Écho du RAAMM pour la période du 15 au 20 octobre
Voici le contenu de l’Écho du RAAMM pour la période du 15 au 20 octobre 2019.
Prenez connaissance des dernières actualités du RAAMM, des communiqués de nos partenaires et d’articles portant sur la déficience visuelle publiés dans les médias.
Sommaire
- 1. Rappel sur le fonctionnement du SAB
- 2. Rappel : Brunch-conférence « Introduction à l’histoire de l’art occidental »
- 3. Appel à participer à un projet de recherche du RAAMM : Bilan des conditions d’habitation des personnes aveugles et malvoyantes
- 4. HumanWare: un inventeur au royaume des aveugles
- 5. USA : la Cour suprême permet aux personnes aveugles de poursuivre les détaillants en justice si leurs sites Web ne sont pas accessibles aux personnes malvoyantes
- 6. L’aveugle de Compostelle, c’t’un gars de Chambly
- 7. Une détermination à faire pâlir une oie
- 8. Témoignage-Dans la peau de Dominique, devenue non-voyante
- 9. “A 20 ans, j’ai appris que je serai aveugle à 50”, atteint d’une rétinite pigmentaire Gérard Muller raconte sa nouvelle vie d’aveugle
- 10. Kenza, aveugle depuis 10 ans, mère de famille et contrôleuse de gestion
- 11. Le Uno sort en braille pour les non-voyants
- 12. « Voir » les œuvres d’art du bout des doigts
- 13. Longueuil: la STM profitera du chantier de Devimco pour rendre le métro plus accessible
- 14. Nouvel abribus à grande capacité sur Marie-Victorin à Longueuil
- 15. Soutien aux organismes communautaires – Une première aide de près de 400 000 $ pour quatre organismes de défense des droits de la région de Montréal
1. Rappel sur le fonctionnement du SAB
Afin d’optimiser le traitement de vos demandes d’accompagnement, le RAAMM souhaite vous rappeler certaines règles de fonctionnement du Service d’aide bénévole.
Formuler une demande
- Le service d’aide bénévole est ouvert du mercredi au vendredi de 8h à 12h et de 13h à 16h. Les demandes de service doivent être formulées auprès du SAB dans un délai minimum de 5 jours ouvrables avant l’accompagnement souhaité. Une demande reçue dans un délai trop court sera refusée.
- Avant de nous contacter pour formuler une demande d’accompagnement, assurez-vous d’avoir toutes les informations nécessaires au traitement de votre demande tel que l’heure, l’adresse ainsi que la durée approximative du rendez-vous;
- La responsable du SAB retourne les messages, il n’est pas nécessaire de rappeler pour vérifier si nous avons pris connaissance de votre demande. Une multiplication des messages et appels occasionne des retards dans la gestion des jumelages.
Annulation
- En cas d’annulation, il est important de nous en informer le plus rapidement possible au 514-277-4401, poste 115.
- Les lundis et mardis, les messages de la boîte vocale sont relevés par une membre du personnel, mais uniquement pour traiter les annulations et aviser le bénévole concerné. Seule la responsable du service d’aide bénévole traite les demandes d’accompagnement.
Remboursement
- Il est important d’offrir au bénévole de rembourser ses frais de déplacement; c’est la décision du bénévole d’accepter ou de refuser le remboursement. Prévoyez l’argent nécessaire.
Nous vous invitons à consulter les règlements du Service d’aide bénévole et le guide d’information destiné aux membres que vous trouverez à la rubrique 14 du Publiphone ou sur notre site internet : https://raamm.org/service-daide-benevole/services-offerts-aux-membres/.
Pour plus d’information ou pour recevoir les documents, n’hésitez pas à nous contacter au 514-277-4401, poste 115.
2. Rappel : Brunch-conférence « Introduction à l’histoire de l’art occidental »
De la préhistoire à la période contemporaine et l’art actuel, venez vous initier aux différents courants artistiques qui se sont manifestés dans les sociétés de l’Occident jusqu’à nos jours. Découvrez ce que signifie l’art dans l’Antiquité, l’art byzantin, la Renaissance, le Classicisme, l’Impressionnisme, les courants majeurs du XXe siècle et l’art contemporain.
Cette conférence s’adresse aux personnes qui souhaitent s’initier à l’Histoire de l’art afin de connaître les grandes époques qui ont marqué l’évolution de l’art. Aucun prérequis.
Date : mardi 5 novembre 2019, de 10 h à 12 h
Animateur : Vincent Arseneau, historien de l’art
Coût : 9 $
Date limite d’inscription : vendredi 1er novembre 2019
La participation de 15 personnes minimum est requise pour la tenue de cette activité.
Pour vous inscrire, contactez Josée Boyer au 514-277-4401, poste 116, ou par courriel [email protected]
3. Appel à participer à un projet de recherche du RAAMM : Bilan des conditions d’habitation des personnes aveugles et malvoyantes
Montréal, le 9 octobre 2019 – Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) vous invite à participer à un important projet de recherche visant à dresser un bilan des conditions d’habitation des personnes aveugles et malvoyantes résidant sur l’île de Montréal.
Financé par la Direction régionale de la santé publique du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal dans le cadre de la mesure « Environnement favorable à la santé », ce projet vise à remédier au manque actuel de données relatives aux conditions d’habitations des personnes handicapées visuelles.
Ce bilan vous permettra de mieux connaître votre situation et de réagir au besoin. Toutes les données recueillies seront traitées de façon anonyme et serviront strictement à dresser le bilan des conditions d’habitation des personnes aveugles et malvoyantes résidant sur le territoire de l’île de Montréal.
La collecte des données se décline en deux volets : un questionnaire suivi d’une visite d’inspection du lieu d’habitation. Durée approximative : une heure trente. Les visites d’inspection seront effectuées par Anna Gluhenicaia chargée du projet au nom du RAAMM, et porteront notamment sur différents aspects pouvant avoir une incidence sur la santé, par exemple la présence de moisissure. L’observation des espaces communs du bâtiment permettra également de faire un diagnostic en matière d’accessibilité universelle.
Cette démarche se veut respectueuse de votre intimité et ne vise pas à juger de l’entretien que vous faites personnellement de votre espace de vie.
Toutes les personnes aveugles ou malvoyantes résidant sur le territoire de l’île de Montréal, qu’elles soient locataires ou propriétaires, peuvent prendre part à ce projet.
Pour avoir un portrait qui reflète bien la situation, nous avons besoin d’effectuer le plus de visites possible. C’est pourquoi, si vous êtes intéressés ou pour plus d’information, communiquez sans tarder avec Anna Gluhenicaia au 514-277-4401, poste 227 ou par courriel à [email protected]
Nous vous rappelons que les données recueillies seront traitées de façon anonyme.
Sont partenaires du RAAMM dans ce projet : le CIUSSS de l’Est-de-l’Ile-de-Montréal et la Fondation des Aveugles du Québec.
Merci pour votre collaboration,
Anna Gluhenicaia
Chargée du projet au nom du RAAMM
514-277-4401, poste 227
À propos du RAAMM : Fondé en 1981, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) a pour mission de promouvoir les intérêts, encourager l’inclusion sociale et défendre les droits collectifs et individuels des personnes ayant une limitation visuelle du Montréal métropolitain (soit le territoire couvert par la Ville de Laval, les agglomérations de Montréal et la Montérégie) dans le but de favoriser leur pleine et entière autonomie et participation sociale.
4. HumanWare: un inventeur au royaume des aveugles
Article de Karim Benessaieh publié le 10 octobre 2019 dans La Presse
L’innovation
Concevoir, fabriquer et distribuer une cinquantaine d’appareils venant en aide aux personnes aveugles ou ayant une déficience visuelle. On doit notamment à HumanWare une tablette et des claviers en braille, des lecteurs de livres numériques et des agrandisseurs électroniques.
Qui ?
En 1988, un jeune ingénieur de la firme montréalaise DTI Télécom, Gilles Pépin, hérite d’un mandat pour l’Institut Nazareth et Louis Braille, un centre de réadaptation en déficience visuelle. « C’était les balbutiements du développement technologique pour les personnes aveugles, se rappelle-t-il. Cette opportunité s’est présentée, j’ai trouvé ça trippant. » Constatant l’immensité des besoins dans ce domaine et le peu d’offre, M. Pépin fonde cette année-là l’entreprise qui deviendra HumanWare. Un partenaire, Yves Boisjoli, a sauté dans le train en 1994. En 2014, HumanWare conclut un partenariat stratégique avec la firme française Essilor. M. Pépin est toujours président et chef de la direction d’Humanware, qui compte 175 employés répartis entre son centre de recherche de Longueuil, son siège social à Drummondville et des bureaux en Floride, en Grande-Bretagne et en Australie. Fait à noter, 15 % des employés ont une déficience visuelle.
Les produits
Au fil des ans, HumanWare a développé une cinquantaine de produits maison, dont la plupart utilisent le braille ou la synthèse vocale, pour permettre aux personnes aveugles de surmonter deux défis : l’accès à l’information et l’orientation. Le Victor Reader Trek, par exemple, est l’exemple parfait de ces deux missions : il permet d’écouter des livres numériques tout en intégrant un GPS qui donne des indications routières. L’autre grande vedette, c’est le BrailleNote Touch, une tablette Android qui traduit en braille, sur une bande embossable, ce qui défile à l’écran. Pour ceux qui souffrent d’une déficience visuelle, la PME a conçu plusieurs modèles de loupes électroniques et d’écrans agrandisseurs.
«Le braille, c’est l’équivalent de la littératie pour les gens. Les personnes aveugles qui ne connaissent pas le braille ont un taux de chômage de 70 %. Ceux qui le connaissent, c’est de l’ordre de 15 %. » – Gilles Pépin, PDG de HumanWare
Les défis
On estime que 2,8 % de la population adulte canadienne, soit 756 000 personnes, souffrent d’une incapacité visuelle limitant leurs activités quotidiennes. Il s’agit de toute évidence d’un marché de niche peu fréquenté, ce qui explique qu’HumanWare ait pu s’imposer depuis plus de trois décennies. Le revers de la médaille, c’est que les produits conçus par la firme de Drummondville sont bien plus coûteux que ceux qui s’adressent à l’immense majorité des consommateurs. Le BrailleNote Touch 32 Plus, un des plus récents modèles de tablette Android, se vend par exemple 7095 $. Or, HumanWare ne peut tout simplement pas suivre le rythme des développements technologiques imposés par les fabricants d’appareils mobiles et les concepteurs de logiciels.
«Nos produits prennent beaucoup de temps à développer, et devant les nouvelles versions de système Android, ils deviennent vite dépassés d’un point de vue électronique.»-Gilles Pépin, PDG de HumanWare
L’avenir
En deux mots : intelligence artificielle. « Pour les personnes aveugles, la reconnaissance visuelle grâce à l’apprentissage profond, ça va être une révolution complète », prédit M. Pépin. HumanWare a contribué à créer une chaire de recherche avec Element AI et Google où on explore les possibilités de cette science. Un exemple : même si une personne aveugle dispose d’un GPS pour arriver à bon port, il lui est très difficile de trouver la porte d’entrée d’un immeuble. « L’identification de portes dans un milieu urbain, personne n’a jamais fait ça, dit le PDG. On a soumis 10 000 photos de portes, et c’est vraiment incroyable, la puissance de l’intelligence artificielle. »
5. USA : la Cour suprême permet aux personnes aveugles de poursuivre les détaillants en justice si leurs sites Web ne sont pas accessibles aux personnes malvoyantes
Article de Christian Olivier publié le 8 octobre 2019
Il y a trois ans, un Américain du nom de Guillermo Robles a entrepris de commander une pizza en ligne en utilisant les services de la société Domino’s Pizza. Il avait tenté de le faire via le site Internet du groupe, mais sans succès. Il faut préciser Robles est aveugle et utilise un narrateur – un logiciel de lecture d’écran qui utilise une voix artificielle pour lire à voix haute ce qui est affiché sur le moniteur – pour naviguer sur Internet. Déçu par son expérience, il a porté plainte contre Domino’s, alléguant que Domino’s violait l’ADA (Americans with Disabilities Act), la loi américaine qui protège les citoyens en situation de handicap contre les discriminations. Elle exige notamment des entreprises qu’elles déploient l’ensemble des solutions nécessaires à l’accommodation des personnes handicapées.
Pour les avocats de Domino’s, la disposition ne s’appliquait pas à ses points de vente physiques, mais pas à son site Web. Robles, de son côté, estimait que ce règlement s’appliquait aussi aux sites Web. Une cour d’appel fédérale lui avait donné raison, confirmant que le site Web de Domino’s se devait d’être accessible aux aveugles, comme n’importe quel restaurant ou magasin physique : « L’ADA exige que les lieux publics, comme ceux de Domino’s, fournissent des aides ainsi que des services auxiliaires pour mettre du matériel visuel à la disposition des personnes aveugles », a déclaré la cour d’appel en janvier.
Domino’s Pizza avait renvoyé l’affaire devant la Cour suprême des États-Unis dans un ultime effort pour faire annuler le jugement précédent en faveur de Robles. Mais, c’était peine perdue puisque ce lundi, la Cour suprême des États-Unis a donné définitivement raison à Guillermo Robles. Elle a, par la même occasion, autorisé les personnes malvoyantes à poursuivre les entreprises comme Domino’s Pizza si leurs sites Web ne leur étaient pas accessibles, une décision d’une portée considérable qui pourrait potentiellement révolutionner l’accessibilité au Web.
Si la législation à l’échelle mondiale semble en général très claire sur les critères qui permettent de définir un bâtiment qu’on peut considérer comme accessible aux non-voyants, de telles directives n’existent pas forcément pour Internet. Ce cas qui fait apparemment jurisprudence implique que toutes les entreprises américaines doivent désormais se dépêcher de modifier leurs sites Web afin d’éviter le « tsunami de procès » qu’elles redoutent. Elles craignaient également que les juges à l’échelle nationale ne considèrent la décision de la cour d’appel comme « imposant un mandat d’accessibilité au site Web à l’échelle nationale ». Joseph R. Manning Jr, un avocat de Newport Beach qui représentait Guillermo Robles, a assuré que la Cour suprême avait fait « le bon choix ». D’après lui, « il ne fait aucun doute que les aveugles et les malvoyants ont besoin de sites Web accessibles et d’applications mobiles pour fonctionner sur un pied d’égalité dans le monde moderne ».
Décision de la Cour suprême (PDF)
6. L’aveugle de Compostelle, c’t’un gars de Chambly
Article de Jean-Christophe Noël publié le 9 octobre 2019 dans Le Journal de hmably
Serge Savoie, Chamblyen et aveugle, lancera sa toute première conférence L’aveugle de Compostelle, c’t’un gars de Chambly, à la Ferme Guyon, le 9 novembre à 13 h. Au fil de celle-ci, il invite le public à le suivre tout au long de son chemin de vie, de Chambly à Compostelle et sur la voie de sa réhabilitation.
Depuis sa tendre enfance, Serge Savoie, 48 ans, souffre de troubles oculaires. En raison de cataractes congénitales, puis d’un glaucome, il perd l’usage d’un œil à l’adolescence et devient complètement aveugle à l’âge de 38 ans.
« À 37 ans, le décompte vers la cécité est arrivé. Au début, j’étais sous le choc. J’ai entrepris des démarches de réadaptation, parfois longues et pénibles. Il y a eu des jours sombres, mais je me suis attaché à l’amour de la famille, de ma conjointe, de ma fille, que j’ai eue en 2011, et de mes amis. Comme les flèches guides que l’on voit lors du fameux chemin de Compostelle, j’ai gardé un certain cap en tête en persévérant le plus positivement possible », explique Serge Savoie, responsable des programmes et services aux membres chez POSA/SDM.
Le chemin de Compostelle, il l’a réalisé en 2007, peu de temps avant de perdre entièrement la vue
« À travers un message parfois drôle, parfois émouvant, mais toujours orienté vers l’avenir, ma conférence se veut comme une forme d’allégorie du chemin de Compostelle. Dans le titre, on peut lire les trois segments principaux l’orientant. Il y a ma déficience visuelle, Compostelle, symbolisant l’aspect spirituel, et Chambly, ma ville que j’aime, qui est ma racine et que je fais découvrir avec ma vision à moi », décrit Serge Savoie.
« Je ne suis pas meilleur qu’un autre, je suis juste un gars ben ordinaire à qui il arrive des choses hors de l’ordinaire. Je n’ai jamais voulu m’apitoyer sur mon sort et j’ai la chance d’être bien entouré et de me sentir soutenu. Je souhaite par cette conférence donner un peu d’espoir à ceux qui l’ont un peu perdu. C’est mon cheminement, et si ça pouvait aider quelqu’un, j’en serais bien heureux », déclare humblement M. Savoie.
Deux invités spéciaux, dont Serge Savoie préfère taire le nom, seront également de la conférence. Question aux lecteurs : Quelle serait votre plus grande difficulté si vous perdiez l’usage de vos yeux?
Source :
https://www.journaldechambly.com/laveugle-de-compostelle-ctun-gars-de-chambly/
7. Une détermination à faire pâlir une oie
Article de Daniel Campeau publié le 9 octobre 2019 publié sur estrieplus.com
Le couple Sauvé-Bonin fait partie du documentaire À la canne blanche du réalisateur Robert Cornellier diffusé sur AMI-télé.
Le documentaire À La canne blanche mettant en vedette les heureux propriétaires d’une ferme canardière de l’Estrie, présente le touchant portrait d’un couple de personnes aveugles entrepreneures, qui a décidé de prouver aux sceptiques que leur cécité n’est pas un obstacle à la réussite.
Le couple Sauvé-Bonin a déjà collaboré au documentaire Rien n’est impossible du réalisateur Robert Cornellier diffusé sur AMI-télé l’an dernier. Dans ce documentaire-ci, le couple tient la vedette où il raconte toute l’aventure autours de leur projet d’entreprise, une canardière de 7 000 pieds carrés qui accueille 600 canes pondeuses. La première présentation de Rien n’est impossible avait lieu à Magog et le charme a opéré; les gens étaient émus et très touchés de ce témoignage inspirant.
Maryse Sauvé et Daniel Bonin forment un couple peu ordinaire, les deux étant non-voyants. Daniel a perdu la vue il y a 34 ans et Maryse est presque totalement aveugle, mais malgré leur condition, absolument rien ne les arrête. Daniel Bonin explique ce qui a motivé leur décision de se lancer dans cette aventure : « Quand t’es aveugle tu n’es pas capable de te trouver un emploi, il est temps que notre société nous fasse une place… mais moi et Maryse ça ne nous tentait pas d’attendre! La vie est trop courte alors on a décidé de se lancer en affaire dans la production d’œufs de cane ». Daniel dénonce sans retenue et avec conviction la situation de non-employabilité des personnes non voyantes au Québec et affirme qu’il est temps que les non-voyants puissent intégrer plus facilement le marché du travail. « On a le droit et on veut travailler! On n’est pas différent des autres qui doivent gagner leur vie, (…) le soir quand on se couche on a le droit d’être fier de notre journée ».
Le couple de Stukley Sud avait un rêve et ils ont pris les moyens qu’il faut pour le réaliser malgré leur handicap. Maryse Sauvé explique « Nous autres on a une grande expérience en débrouillardise. Daniel et moi on voulait partir une canardière puis vendre des œufs de cannes. Quand on est débarqué dans le bureau du responsable de notre dossier, il (ne) croyait pas ça! Il avait jamais vu deux aveugles agriculteurs dans son bureau ». Daniel Bonin, en rajoute avec le sourire aux lèvres : « Personne ne nous prenait au sérieux au début, que ce soit à La Financière agricole du Québec, à notre MRC ou au MAPAQ, il fallait toujours rassurer les intervenants ».
Ayant bâti leur canardière de leurs propres moyens, ils souhaitent devenir les plus importants producteurs d’œufs de cane du Québec, et espèrent atteindre une production allant de 120 000 à 150 000 œufs par année.
Le documentaire suit donc le périple de ce duo hors norme, depuis la construction de leur canardière à Stukley Sud jusqu’à leur première vente au marché. Une année folle durant laquelle ils affrontent de nombreux défis, mais reçoivent aussi des reconnaissances inattendues, car les éleveurs non-voyants de canes pondeuses d’À la canne blanche ont remporté un prix d’envergure nationale, soit le prix du public au Défi OSEntreprendre. Une belle reconnaissance de leur détermination et leur débrouillardise face aux nombreux obstacles et au scepticisme.
Le film sera diffusé sur la chaîne AMI-télé le 19 octobre prochain.
Pour visionner la bande-annonce du documentaire À la canne blanche sur Youtube
8. Témoignage-Dans la peau de Dominique, devenue non-voyante
Article de Fatima Larbi – Propos recueillis par Sébastien Kerroux le 15 septembre 2019
Dominique a perdu la vue très rapidement. Elle est devenue non-voyante en trois ans. Une nouvelle situation à laquelle elle a dû s’adapter. Mais, elle ne lui trouve pas que des côtés négatifs.
Le noir total s’est installé dans la vie de Dominique en mai 2002, date à laquelle elle a perdu complètement la vue. Un processus qui a débuté trois ans auparavant, lorsque sa vision a commencé à diminuer.
Il lui a fallu s’habituer à cette nouvelle situation survenue tardivement dans sa vie.
Tout d’abord elle a appris à être patiente et dépendre des autres.
« Quand on est mal ou non-voyant il faut beaucoup de patience. Pour faire les courses, les soldes ou aller se balader il faut attendre qu’on vienne vous chercher. »
Mais être non-voyante ne présente pas que des côtés négatifs pour Dominique, elle trouve que cela lui a appris à percevoir le monde autrement.
«Là, vous me posez des questions et je ne vous vois pas mais cela m’est égal. Ce qui m’intéresse c’est votre voix.»
Dans une voix, elle entend toutes les nuances des émotions de de l’âme humaine : le bonheur, une cassure, une fêlure, la joie, le désir… Des informations qui lui permettent d’entrer à l’intérieur de son interlocuteur.
Même si elle ne voit plus, elle trouve cette vie plus riche car elle l’a rapprochée de la nature et d’elle-même.
«J’ai appris à connaître les autres autrement et à leur accorder de l’importance en fonction de ce qu’ils sont réellement.»
Les seuls moments où Dominique se rappelle encore qu’elle a vu un jour, c’est quand elle rêve. Ses rêves sont en couleur.
Malvoyants, aveugles quelle est la différence ?
En France, une personne est considérée comme malvoyante si son acuité visuelle à cinq mètres est inférieure ou égale à 4/10 et ne peut pas être corrigée totalement.
Une définition qui recouvre des réalités diverses allant de ceux qui ont perception floue aux personnes aveugles, touchées par une cécité absolue (aucune perception de la lumière).
En France, 1 700 000 personnes sont touchées par un trouble de la vision : 207 000 sont aveugles et 932 000 sont des malvoyants moyens (source : fédération des aveugles de France).
Près de 10 000 personnes aveugles sont scolarisées chaque année en France
Les personnes aveugles ou malvoyantes peuvent lire et écrire grâce à Louis- Braille. C’est à la fin du 19e siècle qu’il a mis au point un système d’écriture et de lecture utilisant des points saillants qui sont lus par les doigts.
Aujourd’hui, plus de 6 millions de personnes aveugles dans le monde l’utilisent. Mais en France, il y a encore très peu d’ouvrages destinés aux non-voyants. Les livres en braille ne représentent que 8% des ouvrages disponibles.
A Dijon, en Côte-d’Or, l’association Les Doigts qui Rêvent produit chaque année en moyenne plus de 2000 exemplaires en braille pour la France et l’étranger. Depuis sa création en 1994, elle a créé et adapté 282 titres, ce qui représente environ 45 000 exemplaires.
Un accès à l’emploi difficile
Pour toutes les personnes déficientes visuelles, comme pour toutes les personnes handicapées, l’accès à l’emploi est un véritable parcours du combattant. Actuellement, 50% des personnes déficientes visuelles sont au chômage.
Dominique témoigne de sa vie de non-voyante :
https://www.youtube.com/watch?v=vouMtj8TInA&list=PLIrebHJ_AS5zKvj4zQ1fuPwxB6paPEUAz&index=2
Source :
9. “A 20 ans, j’ai appris que je serai aveugle à 50”, atteint d’une rétinite pigmentaire Gérard Muller raconte sa nouvelle vie d’aveugle
Article de Judith Jung publié le 10 octobre 2019
Après une période de déni, Gérard Muller a fini par accepter sa maladie, il en a même fait une force. Sportif passionné, il a sillonné le monde pour venir en aide aux adultes et enfants aveugles en leur prouvant que, malgré le handicap, tous sont capables de grandes choses.
“Je cherchais le ballon devant moi, je regardais dans sa direction mais ne le voyais pas toujours. Ce jour-là, lors de la consultation, le ciel m’est tombé sur la tête.” Gérard Muller était alors un jeune adulte plein de vie et il ne voulait pas entendre ce que l’ophtalmologue lui disait. Les années qui s’ensuivirent ont été celles du déni, de la tristesse, de la colère aussi. Mais le handicap s’est rappelé à lui. Gérard Muller, jeune pharmacien a fini par ne plus voir ses clients de l’autre côté du comptoir.
“Tu as une rétinite pigmentaire. Tu seras aveugle à 50” lui avait dit le l’ophtalmologue et c’est ce qui est arrivé. Gérard n’a eu d’autre choix que d’accepter le handicap : lui qui a vu la lumière pendant 50 ans, n’y voyait plus rien. Aujourd’hui, âgé de 71 ans Gérard Muller a écrit son histoire dans un livre “Je vois mon bonheur”, une autobiographie nécessaire pour nous prouver que les handicapés peuvent réussir de grandes et belles choses dans leur vie.
J’ai toujours aimé le sport, surtout le vélo, c’est lui qui m’a sauvé – Gérard Muller
Après l’acceptation de son handicap, Gérard s’est très vite remis en selle. Il a troqué son vélo contre un tandem et a sillonné l’Europe en compagnie d’autres associations d’handicapés pour alerter les politiciens sur la situation des dix millions d’aveugles sur le continent. “J’ai lancé l’Euro tandem tour puis j’ai voulu aller au Brésil pour y faire la même chose“, ainsi Gérard s’est rendu plusieurs fois à Bahia pour venir en aide aux handicapés et les sensibiliser à la pratique sportive et les former au maniement de la canne blanche. Une expérience qu’il réitérera au Burkina Faso.
«À coeur vaillant, rien d’impossible ! Pourquoi ne pas m’attaquer au chemin de Saint-Jacques ?» – Gérard Muller
Quand Gérard Muller descendait de son tandem c’était pour chausser ses chaussures de marche. Sa canne blanche, munie d’un GPS spécial, à la main, il partait pour de long périple. C’est ainsi qu’il s’est élancé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, accompagné par moment par son épouse Anny. Un autre moyen de montrer qu’un aveugle peut être relativement autonome.
Des actions menées pour gagner en confiance mais aussi pour récolter des fonds et, ainsi, faire avancer la recherche. Gérard Muller a participé à la création de l’Institut de la vision, l’un des plus importants centres de recherche intégrée sur les maladies de la vision en Europe.
10. Kenza, aveugle depuis 10 ans, mère de famille et contrôleuse de gestion
Article d’Andy Millet publié le 9 octobre 2019
« Devenir aveugle m’a donné une force intérieure. » Kenza, 40 ans, a décidé de faire de sa cécité un atout au quotidien. Nous l’avons suivie toute une journée. Étonnant !
Kenza fait dorer des pastillas au four, verse une boîte de cœurs d’artichauts dans un bol. A l’observer bouger dans l’appartement qu’elle occupe avec son mari, Jérôme, et ses deux enfants, Neil et Camélia, la voir ouvrir, fermer ses placards, prendre ses couverts et cuisiner, on a du mal à croire que Kenza Balandraud, 40 ans, est aveugle « à 100 % ».
Alors que l’Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev) organise à Paris plusieurs événements pour sensibiliser aux troubles de la vue les 10 et 11 octobre, nous avons rencontré cette maman étonnante, qui a définitivement cessé de voir à 30 ans. « Je vois une lumière blanche en continu avec plein d’étoiles et je ne peux même pas discerner les ombres », explique-t-elle.
« Vers mes 16 ans, je commençais à moins voir le soir. Quand j’ai commencé mes études de finance, c’était pire. Je me butais contre les meubles le matin et le soir. Ma vision baissait avec la lumière. À 20 ans, un médecin m’a diagnostiqué une rétinite pigmentaire. C’est une maladie génétique. J’ai perdu 10 % de ma vue par an. Je suis devenue aveugle à 30 ans. »
« Je n’ai vu mon fils que deux ou trois jours »
C’est à cet âge que Kenza a eu son premier fils. « Je l’ai vu deux ou trois jours, mais avec beaucoup de difficulté. Ça m’a attristée, j’ai mis du temps à l’accepter. » Pourtant, prendre les choses du bon côté, avec enthousiasme, c’est sa philosophie de la vie. « J’ai beaucoup d’humour, confie-t-elle. Ça m’aide. Et puis la vue n’est pas vitale. J’ai mes deux mains. Mes deux pieds. Je ne souffre pas. »
Tous les matins, cette petite brune énergique se lève pour aller travailler chez Bouygues Telecom. « Quand j’ai fini mes études, je cherchais du travail mais ne disais pas que j’étais malvoyante. Je voulais prouver mes compétences. Quand j’ai perdu totalement la vue, j’ai changé de perception puis j’ai postulé en tant que travailleur en situation de handicap », raconte la Parisienne.
« Une voix me dit tout ce que j’écris »
Il y a 10 ans, son employeur lui donne l’opportunité de travailler comme contrôleur de gestion. « Le logiciel de calcul que j’utilise est adapté en synthèse vocale. C’est-à-dire que j’entends tout ce que je tape à l’ordinateur. Je porte des écouteurs et une voix me dit tout ce que j’écris. C’est génial ! Avec l’habitude, je connais les emplacements de toutes les touches, et j’utilise les raccourcis clavier que j’ai appris par cœur. »
Mais en ce moment, Kenza n’est pas en train de taper des formules savantes sur son ordinateur. « Je me suis bloqué le dos », regrette la Parisienne, en arrêt jusqu’à début novembre. « Mais quand je travaille, c’est mon patron qui prend en charge mes trajets », via PAM 75 (Paris accompagnement mobilité), qui travaille en collaboration avec des taxis et met à disposition des chauffeurs pour les personnes en situation de handicap. « Grâce à ce système, je pars le matin et rentre le soir à des horaires fixes, tous les jours de la semaine. C’est très pratique pour moi. J’évite les transports en commun. »
Assise devant son bar, Kenza savoure ses trois pastillas. « Je mets tout sur un plateau avec des bords pour être sûre de ne pas renverser quelque chose par terre, indique-t-elle. Il y a deux jours, Jérôme a laissé traîner un verre sur la table. Je l’ai fait tomber avec mon bras. C’est pourquoi je mets toujours tout sur des plateaux. Mes enfants s’y sont faits. Ils font pareil que moi. » Objectif : faciliter un peu la tâche à Kenza. « Dans un mois, on change la table du bar. J’en veux une avec des angles arrondis pour ne pas me cogner. »
Depuis un an, avec son mari, ils se sont mis d’accord sur le fait que ce n’était pas à Kenza de s’adapter à son environnement. Au moins chez elle. « C’est déjà le cas à l’extérieur et cela me demande une concentration extrême. C’est très fatigant. Donc il fallait mettre en place quelque chose pour m’aider au quotidien dans mon appartement», livre Kenza.
« C’est vrai que mon mari m’a rendue beaucoup plus autonome. Il y a quinze ans, quand nous nous sommes rencontrés, je lui ai tout de suite dit que j’avais une rétinite pigmentaire. Que j’allais devenir non-voyante, raconte Kenza. C’est devenu une réalité après cinq ans de relation avec lui. Pour Jérôme, ça n’a jamais été un problème. Non pas parce que c’était tabou, mais il pensait que je pouvais être indépendante. Il m’a aidée à le devenir. »
« Toucher tout ce que je cuisine »
Ainsi, dans leur cuisine, la mère de famille a opté pour un système de stickers en relief, de formes différentes afin de les différencier, qu’elle appelle des « billes ». Ces dernières sont placées sur des objets, dont elle se sert tous les jours, comme ses micro-ondes, ses plaques à cuisson ou son four. « Pour faire cuire les pastillas, par exemple, je dois le préchauffer à 150 degrés. Je sais que j’ai placé un sticker à ce niveau, devant le trait qui indique 150, et que celui-ci se situe juste au milieu », explique Kenza. « C’est du détail, mais j’ai besoin de ces petites aides », indique-t-elle.
Quand elle utilise son four, Kenza enfile aussi toujours ses gants. « Ils sont faits pour le barbecue mais se révèlent très utiles dans mon cas : ils m’évitent de me brûler. Pour autant, je dois toujours toucher tout ce que je cuisine, même si c’est très chaud. C’est incroyable, je ne peux pas m’en empêcher ! C’est quelque chose que j’ai développé depuis que je suis aveugle. J’ai besoin de tout sentir avec mes doigts.»
Kenza ne fait pas seulement la cuisine. C’est aussi elle qui fait les courses et elle y va seule la plupart du temps. « Une personne du magasin m’aide à chaque fois. Je prends souvent les mêmes choses. En fait, je sens chaque produit dans mes mains. Du coup, je sais ce que j’achète. Je mémorise la forme et la matière des boîtes. Par exemple, je prends toujours des haricots verts en trois portions individuelles, donc, quand je les range dans mon placard, je sais ce que c’est et, automatiquement, le jour où je veux les faire réchauffer, je saurai où ils sont. C’est pour ça que je n’aime pas que mon mari ou que mes enfants rangent les affaires ou les dérangent. En 10 ans, j’ai pris des habitudes », rigole-t-elle.
Kenza a aussi pris ses marques dans son quartier, quand elle sort de son chez-soi. « J’apprends mes trajets à pied par cœur. Les premières fois, je suis accompagnée par une personne spécialisée dans les déplacements. Elle me donne des repères précis dans la rue pour avancer. Je peux ensuite y aller seule, mais je ne vais jamais là où je ne connais pas. C’est trop dangereux. »
Il est 16 heures. Kenza s’apprête justement à emprunter un trajet qu’elle connaît bien : le chemin de l’école. Et puisqu’elle est en arrêt de travail, elle en profite pour aller chercher son fils, Neil. « J’ai accompagné mes enfants pour la dernière fois à la rentrée. Ça commence à dater. Le trajet risque d’être compliqué », prévient-elle.
Avant de descendre de son immeuble, Kenza prend avec elle sa canne. Indispensable. Mais pas n’importe laquelle. Une canne très high-tech… Auparavant adepte d’une canne blanche, Kenza se sert depuis plus d’un an d’une canne fabriquée à Angers (Maine-et-Loire), à laquelle a été ajouté un dispositif électronique. Équipée d’un rayon infrarouge, l’objet détecte les obstacles à 2 m, 10 m ou plus. Il se met à vibrer pour signaler la présence d’objets ou de personnes devant elle : « Je peux le régler comme je veux. Mais en ville, il y a beaucoup de dangers alors je le mets sur 2 m ».
L’avantage : balayer beaucoup moins sa canne. « Mais c’est très éprouvant. Je dois constamment être attentive à tout ce qui se passe autour de moi, aux vibrations que je ressens de la canne dans ma main, aux bruits des voitures. Je dois tout écouter. Je ne décroche jamais mon téléphone si on m’appelle », indique-t-elle.
« Vous êtes aveugle ou quoi ? »
À peine est-elle descendue dans sa rue que Kenza est déstabilisée. La faute à un jeune homme qui ne s’est visiblement pas écarté… « C’était à lui de m’éviter, proteste-t-elle. Les gens ne voient pas forcément que j’ai une canne. Un jour, on m’a demandé : Vous êtes aveugle ou quoi ? ! Je l’ai pris avec le sourire », évoque Kenza.
C’est le moment de traverser la route. « Il y a très peu de passages piétons audio à ce jour, regrette-t-elle. Pour traverser, j’écoute les voitures. Mon ouïe travaille beaucoup. Elle est décuplée. J’accepte toujours l’aide des passants, même quand je connais le chemin. Je préfère être aidée. En revanche, il faut que la personne se présente. Un simple bonjour ! suffit. On m’a déjà pris le bras plusieurs fois sans m’adresser la parole. C’est dérangeant », exprime Kenza, qui traverse la route sans grande difficulté.
À droite, elle reconnaît un supermarché. Plus loin, une boulangerie. « Je me repère au son et à l’odeur », explique-t-elle. D’un coup, Kenza s’arrête en plein milieu du trottoir. Elle paraît déstabilisée, puis s’avance. « J’ai cru que j’étais face à un passage clouté car j’ai senti une petite pente. Mais c’était une entrée de garage… Ça m’a interpellée », raconte la maman.
« J’ai une maman comme les autres »
Ça y est, Kenza est arrivée devant la porte de l’école. Neil attrape la main de sa mère. Le retour se fait plus rapide que l’aller. Son fils, très vif, la guide. « Je connais les raccourcis », dévoile Neil, astucieux. Quand il parle de sa mère, le gamin de 9 ans l’assure : « Ma maman, c’est une maman comme les autres ». Pourtant, un jour, alors que Kenza déambulait avec Neil et Camélia, dans la rue, « quelqu’un m’a dit que j’étais inconsciente d’avoir des enfants, parce que j’étais aveugle… »
En réalité, depuis qu’elle est non-voyante, Kenza n’a jamais été si active. « Grâce à ma maladie, je fais des choses que je n’aurai jamais expérimentées auparavant parce que je les aurai trouvées banales », avoue Kenza. Depuis, elle s’est essayée à la salsa, à l’équitation, au Pilates, à la musculation en salle. « Je fais du tapis de course et suis déjà allée faire un footing en binôme à l’extérieur avec une amie, sourit Kenza. Dès que j’ai la possibilité, je fonce ! » Et la vie le lui rend bien. « Devenir aveugle m’a donné une vraie force intérieure », ose la maman. « J’ai appris le braille, mais ne m’en sers que très peu car je considère que je dois m’adapter au monde dans lequel on vit. Sinon je suis dépassée… Donc je me mets à jour régulièrement. »
Kenza utilise par exemple tous les jours son portable. Elle peut passer un appel, écrire un message et même envoyer des smileys. Son téléphone fonctionne en synthèse vocale, avec le système « VoiceOver». Le principe ? L’écran de son téléphone est éteint, ce qui économise sa batterie. « Je tape dessus avec mes doigts. Quand je balaie l’écran, une voix me dit où je suis. Je sais où se situe chaque application », indique Kenza.
Elle profite de cette démonstration pour répondre à son amie, Jennifer. À la fin de son texto, Kenza ajoute un émoji qu’elle dicte en deux secondes à son portable : « Visage envoyant un baiser ». Écouteurs branchés sur les oreilles, la Parisienne navigue entre ses mails, la météo et ses messages. « Je peux aussi savoir si mon interlocuteur a écrit un point d’exclamation à la fin d’une phrase. L’intonation est différente, un peu plus en l’air », précise Kenza. Cette interface audio, révolutionnaire, lui permet d’avoir de vraies conversations.
Est-ce que Kenza pourra-t-elle voir à nouveau demain? « Les médecins ont trouvé chez moi le gène responsable de la maladie. Dans le cas d’une rétinite pigmentaire, ce dernier est différent chez chaque personne », explique-t-elle. « Si c’est possible, si les recherches le permettent et que je suis éligible, j’aimerais bien revoir, oui, ne serait-ce qu’un peu. Mais pas maintenant. Je n’en ai pas besoin. Pour l’instant, je travaille. Mes journées sont bien remplies. Je n’ai pas le temps pour ça », livre Kenza. Le soir, pourtant, avant d’éteindre les lumières, ses enfants lui demandent souvent : « Maman, quand est-ce que tu vas revoir? »
11. Le Uno sort en braille pour les non-voyants
Article de Mélanie Bonvard publié le 8 octobre 2019
Le célèbre jeu de Uno fait peau neuve et devient beaucoup plus inclusive en proposant une version adaptée aux personnes non-voyantes.
Mattel continue sur sa lancée pour faire plus d’inclusivité dans son catalogue de jeux et de jouets. Alors que les poupées non-genrées sont arrivées dans les magasins de jouets, Mattel propose une nouvelle édition d’un de ses jeux de sociétés phares. Le Uno fait peau neuve et pour la bonne cause. Le jeu de société préféré des amis va devenir davantage inclusif en pouvant être lu en braille. En effet, les cartes seront munies de brailles dans une nouvelle version. Ceci permettra ainsi aux personnes non-voyantes de jouer à ce jeu culte. La règle change légèrement dans cette version puisque les participants devront dire à haute voix les cartes qu’ils posent sur le tas. Quant au participant non-voyant, il pourra toucher la carte sur le haut du paquet puisqu’elle sera également en braille. Aussi, ils pourront demander un contrôle des cartes de leurs adversaires. On imagine que cela pourra aider les participants non-voyants à crier Uno en temps voulu.
Malheureusement, il s’agit d’une édition qui n’est, pour le moment, éditée qu’aux Etats-Unis. Mais on ose espérer que cette version très utile et inclusive sera disponible en France également. Le Uno pourrait bien briser davantage d’amitiés, certes, mais un plus grand nombre de personnes pourra y jouer. Et c’est le plus important ! Ray Adler, le vice-président de Mattel, a expliqué à travers un communiqué la démarche souhaité : “Nous sommes fiers de faire entrer un UNO en version braille sur les étagères des magasins et de le rendre encore plus accessible et inclusif pour toujours plus de familles.”
12. « Voir » les œuvres d’art du bout des doigts
Article d’Irène Mosalli publié le 9 octobre 2019
Au « prière de ne pas toucher » affiché dans tous les musées répond aujourd’hui la mention « prière de toucher » sur des œuvres dédiées aux non-voyants.
ll y a presque 200 ans, Louis Braille révolutionnait la vie des aveugles et des malvoyants en leur ouvrant les portes de la lecture par la création de l’écriture tactile. Aujourd’hui, une invention similaire vise à leur rendre accessible un domaine qui ne l’était pas jusqu’à présent : celui des arts visuels.
Jusqu’à aujourd’hui, les aveugles et malvoyants n’avaient accès aux arts visuels que via des livres, en braille, au sujet des œuvres, ou par le biais d’une visite avec guide ou audioguide dans un musée. Aujourd’hui, c’est à une découverte tactile des œuvres qu’on les invite. C’est pour relever ce défi qu’un processus high tech a été mis au point qui permet de convertir une peinture, une photo ou encore un dessin en une version tridimensionnelle axée sur la texture. Le tracé initial de l’œuvre est restitué par un jeu de relief et d’épaisseur du matériau. Chacune de ces compositions, ainsi repensées, est munie d’un capteur sonore complétant le parcours des doigts, notamment en fournissant des détails sur la palette des couleurs choisies par l’artiste.
Cette innovation a été rendue possible grâce à la compagnie américaine 3DPhotoWorks.com, fondée par John Olson, 68 ans, un ancien photographe du magazine Life, lauréat du prestigieux Robert Capa Award for Superlative Photography. Il lui a fallu plus de sept ans pour perfectionner une imprimante 3D capable de reproduire, pour une large diffusion, les trésors des musées.
Changer la manière de voir
« Notre but est de tenter de changer la manière de “voir” l’art pour les 285 millions d’aveugles à travers le monde. Pour la première fois, ils auront des informations de qualité tactiles très proches du visu », explique-t-il à L’Orient-Le Jour, par mail. « La photographie m’a fait sillonner le monde et, plus tard, j’ai réalisé combien ces clichés étaient importants pour moi. Alors je me suis demandé ce que pouvait être la vie des aveugles sans l’expérience de la représentation artistique. Je ne connaissais pas de personne aveugle mais j’ai voulu qu’ils découvrent à leur tour la joie que les images m’ont procurée », ajoute-t-il.
Il entreprend alors ses travaux avec le soutien de la National Federation of the Blind. Actuellement sa collection inclut les portraits de Mona Lisa par Léonard de Vinci (admirée au musée du Louvre par 6 millions de personnes par an), du docteur Gachet par Vincent van Gogh, du roi George III par Allan Ramsay ainsi qu’une fresque intitulée Washington traversant le Delaware par Emanuel Leutze. L’innovation de John Olson est destinée à être diffusée partout dans le monde, alors qu’auparavant, le musée du Prado en Espagne avait utilisé ce procédé uniquement pour une sélection de ses propres toiles. Le Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) a également eu recours à cette technologie, toujours pour sa propre collection.
Création d’une image mentale
John Olson a été inspiré par les recherches entreprises par le neuroscientifique le Dr Paul Bach-y-Rita de l’Université du Wisconsin car l’impression tactile tridimensionnelle repose sur le concept de neuroplasticité. Selon le Dr Bach-y-Rita, « le cerveau est capable d’utiliser une information transmise par le bout des doigts, comme si elle provenait des yeux. Cela parce que l’on ne voit pas avec les yeux et que l’on n’entend pas avec les oreilles, ils sont juste des récepteurs : voir et entendre passent par le cerveau ». Dans ce contexte, pour aider à la création d’une « image mentale », un capteur sonore intégré dans le tirage de l’impression, une fois actionné, décrit le segment touché. Pour le photographe, la différence entre voir une œuvre avec les yeux et la « voir » avec les doigts, est équivalent à « la différence entre découvrir une rose par la lecture et la sentir », assure-t-il. Aujourd’hui, l’objectif de John Olson est de déplacer, partout dans le monde, son accrochage si insolite et nouveau, en particulier dans les 35 000 musées que comptent les États-Unis, ce pays où, selon les statistiques, toutes les 11 minutes, une personne est sur le point de perdre la vue.
Source : https://www.lorientlejour.com/article/1189933/-voir-les-oeuvres-dart-du-bout-des-doigts.html
13. Longueuil: la STM profitera du chantier de Devimco pour rendre le métro plus accessible
Article de Henri Ouellette Vézina publié dans le Journal Métro le 3 octobre 2019
La Société de transport de Montréal (STM) profitera du chantier de tours résidentielles de Devimco au-dessus du métro Longueuil pour rendre ses installations universellement accessibles. Point de départ de la ligne jaune, la station est aussi la plus achalandée de tout le réseau en période d’heure de pointe le matin.
«Il y a des projets immobiliers importants et on veut coordonner ça [avec nos priorités]», a expliqué le président de la STM, Philippe Schnobb, en marge du conseil d’administration de la société de transport mercredi.
«De toute façon, l’opération va créer des inconvénients, a précisé M. Schnobb à Métro jeudi. Ils vont creuser des trous autour nécessairement, donc on va en profiter, mais eux aussi. Si leur immeuble est branché directement sur le métro et que tu peux partir de chez toi sans avoir besoin de vêtements d’hiver au mois de février, la valeur des condos sera beaucoup plus importante. Tout le monde est gagnant.»
Si aucun échéancier n’est fixé par le promoteur en ce qui concerne l’excavation, la STM envisage un scénario assez rapproché pour ses travaux d’accessibilité.
«À ce stade des études, nous prévoyons un début des travaux d’ascenseurs en 2021 à la station Longueuil», a confirmé à Métro la porte-parole de la STM, Amélie Régis.
La STM poursuit le travail
Toujours sur la ligne jaune, les travaux d’ascenseurs à la station Jean-Drapeau seraient aussi «très avancés», d’après Amélie Régis. La porte-parole estime que le chantier sera terminé «d’ici quelques semaines».
La station ne sera toutefois pas accessible pour autant, puisqu’aucune autre station de cette ligne n’est pourvue d’ascenseurs.
Les stations Place-des-Arts, Jolicoeur, Angrignon et Berri-UQAM devraient aussi être dotées d’un ascenseur dans les prochains mois, voire les prochaines semaines. Celui de Berri-UQÀM s’arrêtera toutefois à la ligne verte.
La station Bonaventure est accessible aux personnes à mobilité réduite depuis quelques jours. Cette station devient ainsi la 15e, sur un total de 68, à être munie d’ascenseurs.
Le directeur général de la STM, Luc Tremblay, se dit «conscient» qu’il reste encore beaucoup à faire dans le reste du réseau de métro pour le rendre plus accessible. Mais insiste sur le fait que des améliorations importantes sont en cours.
Un projet immobilier de 500 M$
Connu pour sa conception du quartier Dix30 et son implication dans la renaissance du secteur Griffintown, le promoteur Devimco projette la construction de huit à dix tours totalisant un million de pieds carrés au-dessus du métro et du terminus de bus.
On y trouvera 525 appartements, en mode condo et locatif, un tiers de bureaux avec une place dédiée au coworking et aux startups, ainsi qu’un hôtel de 150 à 175 chambres.
Le promoteur injectera une somme de 500 M$ entre 2019 et 2026. Les travaux avaient fait l’objet, en février dernier, d’une «entente d’exclusivité» avec la Ville de Longueuil. Celle-ci a donné quatre mois à Devimco pour négocier l’acquisition de ses terrains et lui présenter un plan de développement de la place Charles-LeMoyne. Ce qui aurait été fait au courant de l’été.
Quoiqu’il en soit, le nouveau développement concorde avec la création d’un «véritable centre-ville» autour de la station de métro de Longueuil. Un parc riverain de 35 hectares, quelque 8500 unités résidentielles le long du fleuve ainsi qu’un complexe culturel sont dans les cartons.
14. Nouvel abribus à grande capacité sur Marie-Victorin à Longueuil
Communiqué du RTL publié le 2 octobre 2019
Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) informe sa clientèle des lignes 20, 25, 76, 81 et 125 qu’un nouvel abribus est maintenant installé sur le boulevard Marie-Victorin, à l’intersection de la rue Geoffrion en direction du Terminus Longueuil.
Ce nouvel abribus à plus grande capacité d’accueil, le premier de ce type sur le territoire de l’agglomération de Longueuil, remplace celui situé devant l’entreprise Pratt & Whitney sur Marie-Victorin. Les nouveaux aménagements entourant l’installation de cet abribus, qui est un des plus achalandés du réseau, offrent de meilleures conditions d’attente pour les clients.
« Le gouvernement du Québec est fier de participer financièrement à ce projet qui viendra bonifier les services de transport en commun de Longueuil. Ce nouvel abribus permettra aux usagers de bénéficier d’un service plus moderne et plus accessible, contribuant ainsi à rendre le transport collectif plus attractif », a expliqué Mme Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal.
« En effet, l’abribus profite d’un éclairage approprié et est aménagé pour accueillir les personnes à mobilité réduite. Les trottoirs sont abaissés aux intersections et disposent de dalles podotactiles pour les personnes avec une déficience visuelle. Nous remercions la Ville de Longueuil et les gouvernements du Canada et du Québec pour leur apport à ce projet. Des feux sonores avec décompte numérique aux passages piétons ont également été installés », a précisé M. Pierre Brodeur, président du conseil d’administration du RTL.
Ce projet est rendu possible grâce au financement des gouvernements du Canada et du Québec dans la mise en œuvre du Fonds pour l’infrastructure de transport en commun. Pour les clients arrivant dans l’autre direction, soit du terminus Longueuil, l’abribus sur Marie-Victorin près de l’entreprise Pratt & Whitney reste en service.
Pour connaître les horaires de passages en temps réel des lignes desservant le nouvel arrêt, consultez l’application Chrono, téléchargeable gratuitement sur Google Play ou dans l’App Store. L’application permet également de suivre vos autobus sur la carte de l’application en temps réel et de s’abonner aux alertes de vos lignes d’autobus. Visitez notre site Web pour plus de détails.
15. Soutien aux organismes communautaires – Une première aide de près de 400 000 $ pour quatre organismes de défense des droits de la région de Montréal
NOUVELLES FOURNIES PAR Cabinet du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale
MONTRÉAL, le 10 oct. 2019 /CNW Telbec/ – La ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Mme Chantal Rouleau, au nom du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la région de la Mauricie, M. Jean Boulet, est fière d’annoncer l’allocation, pour 2019‑2020, de 387 768 $ en soutien à la mission globale de quatre organisations : LogisAction Notre-Dame-de-Grâce (local), le Comité logement Saint-Laurent (local), le RAPLIQ (Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec) et Piétons Québec (national). C’est la première fois depuis leur création que ces organisations reçoivent une aide financière gouvernementale de cette nature.
Ces organismes, nouvellement reconnus, s’ajoutent aux 101 organismes communautaires de défense collective des droits déjà financés par le Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS) dans la région de Montréal.
Cette somme s’ajoute donc aux 11 271 562 $ déjà accordés annuellement par le ministre Boulet pour soutenir les organismes communautaires de la région de Montréal.
« Les services offerts par les organismes de défense collective des droits sont indispensables pour celles et ceux qui n’ont pas toujours voix au chapitre. Leur mission contribue à faire en sorte que toutes les Québécoises et tous les Québécois puissent trouver leur place au sein de notre société. Votre gouvernement a décidé d’étendre son soutien à leur endroit en aidant aujourd’hui LogisAction Notre-Dame-de-Grâce, le Comité logement Saint-Laurent, le RAPLIQ et Piétons Québec. »-Jean Boulet, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la région de la Mauricie
« Je suis heureuse d’annoncer que LogisAction Notre-Dame-de-Grâce, le Comité logement Saint-Laurent, le RAPLIQ et Piétons Québec recevront un premier soutien financier de votre gouvernement. Le travail de ces organismes en matière de logement, de défense des droits des personnes handicapées et de sécurité est essentiel dans la métropole, et il est important de le reconnaître. »- Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal
LogisAction Notre-Dame-de-Grâce a pour mission d’offrir aux locataires vulnérables de Notre-Dame-de-Grâce un service de proximité d’information, de soutien et d’autonomisation (empowerment).
Le Comité logement Saint-Laurent a pour mission de favoriser l’accessibilité à des logements de bonne qualité et à un coût abordable pour les ménages laurentiens en tenant compte de leur diversité socioculturelle.
Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec est un organisme de défense et de revendication des droits des personnes en situation de handicap.
Piétons Québec est une organisation d’intérêt public qui vise à augmenter la pratique de la marche au Québec en raison des avantages immenses, autant individuels que collectifs, de se déplacer à pied.