai 2020 dans Le Devoir

Les mesures de distanciation physique mises en place un peu partout au sein de la société canadienne doivent, en principe, servir de bouclier contre à la COVID-19. Pourtant, Nick D’Ambrosio ne se sent pas protégé.

Maintenir une distance de deux mètres est un défi pour l’homme de 49 ans, qui a perdu presque toute sa vision et qui circule maintenant avec une canne blanche.

Or, ni cet accessoire ni la vision qui lui reste suffisent à lui permettre de garder une distance sécuritaire d’autres personnes, que ce soit dans la pharmacie de la région de Montréal où il remplit des étagères depuis 22 ans, soit lors de sorties pour faire des courses essentielles.

De plus, M. D’Ambrosio doit parfois solliciter l’aide visuelle d’autres personnes — augmentant du coup le risque d’exposition au coronavirus — afin de respecter d’autres mesures proactives, comme l’installation de distributeurs de désinfectant pour les mains ou de marques sur le plancher pour gérer l’affluence dans les espaces publics.

M. D’Ambrosio se considère chanceux de compter sur le soutien de collègues et d’êtres chers pour l’aider à réduire les risques qu’il court, mais les nouvelles barrières ajoutent une dimension d’anxiété pour les non-voyants au pays.

«J’ai eu peur pendant une bonne partie de ma vie et je ne veux plus avoir peur, a déclaré M. D’Ambrosio lors d’une entrevue téléphonique. Mais est-ce que l’anxiété subsiste en moi à certains moments? Je vous mentirais si je disais non.»

Bien que la COVID-19 fasse des dégâts qui sont ressentis partout dans la société, de plus en plus de gens insistent sur l’impact du virus sur les personnes handicapées à travers le monde.

Dernièrement, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé aux gouvernements d’apporter une plus grande attention aux besoins uniques de leurs citoyens handicapés.

«Les personnes aux prises avec un handicap font partie des gens les plus durement touchés par la COVID-19, a déclaré M. Guterres dans un communiqué. Ils sont confrontés à un manque d’information en santé publique, à d’importants obstacles pour mettre en pratique des mesures hygiéniques de base et à des établissements de santé inaccessibles. S’ils contractent la COVID-19, plusieurs d’entre eux sont susceptibles de développer de sévères problèmes de santé, qui pourraient causer la mort.»

Les Canadiens aux prises avec une perte de vision font partie de ceux ressentant les plus disproportionnées issues du virus et des mesures visant à en protéger les citoyens, selon un récent sondage commandé par le Conseil canadien des aveugles (CCA).

Le questionnaire en ligne, qui a été répondu par plus de 500 personnes non-voyantes, malvoyantes et sourdes-aveugles, a identifié de nombreuses sources d’inquiétude touchant presque tous les aspects de la vie quotidienne.

Près de la moitié des répondants ont affirmé ne pas se sentir en sécurité lorsqu’ils quittent leur domicile depuis le début de la pandémie, en grande partie à cause de la difficulté à observer les protocoles de distanciation sociale ou de l’incapacité des gens en santé à maintenir une distance sécuritaire.

D’autres sources d’inquiétude incluent l’accessibilité aux sites de dépistage de la COVID-19, la capacité à utiliser le transport en commun de façon sécuritaire, une plus grande vulnérabilité financière et les effets néfastes accrus de l’isolement social sur la santé mentale.

Louise Gillis, présidente du CCA, affirme que des Canadiens ont été la cible de mépris parce qu’ils ont, involontairement, transgressé les mesures de santé publique qu’il leur est difficile d’observer.

Dans la majeure partie des cas, mentionne-t-elle, les peurs de la communauté sont les conséquences d’enjeux systémiques qui existaient déjà, mais qui sont maintenant exacerbés par la COVID-19.

«Nous semblons plus vulnérables quand quelque chose se produit», dit-elle.

Le sondage du Conseil a permis de découvrir qu’une sensibilisation de la population et des messages plus efficaces venant de tous les niveaux gouvernementaux sont nécessaires pour limiter les effets et les répercussions de la COVID sur la population aux prises avec une perte de vision.

M. D’Ambrosio est d’accord, et il ajoute que les défis uniques que lui et ses paires doivent affronter ne pourront pas être éternellement ignorés.

«En ce moment, nous en sommes aux premières étapes et les choses changent quotidiennement. Alors, je ne sais pas s’il s’agit de la nouvelle norme, je ne sais pas si ça va durer… mais éventuellement, nos droits devront être entendus.»

Source :https://www.ledevoir.com/societe/sante/579125/les-mesures-de-distanciation-physique-representent-un-defi-pour-les-non-voyants?utm_medium=Social&utm_campaign=Autopost&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR172qsKdySD1bgSBMgM8HKQg7kdb4-RUqErxv-ynwSZ6Bxh-JFh4f1pirE#Echobox=1589736050

4. Coudées franches

Chronique de Mario Girard publiée dans La Presse le 19 mai 2020

La crise liée à la COVID-19 place devant certains groupes minoritaires des entraves dont on ne parle pas. C’est le cas des non-voyants qui, privés du contact physique d’un bénévole, peuvent plus difficilement se déplacer ou faire des balades.

Agrippé au coude de la personne aveugle, le bénévole peut aisément guider les pas de celui ou celle qui souffre d’une déficience visuelle. Comment bouger et avancer dans la ville ou dans la nature alors que nous vivons à l’ère de la distanciation ?

Il reste bien sûr la technique du bâton, c’est-à-dire celle où le non-voyant et le bénévole-guide marchent l’un derrière l’autre en utilisant la canne comme lien. Mais comme Yves-Marie Lefebvre est un homme de défi, il a imaginé autre chose.

Devenu aveugle après plusieurs greffes de la cornée, ce Montréalais est l’un des membres de l’Association des sports pour aveugles du Montréal métropolitain (ASAMM), un organisme dont le mandat est d’organiser des activités sportives pour les non-voyants : randonnée, ski de fond, raquette, vélo en tandem, golf, etc.

Yves-Marie m’a proposé de marcher dans la ville en sa compagnie. Il avait convié son ami Daniel Roy, également non-voyant, de même que Liba Masna et Raynald Lapierre, deux bénévoles. Nous nous sommes retrouvés près de la station de métro Laurier alors qu’il faisait un temps magnifique. Yves-Marie a suggéré que l’on se rende au parc La Fontaine.

Alors que Daniel et Raynald utilisaient la technique du bâton, Yves-Marie et Liba ont eu recours à l’approche dite de « supervision ». Le guide demeure quelques mètres derrière la personne aveugle pendant que celle-ci avance avec sa canne. Le guide donne des indications uniquement en cas de danger.

« Au début, je donnais beaucoup de directives, m’a dit Liba. Maintenant, je ne parle presque plus. »

Yves-Marie a appris il y a quelques jours qu’il sera définitivement aveugle pour le reste de ses jours. Habitué à retrouver partiellement la vue au cours des dernières années, il pouvait compter sur cela pour se déplacer dans la ville.

« Cette technique m’oblige à aller plus loin. Elle me procure une énorme confiance en moi, m’a-t-il dit. J’avais besoin de cela pour franchir cette étape. J’ai été cloîtré chez moi pendant deux ans. Aller chercher une bouteille de vin était une véritable expédition. Finalement, cette pandémie m’a fait avancer. »

Quand il a commencé à développer cette technique, Yves-Marie était craintif. « Puis, un jour, j’ai proposé qu’on aille marcher dans le ‟tunnel de la mort”, au coin d’Iberville et de Saint-Joseph, raconte-t-il. Ce fut un moment charnière. »

Le succès de ces marches à distance repose en grande partie sur la relation entre la personne non voyante et le guide.

« Il faut que la personne aveugle soit courageuse et qu’elle ait confiance en l’autre », m’a confié Liba. Là-dessus, la gentille bénévole m’a invité à marcher en ligne droite, les yeux fermés. En effet, tout un tour de force.

J’ai voulu savoir pourquoi Yves-Marie et Daniel n’avaient pas un chien-guide. « C’est un choix, a dit Daniel. Un chien-guide, c’est précieux, mais c’est 24 heures sur 24. »

À un moment donné, Yves-Marie a failli « embrasser un poteau ». J’ai crié très fort : « Attention ! » Tout le monde a éclaté de rire. « Ouais, tu ferais un guide stressant », m’a dit Raynald.

Déambuler dans la ville avec des non-voyants est une expérience très enrichissante. Il est fascinant de voir à quel point la mémoire est un outil primordial pour ceux qui n’ont plus le sens de la vue. Chaque nom de rue, chaque emplacement de ruelle, chaque ajout urbanistique, chaque feu de circulation, tout cela est inscrit dans leur tête.

« Si vous voulez connaître les zones où il y a des travaux et les endroits où les trottoirs sont mal foutus, vous n’avez qu’à nous le demander », m’a dit à la blague Daniel.

Arrivés au parc La Fontaine, nous sommes allés voir l’œuvre de Michel Goulet sur le belvédère Léo-Ayotte. Yves-Marie s’est mis à décrire le travail de l’artiste en expliquant que cette œuvre est scindée en deux. Le premier volet de cette série de chaises, la signature de l’artiste, est érigé sur la place Roy.

« Devant nous, il y a six chaises en demi-cercle, a dit Yves-Marie. Sur la place Roy, les objets ont des formes abstraites, mais ici, l’artiste a mis des objets de la vie de tous les jours. Si vous regardez attentivement, vous allez les voir sous les chaises. Il y a un ballon de soccer, un sac à lunch, des jumelles, etc. »

Moi qui vis à un jet de pierre de cette œuvre, moi qui passe à côté des chaises de Michel Goulet pratiquement tous les jours, je n’avais jamais remarqué ces détails.

Merci pour ces renseignements. Et pour la leçon.

P.-S. L’ASAMM a un criant besoin de bénévoles. Si cela vous intéresse… > Consultez le site de l’ASAMM

Source : https://www.lapresse.ca/covid-19/202005/18/01-5274072-coudees-franches.php

5. Comment trouver ses repères quand tout le quotidien est chamboulé et que l’aide n’est plus aussi spontanée ? Une épreuve pour les personnes aveugles qui appellent à un « après solidaire »

Article de E. Dal’Secco publié le 20 mai 2020 par Handicap.fr

Bas du formulaire

Haut du formulaireLe mot est répété en boucle : « distanciation ». Certains pensent-ils que le handicap visuel serait-il contagieux ? C’est ce que redoutent les personnes aveugles qui, au quotidien, sollicitent inconnus et passants en cas de besoin, s’accommodant d’un contact rapproché, d’un bras touché… Ces nouvelles habitudes sociales risquent-elles de compromettre leur mobilité, et surtout leur relation à l’autre ?

Personnes handicapées impactées

Si les limites imposées par un déconfinement progressif impactent des millions de Français, il est des publics pour qui ces contraintes sont source d’inquiétudes. Les personnes sourdes se demandent comment elles vont réussir à communiquer face à des visages systématiquement masqués, les personnes autistes vivent difficilement la perte de leurs rituels tandis que celles avec une déficience visuelle ou aveugles vont devoir s’accommoder de ces nouvelles habitudes qui chamboulent un quotidien souvent très structuré. « Des problématiques trop rarement évoquées », selon Michel Vincent, président de l’Association des aveugles de France, alors qu’elles concernent près de deux millions de citoyens dans l’Hexagone.

De l’aide à distance

L’association Voir ensemble redoute qu’une « mise en œuvre trop stricte » du déconfinement « isole » encore davantage les personnes en situation de handicap visuel. A distanciation « sociale », elle préfère le terme de « physique » au motif que « nous avons plus que besoin, aujourd’hui, de lien social, d’entraide, de solidarité ». Or cette dernière s’en trouve altérée constate Luc, non-voyant, qui vit à la campagne et perçoit un vrai « malaise » : « Le changement d’attitude est flagrant. On sent que les passants sont moins réceptifs, et la méfiance est manifeste ». A la gare, un agent a accepté de déroger au protocole très strict mis en place par la SNCF : « Normalement, je ne devrais pas vous toucher et seulement vous guider à la voix », lui explique-t-il. « Trop risqué pour moi », répond Luc.

Perte de repères

Avec les nouvelles modalités de déplacement, ce sont aussi les repères spatiaux qui volent en éclat, imposant par exemple un sens de circulation dans les grandes surfaces ou des emplacements au sol pour assurer le respect des distances de sécurité. Valérie Haccart, déficiente visuelle, qui vit dans la métropole lilloise, doit s’en accommoder. Dans son magasin habituel, qu’elle connaît pourtant par cœur, elle se dit « complétement perdue » : « Impossible de trouver l’entrée, je me suis retrouvée devant des grilles fermées. Même galère pour sortir. » Sans compter la recrudescence de ruban de signalisation placé en hauteur qu’elle ne peut pas détecter avec sa canne et barre son chemin. Seul avantage, selon elle, sa canne, qui mesure 1m25, permet de conserver les distances du nouveau « mètre étalon ». Même déroute pour Luc pour qui faire ses courses est désormais un « parcours du combattant » quand il n’est pas accompagné. Il lui faut suivre des flèches au sol qu’il est incapable de voir… Ensuite, alors que les personnes déficientes visuelles utilisent fréquemment le toucher pour faire leurs courses en toute autonomie, les consignes actuelles risquent de limiter ces gestes.

Une campagne de sensibilisation

Dans ce contexte, l’association Voir ensemble entend « sensibiliser le grand public à l’importance de l’aide qu’il peut apporter aux personnes aveugles et malvoyantes même dans cette situation inédite ». Le 18 mai, elle a donc lancé une campagne de communication sur ses réseaux sociaux afin de mettre en avant quatre « gestes solidaires ». C’est d’abord continuer à proposer de l’aide dans la rue. Mais c’est aussi s’enquérir de la situation d’une personne à son domicile, encore plus isolée que d’ordinaire. Troisième geste : « Dans les commerces, quand vous rencontrerez une personne aveugle ou malvoyante, proposez-lui votre aide pour lui décrire les produits ». Enfin, l’association rappelle que la « déficience visuelle n’est pas un facteur de risque », que la « solidarité est contagieuse » et appelle à ne pas « confiner l’entraide ». Valérie, après un voyage en métro jusqu’à la gare Lille-Flandres, se dit tout de même rassurée. Un peu déboussolée, elle a trouvé l’assistance escomptée tandis que, lors d’une balade, des passants qui la pensaient égarée lui ont offert leur aide « aimablement ».

Respect des gestes barrière

Le déconfinement pose aussi de façon très concrète la « question du respect ou plus exactement de la bonne compréhension des gestes barrière », poursuit Michel Vincent. Les personnes déficientes visuelles ne font pas partie des personnes vulnérables mais leur façon d’aborder le monde et les autres, sans voir, peut représenter un danger supplémentaire. « Chez nous, nos yeux sont au bout de nos doigts, ne pas toucher pour nous, c’est comme vous mettre perpétuellement un bandeau sur vos yeux, à vous, voyants ». Un exemple très concret : éternuer dans son coude ; c’est ce même coude qui est proposé à une personne aveugle pour la guider, au risque de l’infecter. Leurs professionnels (psychomotriciens, instructeurs en locomotion et en activité de la vie journalière, médecins…) ont donc réalisé une série de documents, affiches, vidéos, tutoriels métiers précisant les gestes barrière et de solidarité en direction des personnes aveugles. Par exemple, donner la priorité aux personnes handicapées, les guider verbalement, expliquer une situation avec les termes appropriés, autoriser l’accès aux chiens-guide…

Des mesures compensatoires

Voir ensemble demande par ailleurs que « des mesures compensatoires » soit mises temporairement en œuvre, comme un accès facilité pour ce public aux VTC et taxis. Rappelons que le Fiphfp (fonds dédié à l’emploi des personnes handicapées dans le public) a mis en place une aide qui a pour objectif de favoriser le travail à distance pour les travailleurs handicapés qui ne sont pas habituellement en télétravail tandis que l’Agefiph (son homologue dans le privé) propose de compenser les difficultés de transport (transport adapté, mise en place du co-voiturage), à analyser au cas par cas.

Reste un problème soulevé par Luc, les boutiques de l’association Valentin Haüy, fournisseur de matériel adapté pour personnes aveugles et malvoyantes, ont fermé leurs portes depuis le début du confinement, y compris en ligne ; « Aucune commande ne sera traitée », précise le site. « Parce qu’ils ont le monopole sur certains produits », impossible pour lui, par exemple, de se fournir en embouts tournants qui se fixent à l’extrémité de sa canne canadienne.

Source : https://informations.handicap.fr/a-distanciation-personnes-aveugles-perte-de-reperes-12916.php

6. Goalball : Nancy Morin, le bras canadien, s’éteint

Montréal le 16 mai 2020 – Elle laisse dans le deuil ses parents, Claudette et Claude Morin ainsi que son frère Martin.

Décédée le 8 mai dernier à l’âge de 44 ans, Nancy a participé à cinq Jeux paralympiques, remportant deux médailles d’or à Sydney et Athènes. Récipiendaire du prix Maurice dans la catégorie Athlète féminine en sport collectif, remis au Gala de Sports Québec en 2011, Nancy était très émue car son idole était Maurice Richard.

Elle a participé à 23 championnats canadiens de goalball, jouant en finale de bronze ou d’or à 22 reprises et à 33 compétitions internationales, dont 5 Jeux paralympiques, se retrouvant 18 fois en finale or et 8 fois en finale bronze. Plusieurs fois nommée meilleure buteuse, autant dans des compétitions de niveau national qu’international. Elle était fière d’être choisie porte drapeau aux Jeux para panaméricains en 2009, à Colorado Springs, aux États-Unis.

Nancy s’est impliquée au conseil d’administration de l’Association sportive des aveugles du Québec (ASAQ), aidant aux levées de fonds telles que les goalball-o-thon ou la Course lumière. Elle a également été conférencière dans les écoles du Québec afin de faire découvrir sa passion, le goalball. Aimée des élèves, les professeurs disaient qu’elle était une vraie inspiration pour les jeunes.

Tous ces accomplissements démontrent l’impact qu’elle a eu pour le sport féminin au Québec, mais également à l’international.

Sous le choc! « En ce temps de covid-19, nous nous attendons à recevoir un appel d’un proche nous informant  d’un décès. Mais recevoir un appel annonçant le décès d’une athlète qui a pris sa retraite il y a moins de deux ans, c’est un cauchemar », dit la Directrice générale de l’ASAQ.

L’entraîneure du Québec, Nathalie Séguin, dit de son côté : « Nancy a été parmi les premiers athlètes que j’ai entraînés lorsque j’ai découvert le goalball avec l’ASAQ il y a presque 10 ans. Je l’ai suivie jusqu’à sa retraite et elle continuait à venir nous aider aux pratiques. Elle m’a certainement fait grandir en tant qu’entraîneure et j’essaie tous les jours d’inculquer ses qualités à mes athlètes : la combativité, la persévérance, la performance en travaillant tous vers un objectif commun. Nous perdons une GRANDE joueuse au Québec, non seulement au goalball, mais dans l’ensemble des sports collectifs féminins. »

Il n’y aura pas de funérailles et Claudette et Claude Morin liront vos mots si vous les envoyez à [email protected]

Le 30 mai prochain, en signe d’hommage, nous invitons ceux et celles qui le veulent à mettre une photo de Nancy sur leur profil Facebook afin qu’elle sente que nous sommes toutes et tous avec elle. Nancy, tu auras été une inspiration pour plusieurs personnes, petites et grandes!

Source : Association sportive des aveugles du Québec (ASAQ)

Tél : 514-252-3178 poste 3768

Courriel : [email protected]

Source : https://sportsaveugles.qc.ca/goalball-nancy-morin-le-bras-canadien-seteint/?fbclid=IwAR3nbJGTcZrHPr7jRFJOXK38-oqDawy_Rjg7t829ncSoB1bbWj9VDKRuzDU

7. Voici comment le sprinteur David Brown, aveugle, s’entraîne avec son guide malgré le confinement

Article de Juliette Michenaud publié le 14 mai 2020 par ouest-France.fr

Le confinement mis en place en Californie (États-Unis) depuis fin mars pour tenter d’endiguer la pandémie de coronavirus tient éloignés le sprinteur américain David Brown, aveugle depuis l’âge de 13 ans, et son guide Jerome Avery. Mais pas question pour le champion paralympique du 100 mètres de relâcher l’entraînement.

« C’est notre plus longue période de séparation. » Au Washington Post, Jerome Avery résume la situation. Sur la piste, l’ancien sprinteur américain (41 ans) est le guide du champion paralympique du 100 m David Brown (27 ans). Et jamais le duo n’avait été si longtemps séparé. La raison ? Le confinement et les règles de distanciation physique en vigueur depuis mars en Californie, pour tenter de freiner la propagation du Covid-19.

David Brown est non-voyant depuis l’âge de 13 ans. À 15 mois, des médecins lui ont décelé la maladie de Kawasaki, qui entraînera par la suite un glaucome puis la perte de la vision. Il travaille avec Jerome Avery sur la piste de tartan depuis plusieurs années. David Brown est lié au bras de Jerome Avery, qui le guide lors des compétitions et exercices.

Les deux athlètes se surnomment la « Team BrAvery » (« bravoure » en anglais) du fait de la contraction de leurs deux noms de famille. Ils communiquent grâce au toucher et à la voix, de manière synchronisée, pour passer ensemble la ligne d’arrivée. « C’est un sport individuel, mais vous devez compter sur quelqu’un d’autre pour vous aider », résume David Brown au journal américain.

Entraînements séparés

Mais depuis la fin mars, leur routine d’entraînement a été bouleversée. Le duo du Team USA s’exerçait au centre d’entraînement pour athlètes de haut niveau à Chula Vista, dans la banlieue de San Diego (Californie), quand l’état le plus peuplé des États-Unis a été placé en confinement. Le centre a fermé ses portes. Et les deux sportifs ont dû modifier leur programme. Surtout, ils ont dû arrêter de s’entraîner ensemble, les entraînements en groupe étant découragés.

Depuis, David Brown, le premier homme non-voyant de l’histoire à courir 100 m en moins de 11 secondes, est donc forcé de s’entraîner seul. Vélo d’appartement, corde à sauter, musculation… « Je considère cette période comme un bénéfice. Je gagne en endurance, ce qui va m’aider sur le long terme », explique-t-il au Washington Post. Mais seul, Brown ne peut pas travailler le sprint ou la phase de départ. « Ce qui me manque, c’est la portion vitesse. Mais je suis un sprinter, donc ça ne va pas être vraiment difficile de rectifier le tir. »

Et si le recordman du monde du 100 m (10’’92) dans la catégorie T11 (coureurs non-voyants) s’entraîne seul, c’est aussi le cas de son binôme. À 41 ans et avec quatorze ans de plus que son cadet, Jerome Avery doit rester en forme. Il est guide pour athlètes non-voyants depuis les Jeux Paralympiques de 2004, à Athènes (Grèce).

En quatre olympiades (2004, 2008, 2012 et 2016), il a remporté deux médailles d’or et une en bronze, avec David Brown, donc, mais aussi Josiah Jamison et Lex Gillette. Il est aussi deux fois champion du monde du 100 m aux côtés de David Brown, en 2015 et 2017. Une mission dont il est fier : « Le fait que ma vue soit importante pour quelqu’un d’autre, c’est faire partie de quelque chose de plus grand que moi. C’est une grande chose, d’aider quelqu’un à franchir cette ligne d’arrivée. »

Sur la route de Tokyo

Alors que le gouverneur californien Gavin Newsom a commencé à annoncer un allègement des mesures de confinement cette semaine, et donc un retour progressif aux entraînements traditionnels, Brown et Avery vont devoir continuer de respecter une distanciation physique. Pas facile quand le lien qui les maintient ensemble ne mesure qu’une dizaine de centimètres. Les deux sprinters vont donc devoir se réinventer.

Jerome Avery pourra par exemple courir devant David Brown, en ligne droite, sur quelques dizaines de mètres. Il criera les instructions et la possible trajectoire à rectifier pour guider son partenaire sur la piste. Des exercices déjà réalisés par les deux hommes dans le passé.

« Bientôt, il y aura moins de restrictions, espère David Brown. Donc nous pourrons nous connecter à nouveau et faire plus ensemble, parce que c’est évidemment important. […] Nous voulons vraiment continuer d’avancer, mais nous voulons aussi nous sentir le plus possible en sécurité. »

Après avoir goûté à l’or paralympique à Rio en 2016, les deux hommes ont l’intention de faire partie de l’aventure tokyoïte. Les Olympiades japonaises, prévues en 2020, ont été reportées du 23 juillet au 8 août 2021. Une année de plus pour s’entraîner. Ensemble.

Source : https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/88893/reader/reader.html#!preferred/1/package/88893/pub/126216/page/14

8. Le site InfoAccessible est disponible.

Bonjour à vous tous,

C’est avec plaisir que le groupe de travail (dont je faisais partie au nom de l’AQRIPH) partage officiellement le lien du site Web conçu dans le cadre de la recherche-action Accéder à l’information et à sa compréhension pour une société inclusive : Recherche-action pour augmenter l’accès à l’information et à sa compréhension pour les personnes ayant des incapacités ou de faibles compétences en littératie.

Le site InfoAccessible est disponible au http://w4.uqo.ca/infoaccessible.

Nous vous encourageons à diffuser ce lien et le matériel déposé sur celui-ci à tous vos membres, partenaires, collaborateurs, etc.  

Le site s’adresse à toute personne, organisation ou communauté appelée à produire, réviser ou adapter des contenus d’information d’intérêt général de façon inclusive.

Dans notre région nous devons nous assurer que nos organismes membres connaissent ces outils à leur disposition. Nous devons faire en sorte que nos partenaires des réseaux publics et para publics soient informés de cette recherche et  prennent connaissance du site.

Bonne visite du site !

Source :

Pauline Couture
Directrice Générale
GAPHRSM
1400 Boulevard Édouard, suite 113
Longueuil, QC  J4T 3T2

Téléphone   : (450) 923-1548
Télécopieur : (450) 923-2124

Courriel : [email protected]

Site web : http://www.gaphrsm.ca

9. Le port du masque: comme rendre les sourds aveugles

Article d’Isabelle Mathieu publié le 16 mai 2020 dans Le Soleil
Ève, 12 ans et sourde depuis sa naissance, est retournée à l’école cette semaine. La jeune fille est chanceuse: son enseignante a choisi de ne pas utiliser le masque, mais de se tenir plus loin de ses grands de sixième année. Ève peut continuer de la comprendre en lisant sur ses lèvres. Mais pour combien de temps?

Une consultation menée par l’Association québécoise pour enfants avec problèmes auditifs (AQEPA) de la région de Québec révèle qu’une majorité de ses membres a décidé de ne pas renvoyer les enfants sur les bancs d’école. «Les parents savaient que le professeur allait porter le masque et ils ont évalué que ce serait juste trop difficile pour l’enfant», indique Caroll-Ann Després-Dubé, directrice générale de l’AQEPA – Québec métro.

Même avec des implants ou des appareils, environ trois enfants sourds sur quatre ont besoin de lire sur les lèvres pour comprendre ce qu’ils entendent. Par exemple, face aux mots «pain», «bain», «main», qui se ressemblent beaucoup, c’est le mouvement de la bouche qui permettra à l’enfant sourd de savoir avec précision quel mot est utilisé.

En plus d’empêcher la lecture labiale, le masque atténue le son et empêche de bien saisir le langage non verbal, note Marie-Josée Paradis, audiologiste et elle-même malentendante. Résultat, l’enfant — tout comme l’adulte — vit un bris de communication et un sentiment de rejet.

« Je suis très préoccupée pour la clientèle enfant et adolescente parce qu’ils sont en apprentissage. Et ils ne sont encore pas très bons dans leurs communications pour dire leurs besoins parce qu’ils ne veulent pas être identifiés comme différents. » — Marie-Josée Paradis, audiologiste

Le père de Ève a réussi à acheter sur Internet, au coût de 25 $ l’unité, les fameux masques américains avec une petite visière transparente au niveau de la bouche. Un type de masque cher et très peu disponible pour l’instant au Canada.

Geneviève, la mère de Ève, n’ose pas penser à la rentrée en secondaire 1, lorsque sa fille aura une dizaine de professeurs différents. «Est-ce que les professeurs vont accepter de le porter?» se demande Geneviève. D’autant plus que ce masque n’est pas une panacée, car sa visière peut s’embuer.

Certaines visières qui descendent très bas sur le cou pourraient être une solution, note l’audiologiste Marie-Josée Paradis. «Et il y a plein de solutions qui peuvent être mises de l’avant, insiste-t-elle. Par exemple, l’enseignant peut tourner une capsule vidéo avec la matière sans porter le masque.»

Et les interprètes?

Que faire aussi avec les enfants sourds qui ont l’assistance d’une interprète en classe spécialisée? Elles ne peuvent porter ni masque ni visière puisqu’elles ont à faire des mouvements avec leur bouche et près du visage, explique Claire Moussel, directrice générale de l’AQEPA provinciale. «Une solution est d’installer l’interprète à un bureau collé à celui de l’élève, mais d’avoir du plexiglas autour de l’interprète».

De telles adaptations sont-elles réellement possibles? «On a l’impression que tout le monde est de bonne volonté, mais c’est un casse-tête à l’heure actuelle et ça se peut que les besoins des enfants sourds soient un peu oubliés.»

Caroll-Ann Després-Dubé est convaincue que la crise de la COVID-19 aura un impact sur la scolarité des jeunes sourds, qui décrochent déjà en plus forte proportion que les entendants. En plus des problèmes de communication liés au masque, certains jeunes ont vu leurs heures de service d’orthophonie ou d’orthopédagogie coupées parce que ce personnel de soutien était requis en classe, indique Mme Després-Dubé.

«Il va vraiment falloir que les écoles se mobilisent parce que si ça reste comme ça, ça va être une catastrophe», estime Mme Després-Dubé.

Selon les plus récentes statistiques disponibles de l’Office des personnes handicapées du Québec (2012), il y a 4360 jeunes de moins de 15 ans avec une incapacité liée à l’audition.


15 ANS D’ORTOPHONIE POUR RIEN?

La présidente de l’organisme Audition Québec, Jeanne Choquette, a échappé un cri lorsqu’elle a vu cette semaine le premier ministre François Legault porter un couvre-visage à sa conférence de presse quotidienne.

Mme Choquette, réalisatrice de télévision à la retraite, vit à Gatineau. Elle a deux implants cochléaires. Bien sûr, elle comprend, comme toutes les personnes sourdes à qui nous avons parlé, le motif sanitaire derrière le port du masque.

Mais elle appréhende de grands impacts pour des milliers de personnes sourdes si le port du masque se généralise au Québec pour plusieurs mois. «Les gens ne réalisent pas ça, mais je ne parle pas la langue des signes, moi : je lis sur les lèvres», résume-t-elle. 

Audition Québec a rapidement développé une campagne de communication (voir le logo) pour inciter les personnes malentendantes à montrer et à dire qu’elles ne peuvent comprendre les gens qui leur parlent derrière un masque. «Nous, les malentendants, il ne faut pas être gêné de le dire, insiste Mme Choquette. Et il faut que les gens sachent que sur le téléphone, on peut avoir une application de transcription qui fera que la personne sourde pourra lire ce que vous dites.»

Inutile de hausser le ton

L’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec est à développer un guide pour expliquer aux employeurs et aux commerçants l’impact du masque pour les personnes sourdes et pour donner des façons de mieux communiquer.

Camille Bilcot, sourd depuis la naissance ou presque, constate avec angoisse que les 15 ans d’orthophonie consacrés à apprendre la lecture labiale ne lui servent plus à rien ces jours-ci, face à des gens portant le masque. 

«Si quelqu’un a un masque, je ne le comprends pas du tout, explique le Français de 25 ans, émigré à Montréal en janvier 2019. J’entends des sons, mais ça ne fait aucun sens.»

À la pharmacie, s’il dit au commis masqué qu’il ne le comprend pas, l’employé aura le réflexe de parler plus fort derrière son couvre-visage. «Mais ça ne change rien», précise Camille, avec un sourire.

Le jeune homme, étudiant à la maîtrise en études internationales à l’Université de Montréal, craint de passer de longs mois à mal comprendre les gens, avec tous les risques que cela comporte, et de vivre un grand sentiment d’isolement.

Camille espère voir davantage de barrières de plexiglas être utilisées à la place des masques. «Moi, j’ai fait tous les efforts pour m’intégrer, souligne-t-il. J’aimerais bien que la société fasse aussi des efforts pour moi et pour toutes les personnes sourdes.» 

Source : https://www.lesoleil.com/actualite/covid-19/le-port-du-masque-comme-rendre-les-sourds-aveugles-2fab558cfe1e8467cd2aa3f13ef184e8

10. Resituer la responsabilité des personnes en situation de handicap au Premier ministre du Québec

Texte publié le 17 mai 2020 par Patrick Fougeyrollas, Conseiller scientifique et aux relations publiques chez Réseau international sur le Processus de production du Handicap

Le capacitisme ambiant des décisions de la santé publique, n’est pas excusable mais n’étonne pas outre mesure au sein du Mouvement de vie autonome québécois ou international. Par contre le silence assourdissant des instances responsables administratives sur les conséquences graves de mise en parenthèses prolongée des plans de services individualisés obligatoires pour tous ces jeunes, adultes et ainés en situation de handicap est incompréhensible. À l’interne comme à domicile les personnes en situation de handicap et leurs proches significatifs sont ignorés, infantilisés et discriminés. La confiance collective de la population en situation de handicap et de leurs proches est sérieusement atteinte et le temps des recours collectifs viendra. Comment expliquer que plus de 35 ans d’efforts nationaux pour adopter et mettre en oeuvre des politiques et programmes inclusifs de prévention, d’adaptation-réadaptation et de soutien à la participation sociale des personnes ayant des capacités différentes puissent être tassés de la main? Des États-Généraux, avec toutes les actrices et acteurs concernées, devront se pencher sur les faits chronologiques de cette pandémie, leurs causes et conséquences, et trouver des solutions pour que les mécanismes de vigilance sociétale que nous pensions avoir mis en place pour garantir l’exercice des droits humains des personnes ayant des incapacités significatives et persistantes ne puissent disparaitre dans un sous-portefeuille de la santé-services sociaux et soit directement branché au Conseil exécutif et avec le Premier ministre.

P. Fougeyrollas 17 mai 2020

[email protected]

www.ripph.qc.ca

Source : https://www.linkedin.com/pulse/resituer-la-responsabilit%25C3%25A9-des-personnes-en-situation-fougeyrollas?fbclid=IwAR2OivnuYHKM9lGQLudh-xnpYVcmWzaXINgmYvf6X6r2bNwhqBctSwa9hoA

11. Longueuil va réexaminer en détail la sécurité à une importante intersection

Article de Henri-Paul Raymond diffusé par le 1033 le 15 mai 2020

La Ville de Longueuil va examiner en détail ce qui doit être fait pour rendre plus sécuritaire l’intersection des boulevards Taschereau et Curé-Poirier ouest et de la rue St-Thomas.

La Ville doit justement planifier des travaux de réaménagement dans ce secteur.

C’est à la suite de l’accident mortel survenu le 19 mars dernier à cet endroit que la conseillère Ethier a préparé sa proposition.

Il faut comprendre que le comité exécutif s’est dit en accord d’apporter des mesures correctrices temporaires à l’intersection pour la rendre plus sécuritaire.

La pose de 16 panneaux de prescription pour annoncer la présence d’un passage pour piétons ont été installés, des lignes pour indiquer un passage piétonnier sont peintes sur les lignes de corridors et sur les bandes de passage et le marquage d’arrêt ont ajoutés au début d’avril.

Enfin, au printemps 2021 des travaux majeurs de réfection seront réalisés avec entre-autres un feu sonore, feu de piétons et boutons poussoirs seront aussi installés.

Source : http://www.fm1033.ca/longueuil-va-reexaminer-en-detail-la-securite-a-une-importante-intersection/

12. Des logements pour les personnes affectées par une maladie dégénérative

Texte de Richard Saulnier, Président Logis des aulniers publié le 11 mai 2020 dans les pages débats de La Presse.

Si vous résidiez dans la municipalité de Saint-Lambert (Montérégie), vous m’y croiseriez sur la rue Victoria, au marché d’alimentation ou à la pharmacie du coin, tous les jours. Je suis atteint de la sclérose en plaques, de la forme qui ne peut être soulagée par des médicaments. Donc, fauteuil roulant à la maison et quadriporteur pour les besoins courants (nourriture, soins personnels, institution financière, etc.).

Cette maladie est plus répandue dans sa forme cyclique (85 %) qui évolue en épisodes de poussées suivies de périodes de rémission. Mais de nombreux obstacles concourent à freiner la qualité de vie, notamment l’habitat, le transport et la capacité de maintenir un revenu adéquat. De la canne au déambulateur, du fauteuil roulant aux aides mécaniques, il y a risque que ces personnes ne puissent plus rester dans leur domicile et leur communauté et soient dirigées vers des ressources d’hébergement comme un CHSLD à 20, 30, 40 ou 50 ans !

Le 23 mars dernier, la télévision de Radio-Canada nous en a exposée des exemples forçant notre plus totale indignation, notamment les cas de Wadi Salem, 41 ans, Jonathan Marchand, 43 ans, et François Marcotte, 47 ans.

Au volant de mon quadriporteur rouge, j’ai tout de même le sourire accroché au visage, parce que je préside le conseil d’administration d’un OBNL (Logis des aulniers) dont l’objectif est justement de faciliter l’accès à un logement à ceux et celles qui sont affectés par cette maladie dégénérative ainsi qu’à leurs proches aidants. Car nous considérons que la ressource principale contre la maladie, c’est l’entraide.

Un projet solide

Nous souhaitons acquérir un terrain pour y bâtir un immeuble où nous pourrons compter quelque 42 logements avec le soutien des programmes établis par les gouvernements québécois (AccèsLogis), canadien (Co-investissement), l’agglomération de Longueuil et la Ville de Saint-Lambert ainsi qu’une hypothèque qui est heureusement garantie sur 35 ans par Québec.

Permettre de vivre dans le centre-ville d’une municipalité représente un atout essentiel à la qualité de vie en raison de l’importance, pour ces personnes, de l’accès à une diversité de services de proximité. Les services de soins à domicile peuvent y être dispensés sans obliger les préposés du CISSS local à s’éparpiller aux quatre vents, une économie pour l’État.

Ainsi, notre OBNL caresse ce projet, solide sur le plan financier, qui fournit des garanties de réalisation non reliées aux aléas du marché privé dans une municipalité où les valeurs marchandes immobilières sont inaccessibles pour nous.

Le problème, c’est que la réalisation de logements communautaires pour ces personnes est frappée, elle aussi, par la pandémie actuelle. Nous espérons donc que la construction de tels « équipements collectifs » sera à nouveau relancée dès l’automne prochain pour qu’on n’oublie pas les moins bien nantis, bien sûr, mais pour que le financement de logements comme ceux de Logis des aulniers fasse partie d’un plan de relance de l’économie.

Source :

https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202005/10/01-5273008-des-logements-pour-les-personnes-affectees-par-une-maladie-degenerative.php?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter