L’impact du théâtre accessible : l’expérience de Danielle Fouquereau

20 février 2023
Scène de la pièce Les Waitress sont tristes de Joe Jack et John incluant 5 actrices.

Danielle Fouquereau est membre du RAAMM depuis plus de 6 ans et fait partie du comité de la programmation d’activités. Elle nous parle de ce qu’elle a vécu en assistant à une pièce en théâtrodescription.

« Par le biais du RAAMM, j’ai reçu l’invitation de Pénélope Bourque, de la compagnie Joe Jack et John, à voir Les Waitress sont tristes. On sentait une grande ouverture dans son message, c’était chaleureux et bien expliqué. Elle avait même mentionné “si on peut faire quelque chose de plus pour vous accommoder, veuillez nous en aviser”. Ça m’a fait sentir que nous étions importants et qu’on voulait notre présence. Il faut savoir que j’aime le théâtre depuis longtemps. Mais comme ma vue a diminué au cours des dernières années, ça faisait longtemps que je n’y étais pas retournée. L’occasion était belle et j’étais contente, ça me semblait différent, surtout avec l’audiodescription.

La visite tactile

Avant le début de la pièce, j’ai participé à la visite tactile. Pénélope est venue nous parler et nous souhaiter la bienvenue. Une autre personne nous a décrit la scène, mais aussi la disposition de la salle. C’est important d’avoir une idée de l’environnement dans lequel on se trouve. Nous avons pu monter sur la scène, et toucher au décor et à différents accessoires. Il y avait un rideau fait de lanières de cuir qui créait un effet de profondeur, et ça servait d’écran sur lequel était projeté l’éclairage. Cette installation contribuait à créer différentes ambiances. On nous a fait une description des habits et nous avons pu toucher à des éléments des costumes. Nous avons ensuite pu poser nos questions. La visite tactile m’a permis de rencontrer des gens et d’apprendre sur leur métier, mais aussi de discuter de tout ce qui entoure la pièce. J’ai adoré ça ! C’est constructif, et ça nous amène ailleurs.

L’audiodescription

On m’a fourni un téléphone et un adaptateur pour mes écouteurs. J’écoutais l’audiodescription d’une oreille seulement, donc ça ne nuisait pas du tout à l’écoute de la musique et des dialogues. L’audiodescription était très bien faite et ajoutait réellement à l’expérience. Vraiment, c’était surprenant. Le personnel a bien travaillé. C’était une pièce très imaginative. Des fois, il ne faut pas chercher à tout comprendre, et plutôt se laisser emporter. La trame musicale était superbe. Et même si le sujet n’était pas facile, quand je repense à cette pièce-là, je repense à la douceur et au courage des comédiens ; leurs personnalités transcendaient le texte. Ça faisait du bien à l’âme. Même aujourd’hui, quand j’y repense, ça m’habite.

Une vraie inclusion

Depuis, j’ai assisté à une autre pièce en théâtrodescription au Théâtre du Rideau Vert. Autant au Rideau Vert qu’à Joe Jack et John, je me suis sentie incluse, car nous sommes avec les gens, et non à part. C’est ça l’intégration : c’est accessible, mais nous sommes intégrés dans le public. Ça montre que c’est possible et que ce n’est pas si dérangeant que ça. Nous ne sommes pas des extraterrestres ; nous avons juste besoin d’un peu d’aide. Ces expériences de théâtrodescription m’ont donné le goût d’y retourner.

J’ai envie de vous dire : allez l’essayer ! Allez vivre ça. Soyez curieux et laissez-vous aller là-dedans. Ce sont des offres appréciables que ces compagnies de théâtre nous font. Et même s’il arrive qu’une fois, on n’ait pas aimé la pièce, il ne faut pas s’arrêter à ça… C’est comme le cinéma, on y retourne à plusieurs reprises même s’il y a déjà eu un film qu’on n’a pas aimé. Je vous encourage à vous faire un cadeau et à vivre cette expérience. »

Crédit photo : Vivien Gaumand